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INTERVIEW; "Un coup de foudre dès le premier jour"; Prêté avec option d'achat par Arsenal, le milieu de terrain de 22 ans s'est immédiatement acclimaté à son nouvel environnement, au point d'être rapidement devenu l'un des leaders de l'OM . Il revient sur ses débuts idylliques et se projette vers la suite
Quelle image aviez-vous de Marseille avant de signer à l'OM, cet été ?
J'étais venu deux ou trois fois, notamment pour prendre le ferry et partir en vacances en Corse. J'y ai aussi passé des vacances en famille. J'avais l'image d'une très belle ville, populaire et cosmopolite, très chaleureuse avec une architecture atypique. On sent un respect entre tous les habitants. Maintenant que j'y vis, je peux confirmer tout cela. Question climat, c'est extraordinaire ! Surtout pour quelqu'un comme moi qui a connu des villes comme Lorient, Londres ou Berlin. Ma famille et moi adorons y vivre.
Quelles étaient vos idées reçues sur l'OM ?
Quand tu penses à l'Olympique de Marseille, tu penses à la Ligue des champions, au fait que c'est le plus grand club français, à tous les grands joueurs passés ici, comme Didier Deschamps, Basile Boli, Jean-Pierre Papin... Tu penses aussi à la ferveur extraordinaire du peuple marseillais, à l'amour qu'il porte à son équipe, que les gens habitent Marseille ou ailleurs. Peu importe où on joue, une grande communauté de personnes nous suit. Jouer pour l'OM, c'est un sentiment à part. Ce club est différent de tous les autres et ça se sent dans l'amour extraordinaire des supporters. Aujourd'hui, je partage cet amour.
Parfois, l'amour engendre des excès, comme l'attaque de La Commanderie il y a un an. De loin, comment l'aviez-vous vécu ? Ces événements ont-ils eu une influence au moment de votre choix de rejoindre l'OM ?
Je n'étais pas là, mais je sais que ce moment a été difficile pour les joueurs et les salariés du club. Je suis contre la violence, même si elle est présente dans le foot, on l'a vue à Nice ou à Lyon cette saison. Mais rien ne peut justifier la violence de manière générale. Ces événements douloureux n'ont pas impacté mon choix de rejoindre l'OM. Ma décision a été motivée par la présentation du projet sportif. Les supporters doivent être là dans les bons moments comme dans les moments difficiles. L'amour peut être excessif, mais il doit être juste et équilibré. Nous avons besoin des supporters, ils ont besoin de nous car nous avons en commun cette passion du football et l'attachement au club.
Ce que vous vivez est-il conforme à vos attentes ?
Oui, la réalité est totalement conforme à mes attentes. Je suis satisfait car je n'ai pas eu d'effet de surprise. Je suis donc très heureux ici, que ce soit footballistiquement ou dans la vie de tous les jours.
De l'extérieur, on a l'impression d'un coup de foudre...
C'est le terme approprié, c'est ce que je vis depuis le premier jour où j'ai signé ici. J'espère le vivre de nombreuses années encore. Mes partenaires et le peuple marseillais m'ont très bien intégré, je le ressens à chaque match et dans la vie de tous les jours, quand je fais les magasins ou vais au restaurant. Je reçois beaucoup de félicitations, d'amour. Ce sont des moments extraordinaires. Je mesure la chance que j'ai d'être ici. J'adore ce que je fais, j'adore mes partenaires. Je m'épanouis pleinement. Je n'ai jamais pris autant de plaisir depuis je joue au foot, que ce soit à l'entraînement ou en match.
Vos premiers mois à Arsenal ont été idylliques...
Je prenais beaucoup de plaisir aussi, ma première année a été fulgurante. Ce sont deux publics différents mais passionnés.
Comment expliquez-vous ce coup de foudre ?
Difficile à expliquer, c'est indescriptible. Je le ressens dans mon coeur. Il faut le vivre. Il n'y a qu'à Marseille où tu sens que toute la ville est derrière le club. Tu gagnes le dimanche, tout le monde est heureux le lendemain et ça dure jusqu'au match suivant. En cas de défaite, la ville s'éteint.
Contrairement à d'autres avant vous, vous êtes resté vous-même...
J'ai été élevé avec des valeurs, des principes. Pourquoi changer de caractère et de personnalité ? Je peux être aimé ou détesté, mais je ne changerai jamais. Je suis le fruit d'une éducation, de valeurs inculquées, d'un parcours et cela doit rester ma base. Je ne vais pas me trahir pour faire plaisir à quelques personnes.
Vous êtes né en région parisienne, avez porté le maillot du PSG. À cet instant-là, pouviez-vous imaginer jouer un jour à l'OM ?
