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SAMPAOLI-MILIK; Histoire d'une incompréhension; Saison tumultueuse entre l'entraîneur et son attaquant, tournés vers la réception de Strasbourg
Il a dû passer un sale week-end, à cogiter sur le nouveau non-match de son équipe, balayée par Rennes (0-2), samedi. Jorge Sampaoli est apparu désemparé au Roazhon Park, incapable, depuis son banc de touche, d'inverser le cours d'une rencontre tellement importante qui lui a de nouveau filé entre les doigts. Peut-être entend-il, depuis, les critiques qui refont surface. Elles avaient été ensevelies par le tas de victoires amassé au sortir de l'hiver. Elles ressurgissent avec force à une journée du terme de la saison, samedi, pour la réception de Strasbourg. Pour une immense majorité d'amoureux de l'OM, le technicien argentin incarne à lui seul, à tort ou à raison, les maux dont souffre son escouade qui tourne en rond et se montre inoffensive.
Avec, en symbole de cette incompréhension qui se transforme de nouveau en colère, l'utilisation d'Arkadiusz Milik. Le nouvel épisode qui s'est joué en Bretagne n'est que la suite d'une saison d'incompréhension et d'échanges houleux entre les deux hommes. Samedi, face à l'échec de son système sans attaquant, Sampaoli envoie le Polonais et Bamba Dieng s'échauffer en pleine première période. Avec un deal simple : Milik doit entrer en jeu dès le début de la seconde mi-temps et disputer celle-ci en intégralité.
Rennais et Olympiens reviennent du vestiaire. Pas de changement. Les minutes défilent. Toujours pas de changement. Milik, pourtant à 100 % de ses moyens après une blessure à la cuisse qui l'a fait rater le déplacement à Lorient six jours plus tôt, ne comprend pas. Il cherche, du regard, à accrocher celui de son entraîneur. En vain. L'heure de jeu approche et il saisit qu'il n'est pas près d'entrer en jeu. Il demande alors à Jorge Desio, l'adjoint d'El Pelado, de cesser un échauffement qu'il trouve interminable pour regagner le banc et laisser des partenaires prendre sa place. Il reviendra plus tard mais observera ses partenaires continuer de s'escrimer dans le vent, jusqu'au coup de sifflet final.
L'ancien Napolitain a regagné Marseille sans comprendre ce nouvel acte de défiance. A-t-il ruminé pendant les deux jours de repos accordés par Sampaoli à ses troupes après ce revers qui place l'OM en ballottage défavorable pour la qualification directe en Ligue des champions ? Il s'est aéré l'esprit, s'est évadé, en tout cas.
Peut-être a-t-il ressassé les nombreuses péripéties survenues cette saison. Celles-ci ont débuté, au vrai, dès la fin de saison dernière, avec une blessure plus longue que prévu. Touché contre Metz le 23 mai 2021, Milik voit les délais de rétablissement s'allonger au fil de l'été. Il reprendra finalement quatre mois plus tard, le 30 septembre, le temps de récupérer totalement. Sampaoli vit cette absence comme un authentique coup dur.
Mais elle l'oblige à se réinventer, à penser une équipe sans celui qui a tant apporté de janvier à mai 2021 (10 buts en 16 apparitions). Sampaoli façonne une équipe sans réel avant-centre, avec Dimitri Payet en faux 9, pendant la préparation estivale et tout le début de la saison. Un schéma dont il s'écartera rarement, pas vraiment séduit par le profil du Polonais ni par ses prestations. À ses yeux, le natif de Tychy ne participe pas suffisamment au jeu. Il attend plus que des buts, 20 en 36 matches, cette saison, pourtant.
"Comme buteur, il fait partie des top joueurs. Dans la communication, il a peut-être du travail. Il a parfois la possibilité de trouver des partenaires libres sur le terrain, de trouver d'autres espaces, ce que demande notre jeu. Ce n'est peut-être pas ce qu'il fait de mieux, mais il y a un développement à faire à ce niveau-là. Il peut ajouter des choses à son jeu, notamment dans la relation avec ses partenaires.(...) S'il n'est pas heureux après avoir marqué deux buts, il doit peut-être aller voir d'autres personnes pour l'expliquer."
La tirade, cinglante, est signée Sampaoli. Elle date du 18 février. À cette époque, pas une conférence de presse sans que l'encombrant sujet ne revienne sur le tapis. Quelques semaines plus tôt, en plein mercato d'hiver, Milik et son clan se sont interrogés : d'abord sur la volonté de l'OM de continuer l'aventure main dans la main, puis sur son avenir en ciel et blanc. Pablo Longoria, qui s'est décarcassé pour l'attirer en Provence, a arrondi les angles. Il a rassuré l'ancien de l'Ajax : il se trouve toujours au centre du projet.
Le sera-t-il encore la saison prochaine, alors que le Torino aimerait en faire le successeur d'Andrea Belotti, mais ne semble pas avoir les moyens de ses ambitions ? Milik, qui va devenir définitivement Olympien après un prêt de 18 mois, peut-il vivre une deuxième année du même acabit, sous les ordres de Sampaoli ? Un départ deviendra-t-il inéluctable ?
Toutes ces questions demeurent sans réponse, actuellement. Au centre Robert Louis-Dreyfus, tout le monde se focalise sur la réception de Strasbourg. Secrètement, Milik doit espérer jouer ce match-là. Les supporters de l'OM, aussi, eux qui ont tellement attendu un attaquant de son pedigree.