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Gerson, les raisons d'un rebond
Après des débuts timorés, le milieu brésilien de l'OM, Gerson, a été bien plus fringant sur les derniers matches. Qui laissent augurer une saison enfin lancée.
Au fond du seau. Début novembre, Gerson est revenu au Brésil avec la tête plus lourde encore que les jambes. Son intégration à l'OM a un goût amer, il ne convainc personne et surtout pas l'exigeant public marseillais, il a encore un temps de jeu certain mais ne commence plus les grands rendez-vous (le Classique, la double confrontation face à la Lazio en Ligue Europa...). En privé, il se cherche des excuses, le poste, la fatigue et tutti quanti.
Les nombreuses conversations avec Jorge Sampaoli sont parfois houleuses. Le technicien argentin lui demande de la sueur, de la souplesse pour comprendre sa philosophie, et cette fameuse polyvalence tactique intégrée plus humblement par d'autres éléments (Kamara, Rongier, Lirola, Luis Henrique, Payet ou Harit).
Au Brésil, Gerson (24 ans) a grappillé quelques minutes de jeu en sélection et il s'est remis en question. « J'ai trouvé, déjà, qu'il avait livré un match consistant à Galatasaray, malgré la défaite (2-4) », confie le président Pablo Longoria, qui l'a toujours défendu âprement. « Il a fallu digérer sa première sélection avec le Brésil (le 3 septembre), qui était l'accomplissement d'une vie, poursuit le président marseillais. Gerson venait aussi d'enchaîner dix-huit mois de compétition officielle quand il est arrivé à l'OM en juillet, quand les autres joueurs entamaient la préparation estivale à bloc, après leurs vacances. »
En Turquie, l'implication du Brésilien, si nonchalant en début de saison, a été plus nette. Après une entrée anodine face à Troyes, le 28 novembre (1-0), il a brillé lors du succès à Nantes, le 1er décembre (1-0), puis contre Brest, samedi (1-2). Deux jolis buts, dans des styles différents, mais surtout plus de densité dans ses interventions, de confiance dans ses choix, d'amour-propre justement canalisé et moins de plaintes après un contact. À la Beaujoire, un premier déclic a eu lieu, son placement très haut, parfois en faux 9, se révélant enfin fructueux. Le discours de Sampaoli ? Validé, tout comme l'effort de Gerson pour renaître.
Hier après-midi, l'Argentin a longuement commenté cette belle séquence : « Gerson a dû s'adapter à une position plus compliquée pour lui, il commence à la maîtriser. Il sait nos besoins, on l'aime proche du but adverse, et je parle beaucoup avec lui. On le sent plus à l'aise sur le terrain, on le voit plus joyeux. Nous n'avons pas gagné contre Brest, mais il a réussi à se créer des occasions. Pour moi, Gerson est un joueur très physique, mais peut-être que la L1 est plus physique encore que lui ! En Amérique du Sud, l'intensité est un cran en dessous, il survolait le Championnat brésilien, au moins physiquement. Il commence à comprendre tout ça, ainsi qu'à jauger les adversaires, l'arbitrage... Il doit montrer ses qualités en se surpassant sur le terrain, en ne se laissant pas marcher dessus. Il est meilleur dans les duels, il démontre une vraie force mentale. Quand on arrive en L1 ou en Ligue Europa, depuis l'Amérique du Sud, il faut une adaptation rapide, sinon on plonge. »
La foi de Sampaoli et sa propre résilience ont permis à Gerson de garder la tête en dehors de l'eau, éloignant le spectre de son expérience ratée à l'AS Rome (2016-2019).