Dans le foot, on ne peut jamais prévoir ce qui va se passer. J'ignorais que j'allais rejoindre Lorient, Arsenal, Berlin ou l'OM. Mon choix de rejoindre l'OM était mûrement réfléchi. L'un des meilleurs que j'ai fait depuis de très nombreuses années.
Certains partenaires ou ex-partenaires vous ont-ils chambré quand vous avez signé à l'OM ?
(Rire) Des anciens partenaires du PSG, avec qui j'ai joué très jeune, ont rigolé. Chacun fait sa route, on peut tous se retrouver en championnat, en coupe d'Europe ou en équipe de France. Puis ils m'ont félicité d'avoir fait ce super choix. Avant d'arriver, j'ai discuté avec beaucoup d'amis. Tous m'ont dit que ce club était fait pour moi et que j'allais y faire de très belles choses.
Lors des derniers matches internationaux, vos propos sur l'équipe de France et le Parc des Princes ont fait polémique. Vous vous êtes fait siffler dans la foulée. S'agissait-il d'une forme de communication pour faire plaisir aux Marseillais ? Regrettez-vous ces propos ?
Le Stade de France est le stade mythique de l'équipe de France, a une plus grande capacité d'accueil et un contrat avec la FFF. Pour des raisons logistiques cela n'a pas pu se faire, j'ai exprimé un choix personnel. Je n'ai rien contre le Parc des Princes ou ses supporters. Par le passé, j'ai fréquenté ce stade à plusieurs reprises. Ce qui est important, c'est de porter haut les couleurs de la France et de gagner les matches quoi qu'il en coûte et quel que soit le stade.
Les sifflets vous touchent-ils ?
Non, il faut savoir prendre de la distance et de la hauteur par rapport à cela. Par le passé, j'ai été sifflé dans certains stades. Cela fait partie du jeu et ça ne me dérange pas. C'est aussi ça le football.
Même quand on se fait siffler par ceux qui sont censés vous soutenir ?
Je reste concentré sur moi-même. J'ai mes objectifs. Je dois juste conserver ma ligne de conduite. Peu importe ce qui se dit et se fait ailleurs.
Venons-en au Vélodrome. Qu'avez-vous ressenti lors de vos premiers pas dans ce stade ?
C'était contre Villarreal, en amical. Il n'y avait que 30 000 personnes ce jour-là, mais j'avais des frissons. Avant le match, je voulais regarder la pelouse, j'avais l'impression que tout le monde était déjà là. Jouer dans ce stade, c'est magique. Surtout quand tu joues pour l'OM ! Quand tu es l'équipe adverse, c'est moins sympa. C'est une chance de jouer dans ce stade, avec cette ambiance que l'on ne trouve nulle part ailleurs. Je n'étais pas encore là mais je me souviens du match contre Leipzig.
J'avais l'impression que la télé tremblait tellement l'ambiance était folle au stade. On a de la chance de porter ces couleurs et d'être autant poussé par ce public.
Cette saison, y a-t-il un moment plus fort qu'un autre au Vél' ?
Le plus beau moment, c'est le match contre Saint-Étienne, avec mon premier but. J'ai ressenti quelque chose de fantastique. Tout le monde se lève, crie ton nom... Quand je suis revenu vers mon camp, j'en avais des frissons.
À Arsenal, vous aviez une relation forte avec les supporters et on se souvient de votre communion dans la rue après un succès contre Tottenham. Est-ce comparable avec l'OM ?
On ne peut pas comparer deux clubs, il y a des cultures différentes. À Arsenal, il y avait aussi une très belle ambiance, notamment lors de ce derby contre Tottenham, remporté à domicile (4-2). Mais ce que je vis aujourd'hui est totalement différent.
Racontez-nous votre retour de Bordeaux...
J'ai plein de vidéos dans mon téléphone. De ma vie, je n'avais jamais vu ça. On connaissait ce contexte de plus de 40 ans sans victoire à Bordeaux. Je me souviens d'une discussion avec des supporters venus à La Commanderie, cette saison. Ils nous avaient dit qu'il y avait un match à l'extérieur qu'ils voulaient gagner, c'était celui-là. Au début, j'ignorais que ça faisait aussi longtemps que l'OM ne l'avait plus emporté. Quand tu y réfléchis, c'est vraiment très long. Après le match, on était tellement heureux... On s'est tous fait des câlins, dans le vestiaire il y avait une super ambiance puis il y avait la communion avec les supporters au retour. Je n'ai jamais vu les gens aussi heureux qu'après cette victoire. C'était magnifique, très beau à vivre.
La Provence