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PAULO CEZAR; "Gerson, laissons-lui du temps"; Le premier champion du monde de D1 demande de la patience envers son jeune compatriote
Aujourd'hui, on peut voir du foot partout et de partout. Y compris l'OM au Brésil. "Sur les chaînes qui appartiennent à Disney", précise Paulo Cezar, qui a donc suivi les premiers matches du championnat de France, devant sa télé à Rio de Janeiro.
"Je vois Montpellier qui nous balade 2-0. Et on renverse le score grâce à deux actions de Payet et on gagne. Après, c'est Bordeaux qui revient de 2-0 à 2-2. Et Nice qui gagne à Lille 4-0 chez le champion ! Moi, l'an dernier, j'étais pour Lille qui jouait vraiment bien. 4-0 ! Incroyable ! Galtier est bon, mais quand même, ce n'est pas normal, aujourd'hui, tout le monde vaut tout le monde, Clermont qui gagne, Angers qui bat Lyon... Comme chez nous, on a Flamengo, un peu Palmeiras et après, 18 équipes qui se valent. Botafogo, mon club de coeur, est en deuxième division avec Vasco de Gama. C'est triste." "Il n'y a plus de grands joueurs, poursuit Paulo Cezar. Au Brésil, il y a une équipe nationale qui joue en Europe : Neymar, Marquinhos, Thiago Silva, Firmino, Fabinho, chez nous, le niveau n'a jamais été aussi bas. Même si ça ne date pas d'aujourd'hui."
On sent bien que la distance n'abolit pas la passion. Paulo Cezar qui n'a joué qu'une saison à l'OM en 1974-75 ("partir a été la pire bêtise de ma carrière" dit-il), l'a gardé dans son coeur. Alors, lorsqu'il y voit des Brésiliens, il est particulièrement attentif.
Il a été le premier joueur champion du monde à évoluer dans le championnat de France, deux mois avant son ami Jairzinho. Les Brésiliens actuels n'ont pas le même pedigree. Mais il demande la patience pour son jeune compatriote Gerson. "Je ne veux pas trop m'exprimer sur lui pour le moment. Laissons-le jouer au minimum jusqu'à la fin de l'année avant de le juger. Il a vécu une expérience en Italie qui n'a pas marché, à la Roma et à la Fiorentina. Il est revenu au Brésil, reparti à Marseille. Ce n'est pas un joueur qui peut faire la différence tout seul, il lui faut de bons joueursà côté, l'OM ne peut pas compter que sur Payet. Il en faut d'autres si on veut de nouveau gagner un trophée. Gerson est un joueur pour organiser. Techniquement, un très bon, il fait jouer, sert les autres. Contre Bordeaux, il fait un bel appel et une belle passe sur le premier but de l'OM. Mais laissons-lui le temps..." Paulo Cezar le connaît particulièrement bien. "J'étais au stade quand il a débuté à Fluminense, il y a six ou sept ans, et j'ai dit au vice-président : 'Ce gamin, il a du talent !' Un an après, il était transféré en Italie. Donc, je le connais bien. Mais tu ne peux pas compter que sur Payet ou Gerson pour gagner des matches contre le PSG, Lille, Lyon, Nice".
Sampaoli : "Gerson dépend aussi de l'équipe"
Jorge Sampaoli, lui aussi, défend un joueur qu'il a tenu à faire venir. "Il arrive d'un football différent, il y a donc un temps d'adaptation, au système, à un nouveau club, de nouveaux partenaires, il faut un petit peu de temps, mais on a vu le talent de Gerson à Flamengo, qui est l'un des plus grands clubs du monde par son histoire et on n'a pas noté de complication particulière à son adaptation à l'OM. Il peut nous montrer ce qu'il a montré à Flamengo. On continue d'avancer pas à pas avec lui. Il y a un autre facteur, c'est le développement de l'équipe, pour qu'il s'installe mieux dans ce collectif. Il sera alors plus important et ce sera le cas de tout le monde. Nous avons 90 % de nouveaux joueurs, quand l'équipe se sera améliorée collectivement, Gerson sera plus performant".
Même à distance, Paulo Cezar reste frustré de ne pas voir le club olympien rivaliser avec les meilleurs. "Je suis passionné par l'OM et je ne comprends pas, avec ce public extraordinaire, qu'il ne gagne plus rien. Ce stade, c'est le Maracana ! Quand je suis arrivé à Marseille, j'avais l'habitude de jouer devant 200 000 spectateurs à Rio et à Marseille, on ne faisait pas plus de 30 000. Mais quelle ambiance ! Ça me fait mal que le Maracana n'accueille plus de grands joueurs de Rio et ça me fait mal que l'OM ne gagne plus rien, avec 50 000 supporters".
Une ambiance que Paulo Cezar et Jairzinho ont failli revivre l'an dernier et qu'ils devraient goûter encore une fois cette saison. "L'OM avait eu la gentillesse de nous inviter avec nos épouses au printemps 2020, mais le covid a mis tout ça à mal. J'espère qu'ils vont penser à nous assez vite, on ne rajeunit pas ! Et puis, 47 ans après, un petit hommage nous ferait plaisir. Revoir ce stade, nos amis, l'OM, communier avec ce public, nous avons hâte de le vivre".
Avec Jairzinho, 77 ans et Paulo Cezar 72, l'OM compte deux supporters à Rio, que les plus jeunes se doivent de connaître. Ils étaient vraiment les Neymar et Mbappé de leur époque. Avec ce plus considérable par rapport au Brésilien du PSG : Paulo Cezar est l'un des trois seuls Brésiliens, avec l'aviateur Santos Dumont et le photographe Sebastiao Salgado à avoir été décoré de la Légion d'honneur française. C'était le 4 août 2016 à Rio, des mains de François Hollande.
La Provence