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GROS PLAN; Dieng, fidèle à lui-même; Après avoir beaucoup loupé, le Sénégalais a inscrit le but synonyme de break et de qualification pour l'OM
Y a-t-il pensé les heures précédant sa randonnée martégale ? À ce fameux 13 juillet 2022, date de son dernier rendez-vous avec un club amateur. L'air était suffocant, la pelouse moins grasse que la patinoire Francis-Turcan. Dans l'intimité de la Commanderie, l'enfant de Pikine amorçait la campagne amicale des Olympiens face à d'autres pensionnaires de National 2 : Marignane-Gignac-Côte- Bleue (4-1). Triplé fameux, présage heureux ? Quelques jours plus tard, à peine, le Lion de la Téranga était mis à l'écart, sommé de se trouver un point de chute loin de Marseille. Alors, ne lui parlez pas de Petit Poucet !
Mais le vent a tourné. Un Colombien s'en est allé, un Brésilien est rentré à la maison, un Marocain s'est gravement blessé et leurs remplaçants se font désirer. L'attaquant lancé par Nasser Larguet, voici deux ans... en coupe de France (il avait déjà marqué, à Auxerre), doit justifier sa nouvelle place dans la hiérarchie, désormais second choix, en pointe, derrière Alexis Sanchez. Son opération séduction redémarrait dans la Venise provençale. Épaulé par Cengiz Ünder et le Chilien, avec lequel il fêtait sa première titularisation, Bamba Dieng avait toutes les cartes en main. Longtemps, il a préféré se coucher avec une paire d'as. Une première fois au quart d'heure de jeu, quand Pape Gueye le mettait sur orbite. Emprunté, il conduisait difficilement le cuir avant de s'étaler sur le pré, tout seul, comme un grand (12). Juste après l'entracte, nouveau face-à-face. Ünder délivre l'offrande, Dieng la gâche en torpillant les panneaux publicitaires plutôt que les filets de Charly Jan (52).
L'on se dirigeait vers un nouveau triplé pour le Sénégalais contre une modeste formation. Un triplé bien moins glorieux qu'il y a six mois face à Marignane, lorsque Matteo Guendouzi lui a tendu sa main. Cette fois, tout était coordonné : le contrôle de l'extérieur, le gainage pour résister au retour varois et le plat du pied sécurité (71). Comme son idole Alexis Sanchez avant lui, Bamba Dieng lançait l'aventure de l'OM, signant ici son deuxième but de la saison (après celui à Strasbourg, fin octobre). "Il a très bien joué. Il aurait dû marquer d'autres buts, mais on doit le féliciter", glissait son entraîneur, emprunt d'indulgence. Ses rares lueurs ont une fois de plus réussi à éclipser les nombreuses ratures. Doué d'un mental en acier trempé, talent dont il a encore gratifié le public hier, l'ancien pensionnaire de Diambars n'a toutefois pas existé dos au but, croqué aux mollets par la charnière varoise, et guère plus quand il fallait combiner.
À son crédit, sa capacité à se procurer des munitions, là où d'autres, au pedigree plus ronflant, ont peiné à se mettre une miette sous la dent. À son crédit encore, son profil atypique au sein d'un effectif rempli d'offensifs rechignant à prendre la profondeur. À son crédit enfin, la confiance aveugle des siens en sa vélocité. En témoigne l'attitude de Pape Gueye, dont le circuit préférentiel se résumait à de longues ouvertures en sa direction. Foi partagée par la présidence olympienne, désireuse de prolonger leur chaotique idylle. Histoire de polir Bamba en Provence, plutôt que sous d'autres cieux.
La Provence