MOHAMED TOUBACHE-TER : « J’AIME LE DÉBAT CONSTRUCTIF ET VIRIL »
10/06/2021 à 12:00
Ses infos mercato agitent quotidiennement Twitter depuis plusieurs années et ses débats avec sa communauté florissante, parfois virils mais corrects, font de lui une personnalité publique très suivie en matière de football sur le réseau social. Clivant, un peu grande gueule mais bienveillant, Mohamed Toubache-Ter a accepté de se dévoiler à Actufoot au même moment où l'un de ses terrains de jeu préférés, le marché des transferts, a ouvert officiellement ses portes.
Avant de rentrer dans le vif du sujet, qu’accepteriez-vous de nous dire sur vous et votre parcours afin que nos lecteurs vous identifient mieux ?
Je suis né à Constantine (Algérie) et je suis arrivé en France à l’âge de 4 ans. J’ai fait des études de communication et je suis passionné de politique. Actuellement, je suis dans le monde politique en tant que chargé de communication. Et bien évidemment, je suis supporter du MHSC depuis tout petit (sourires).
Twitter pour vous, c’est un deuxième métier, une passion ?
Non (il répète trois fois). Ce n’est absolument pas un métier et c’est d’ailleurs ce que je reproche à beaucoup de personnes qui s’en servent un peu pour sortir de leur léthargie professionnelle. Ces gens-là font ce qu’ils veulent mais moi, ce réseau social me sert uniquement pour échanger, interagir que ce soit sur les domaines sportifs, politiques ou autres. J’ai déjà eu des demandes de partenariat mais twitter, c’est juste un plaisir. Un réel plaisir.
Vous y publiez souvent des avis tranchés aussi bien sur le foot que sur la politique. Une sorte d’exutoire ?
Je suis quand même réputé pour avoir une grande gueule et je n’en joue pas parce que je suis comme ça dans la vie privée aussi. Mais j’aime beaucoup le débat constructif et viril aussi. J’aime piquer mais sans troller, tout ce que je dis est sincère et sensé.
Il faut vraiment aimer débattre pour durer sur Twitter…
Ah mais moi, je suis un amoureux du débat ! Après, j’encaisse les bons côtés et les côtés négatifs car vous savez très bien qu’on ne peut pas plaire à tout le monde. Je suis quand même une « personnalité » qui clive beaucoup. J’aime énormément confronter les désaccords parce que je pars du principe qu’ils sont une richesse qu’on parle d’un match, du mercato ou même d’un projet politique.
« Au début, c’était du 50-50. Il y avait beaucoup de méchanceté, d’aigreur, de frustration… »
Mohamed Toubache-Ter
Vos informations sur le foot sont régulièrement relayées en masse et reprises par des médias. Cela nous arrive d’ailleurs de le faire. Avez-vous été immédiatement « validé » par ce réseau ?
Au début, c’était du 50-50. Il y avait beaucoup de méchanceté, d’aigreur, de frustration et ça me pesait pas mal. J’ai pris conscience assez rapidement, aussi parce que je bosse dans la communication, que plus je répondais à ces gens plus je leur accordais de l’importance. A force de sortir des informations fiables, croustillantes et qui plaisent, j’ai gagné en crédibilité. Je ne vais pas dire que c’est une fierté mais c’est appréciable quand on te dit que ce que tu fais est super, que c’est agréable de parler avec toi. Et ça vient aussi bien d’un twittos lambda que des journalistes.
Vous considérez-vous comme un « insider » ?
Certainement pas. D’ailleurs, c’est ce que j’ai répondu à un mec il y a deux jours. Il me félicitait pour mes informations et évoquait ce terme. Je ne suis pas « insider », je ne suis pas journaliste. Je suis simplement Mohamed Toubache-Ter et je sais qui je suis. J’ai juste du réseau.
Quelle est l’info qui vous a véritablement fait décoller ?
Déjà, il y a la crédibilité que j’aie sur mon club, le MHSC. Elle est appréciée en interne même s’il y a toujours des brebis galeuses. Et je ne m’en cache pas, mes infos font chier certains clubs. Pour revenir à votre question, je pense que l’info qui m’a bien lancé, c’est Guendouzi à Arsenal. J’avais eu de belles infos avant mais celle-là avait une portée internationale avec le relais des médias en prime. Après, ce n’est pas toujours les plus gros noms qui te font monter. Quand je sors une info sur le futur probable coordinateur sportif à Guingamp, c’est quelque chose qui parle et plaît surtout aux Guingampais.
Des clubs, des journalistes vous-ont il fait savoir concrètement que vous les dérangiez ?
Les clubs, je les fais chier mais c’est toujours bienveillant. Ils se disent : « putain, comment il fait ça ». Mais je n’ai jamais eu de menaces. J’ai eu un seul coup de fil que j’ai raconté sur twitter à l’époque. Fred Antonetti, qui coachait Lille, n’avait pas apprécié certains de mes tweets et il avait récupéré mon numéro de téléphone. On a eu un échange très respectueux pendant 45 minutes. Concernant les journalistes, certains me citent et d’autres ne le font pas.
