Très proche de Jorge Sampaoli, le milieu défensif de l’OM a digéré le départ de l’Argentin pour s’intégrer parfaitement à ce que lui demande son nouvel entraîneur, Igor Tudor. De notre envoyé spécial
VINCENT GARCIA (avec M.Go.) MARSEILLE – Mattéo Guendouzi a une réputation, sur laquelle ses proches aimeraient parfois que les médias et le grand public s’attardent moins, celle d’un joueur de caractère et de tempérament, volontiers chambreur, souvent là où ça chauffe sur la pelouse et plus particulièrement tout près des arbitres. Ce qui lui vaut d’être sifflé dans beaucoup de stades en France et en Europe. Comme on pouvait s’y attendre, en tant qu’ancien joueur d’Arsenal, c’est encore le sort que lui ont réservé les supporters de Tottenham, mercredi en Ligue des champions (0-2).
Malgré toutes les stratégies mises en place par son entourage pour essayer de changer son image, le milieu défensif se nourrit aussi parfois de l’hostilité à son égard, comme à Nice (3-0, le 28 août), quand il a mimé la climatisation et le froid après le but de Nuno Tavares. Visiblement, sa célébration sous les huées de la foule, l’a bien fait rire, puisqu’il l’a repostée sur les réseaux sociaux. On ne chasse pas le naturel aussi facilement mais, avant d’être taquin, Guendouzi (23 ans) est aussi un bon joueur de foot, régulièrement appelé par le sélectionneur Didier Deschamps depuis un an (6 sélections, 1 but), et qui a su s’adapter à son nouveau coach, Igor Tudor.
Ce n’était pas gagné au départ, vu la proximité nouée par l’international avec Jorge Sampaoli. En s’engageant définitivement à l’OM jusqu’en 2025 cet été, après son prêt d’une saison, l’ex-Gunner a fait une belle bascule financière avec un salaire annuel réévalué à environ 2,2 M€ net. Mais il a perdu son mentor, l’entraîneur argentin, duquel il était très proche. Son départ l’a beaucoup touché, au point de se demander si son avenir était encore à Marseille, et il a impacté ses relations avec Tudor, du moins au début, un technicien au caractère très différent de l’ancien entraîneur olympien.
Il a fallu quelques semaines à l’ancien Lorientais, très sentimental sur ce coup-là, pour s’en remettre, avec, en point d’orgue, son geste d’humeur à la mi-temps du match amical contre l’AC Milan (0-2, 31 juillet). Sorti par Tudor à la pause, le milieu a montré ostensiblement son agacement ce jour-là, notamment en tapant de colère dans ses sacs. Rien de bien méchant, surtout comparé à l’altercation plus virile quelques jours plus tôt entre Tudor et Gerson, mais le geste d’humeur n’a pas beaucoup plu au Croate.
“C’est un privilège de l’avoir avec nous, un vrai plus pour le groupe
Igor Tudor, son entraîneur à l’OM
Guendouzi a eu de la chance de débuter le premier match de la saison face à Reims sept jours plus tard (4-1). Il ne le doit qu’à la suspension de Pape Gueye. La semaine précédant cette première journée de L1, Pablo Longoria avait parlé à l’ensemble des joueurs lors d’une réunion. Le président de l’OM a aussi pris Guendouzi entre quat’z-yeux. L’idée était qu’il rentre dans le rang. Et on dirait que le milieu défensif, titulaire six matches sur sept cette saison, l’a bien intégrée. Tudor, qui l’a nommé vice-capitaine derrière Dimitri Payet et Valentin Rongier, ne lui a pas tenu rigueur de cette petite saute d’humeur.
Fâché sur le moment, il semblerait au contraire que son entraîneur ne soit finalement pas mécontent, avec le recul, d’avoir un tempérament comme le sien dans son groupe. « Mattéo est un gars fantastique, c’est un joueur avec du caractère et j’aime ça, a-t-il résumé hier. Il y en a de moins en moins donc ça me plaît. C’est normal pour un joueur de vouloir jouer tout le temps. En tout cas, il est en nette progression, il a une attitude positive. C’est un privilège de l’avoir avec nous, un vrai plus pour le groupe. »
Avec la grosse concurrence qui règne dans l’entrejeu cette saison, le joueur, utilisé souvent très haut, a découvert un poste presque nouveau, proche de son attaquant et de la surface adverse, même si Sampaoli l’encourageait déjà à se projeter et à tenter offensivement. Et il a développé une vraie complicité avec Jonathan Clauss à droite, sauf face aux Spurs mercredi où il était plutôt axe gauche, du côté de Nuno Tavares, une consigne visant sûrement à aider le Portugais défensivement. « Contre Nantes (2-1, le 20 août), j’avais eu beaucoup de déchet sur la dernière passe et sur le dernier geste, expliquait-il en zone mixte après la victoire à Nice. Certes ma position de base est un peu plus basse, mais je peux très bien aider l’équipe un cran plus haut. » Après avoir mis ses états d’âme de côté, Guendouzi se montre effectivement aussi indispensable, pour l’instant, que la saison dernière.
L'Equipe