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Que vaut Arkadiusz Milik, l'attaquant de Naples convoité par l'OM ?
Ciblé par l'OM, l'attaquant polonais Arkadiusz Milik (26 ans) cherche à sortir de l'impasse dans laquelle il se trouve à Naples. Son pied gauche délicieux peut encore faire des merveilles au plus haut niveau.
Actuellement au placard à Naples après avoir refusé de prolonger son contrat qui se termine en juin (il n'a pas joué le moindre match cette saison), Arkadiusz Milik cherche un nouveau challenge. À 26 ans, l'attaquant international polonais est notamment pisté par l'OM et veut relancer une carrière qui ne tient pas toutes ses promesses.
Un entraîneur comme bienfaiteur
Si la carrière de Milik est actuellement à l'arrêt, elle aurait très bien pu ne jamais démarrer. Orphelin de père dès l'âge de 6 ans, le jeune « Arek » a d'abord été un enfant difficile, multipliant les erreurs à Tychy, un coin industriel de Silésie, surtout connu pour son usine Fiat et sa production de bières. « Je fumais et je volais des petits trucs dans les magasins », confiait-il il y a quelques années. C'est un entraîneur, Slawomir Mogilan, dit « Moki », qui a remis le garçon dans le droit chemin au sein du Rozwoj Katowice. Avec ce père de substitution, Milik grandit bien et surtout très vite en tant que joueur. Mis à l'essai par Reading, Tottenham et le Legia Varsovie à l'âge de 16 ans, il décide finalement d'aller au Gornik Zabrze à l'été 2011. Elu meilleur espoir polonais en 2012, il rejoint le Bayer Leverkusen en décembre pour moins de 3 M€.
La révélation à l'Ajax, couvé par Bergkamp
Si Rudi Völler, directeur sportif du Bayer, est persuadé d'avoir fait signer le plus grand talent polonais de sa génération, son parcours en Allemagne s'avère pourtant décevant. Il ne marque aucun but avec l'équipe une du Bayer et rejoint la réserve. Prêté à Augsbourg pour l'exercice 2013-2014, il ne connaît pas un rendement plus important (2 buts en Bundesliga). C'est finalement l'Ajax Amsterdam qui va lui offrir le terrain d'expression idéal. D'abord prêté pour une saison à l'été 2014, Milik va être définitivement acheté à l'issue de celle-ci.
Bénéficiant notamment des conseils de Dennis Bergkamp à l'entraînement, le Polonais profite de chaque minute de temps de jeu pour s'affirmer, même s'il n'est que le remplaçant de Kolbeinn Sigthorsson au début. Son sextuplé en Coupe contre JOS Watergraafsmeer un mois après son arrivée (9-0) témoigne de son appétit. Il signe un total de 47 buts en 76 matches (60 titularisations) sous les couleurs ajacides, mais ne décroche aucun trophée. Son caractère timide l'a empêché d'entrer véritablement dans le coeur des fans, malgré ses statistiques remarquables. Il sera transféré à Naples pour un montant avoisinant les 32 M€ en 2016, et n'a jamais retrouvé, depuis, une telle période faste.
Un pied gauche sublime, mais des lacunes visibles
Fan de Cristiano Ronaldo, Milik partage un point commun avec CR7 : un jeu de tête de grande qualité avec un bon jump (il mesure 1,86m pour 80 kg, contre 1,87m et 83 kg pour Ronaldo). Pour le reste, le Polonais est assez différent du Portugais. Ce qui frappe chez lui, c'est avant tout son pied gauche « exceptionnel » - qualifié comme tel par le divin gaucher Bergkamp - qui lui permet de frapper avec force et précision, comme de contrôler parfaitement. Problème, son pied droit est en revanche quelconque. La technique n'est pas son atout majeur, malgré quelques fulgurances.
Ancien meneur de jeu, Milik s'appuie surtout sur son gros volume de course et sa puissance pour faire des différences. Mais il est assez lent et ne brille pas dans les petits espaces. Il est plus à l'aise dans une position de deuxième attaquant dans un 4-4-2, même s'il avait su se fondre dans la position d'avant-centre dans le 4-3-3 de l'Ajax, par sa capacité à répéter les efforts. Bon finisseur, il est très juste dans son positionnement, mais ne peut pas faire trop de différences balle au pied.
Un potentiel miné par les blessures et la malchance
S'il est plutôt puissant sur un terrain, Milik n'en demeure pas moins très fragile. Déjà perturbé par des problèmes articulaires ou musculaires durant ses jeunes années, il a subi deux graves blessures à Naples. Alors qu'il marque sept fois lors des neuf premiers matches avec le club italien, qui l'a recruté pour succéder à Gonzalo Higuain, son intégration est stoppée nette le 8 octobre 2016, lorsqu'il est victime d'une rupture partielle des ligaments croisés antérieurs du genou gauche, avec sa sélection. À son retour sur les terrains, Dries Mertens a pris de la place...
Il regagne toutefois un peu de confiance à l'intersaison. Mais en septembre 2017, il est victime d'une nouvelle blessure complexe, au genou droit cette fois. Quatre mois d'arrêt supplémentaires à la clé. Si son parcours à Naples est plutôt honorable sur un plan statistique (48 buts en 122 matches), il n'a jamais pu trouver la constance, en grande partie à cause de ces graves blessures et de pépins plus légers mais contraignants malgré tout.
La malchance a souvent accompagné sa carrière jusqu'ici. En juin 2018, une glissade sur une flaque d'eau lors de la visite d'un aquarium avec l'équipe nationale polonaise avait même mis en doute sa présence à la Coupe du monde durant quelques heures...
L'ombre Lewandowski pèse en sélection
Lancé en sélection polonaise en octobre 2012, Milik a véritablement gagné sa place à l'arrivée en octobre 2013 d'Adam Nawalka, son ancien entraîneur au Gornik Zabrze. Réputé pour être un joueur qui marche énormément à l'affectif, il a marqué 11 buts lors des 35 matches internationaux disputés sous les ordres de Nawalka (15 en 56 sélections au total). Installé dans une position de deuxième attaquant, à côté de la star Robert Lewandowski, Milik a notamment ouvert le score lors du succès historique contre l'Allemagne (2-0), récente championne du monde, le 11 octobre 2014 en qualifications pour l'Euro 2016. C'est aussi lui qui a marqué le premier but de la Pologne à l'Euro en France, contre l'Irlande du Nord (1-0), jouant un rôle majeur dans le parcours de sa sélection jusqu'en quarts de finale.
Mais à force d'être comparé et opposé à Lewandowski et ses statistiques incroyables, Milik a fini par se sentir moins à l'aise. Le nouveau sélectionneur Jerzy Brzeczek préfère par ailleurs un système avec une seule pointe et Milik passe après l'attaquant du Bayern Munich, voire derrière Krzysztof Piatek (Hertha Berlin).
Bilan : un pari
Miser sur Milik, c'est assumer le risque de prendre un élément en manque de confiance actuellement et au physique incertain. Réservé, assez froid de prime abord, le Polonais a besoin d'être très entouré pour performer, de sentir l'union autour de lui. En revanche, lorsqu'il est lancé, il peut assurément être un attaquant dominant du continent, avec son pied gauche superbe et son intelligence de jeu. À 26 ans, un rebond est encore largement possible et la confiance qu'il a en lui reste intacte.