« Twitter est devenu un nid d’informations et j’ai l’impression que les journalistes ne l’acceptent pas forcément »
Mais vous ne vivez pas pour ça ?
Absolument pas même si la mention fait plaisir. Ce que je n’aime pas, c’est les médias qui reprennent une info qui est bonne et la font démentir par le club. Twitter est devenu un nid d’informations et j’ai l’impression que les journalistes ne l’acceptent pas forcément.
On vous sait proche de certains joueurs aussi…
Des joueurs sont des amis depuis longtemps. Ce sont des relations amicales sincères et sur la durée. Je n’ai construit aucune relation amicale via mes informations. En revanche, certaines personnes m’ont connu comme ça à travers des amis qui ont parlé de moi en bien. De fil en aiguille, tu noues quelque chose. Les gens savent sur Twitter que je suis proche de beaucoup de joueurs du championnat français et à l’étranger. Mais ce n’est pas que ça, c’est le réseau, la connaissance de ce monde-là qui reste assez pernicieux, vicieux au fond.
Comment procédez-vous avec les agents qui vous sollicitent ?
J’ai une ligne de conduite : je n’échange avec aucun agent. Je les respecte mais si tu commences à nouer des relations avec eux, tu vas devenir leur petit porte-drapeau. Il faudra leur rendre un service, parler de tel ou tel joueur alors qu’il n’est pisté par personne. Je ne veux pas rentrer dans ce jeu-là.
Vous approchez les 20 000 followers sur Twitter. Ressentez-vous une pression différente de celle d’il y a presque dix ans, lorsque vous débutiez ?
Pas du tout. Quand j’ai fait le tweet de Campos en mars au Real Madrid, j’étais sûr de mon coup mais j’appréhendais la réaction des gens. Sur mon club (Montpellier), j’appréhende parfois certaines réactions par rapport à un joueur ou au mercato. Mais sinon, je ne ressens aucune pression au moment de tweeter.
Comment gérez-vous les nombreux messages, parfois insultants ?
Sincèrement, j’en recevais pas mal en 2014, 2015 et même 2017. On me disait que j’étais un guignol. J’en ai reçu à une autre époque lors de l’épisode Furlan qui avait un contact avec le RC Lens. Aujourd’hui, j’en reçois très peu. J’ai peu de retours négatifs. Par rapport à ce que j’ai vécu, c’est le jour et la nuit. En revanche, je reçois beaucoup de messages en privé de supporters sur des questions mercato et ça ne me dérange absolument pas de répondre à tout le monde. J’ai un credo, c’est répondre sans condescendance mais avec une légère ironie à ceux qui ne m’aiment pas.
Pensez-vous être gagné par l’usure sur ce réseau social ? Certains se sont résolus à le quitter…
Il faut être armé, avoir le cuir épais ! Si certains ne l’ont pas, ils ne l’ont pas. L’usure, chez certains, elle n’est pas présente pour bosser d’autres domaines. Mais ça, je n’en dirais pas plus… Je suis beaucoup plus touché par l’usure d’une sportive de haut niveau comme Naomi Osaka que celle d’un twittos non journaliste sur Twitter. Personnellement, j’ai reçu des insultes mais je n’ai jamais reçu de menaces.
Avez-vous déjà été sollicité par des médias ?
Bien sûr. J’ai été sollicité pour des partenariats par des organes de presse et j’ai toujours refusé.
Pourquoi ?
Parce qu’il faut être sérieux. Déjà, il y a la politique et le monde politique qui me prennent un temps considérable. Et puis faire un partenariat avec des télés ou d’autres médias… je n’ai pas réfléchi à cette possibilité-là. Donnez-moi votre âge et je vais vous expliquer pourquoi.
26 ans.
Il y a des journalistes comme vous qui ont fait des études, qui se battent au quotidien. Certains n’arrivent même pas à le devenir et ceux qui ont réussi sont remplacés par des mecs qui ne sont pas du sérail. Vous faites des études et vous ne pouvez pas monter. Je ne veux pas prendre la place d’un mec qui a appris et est passionné par le journalisme. Je n’ai aucune légitimité. La seule que j’aie, c’est mon réseau. Mais ce n’est pas grâce à ça que j’ai le droit de faire un plateau télé ou des billets toutes les semaines dans un média. Ce ne serait pas respectueux vis-à-vis des jeunes journalistes en herbe.
Le mercato a officiellement ouvert ses portes mercredi. Comment l’imaginez-vous ?
Actuellement, c’est très calme. Ça va commencer à s’accélérer à compter de fin juin, début juillet. Les clubs sont en train de voir les budgets qu’ils vont présenter par rapport aux droits télés et beaucoup vont essayer de choper des joueurs libres ou en fin de contrat. C’est le contexte économique qui le veut. Après, il va être actif. J’attends d’ailleurs la confirmation de mon info sur Guendouzi et sa signature à l’OM. Je prends ce mercato avec beaucoup de recul, de plaisir. Surtout, il ne faut jamais avoir honte de s’être trompé. C’est hyper important et peu de gens le font.