Information
Lihadji, l’OM peut perdre sa perle
Les discussions entre la direction du club marseillais et les conseillers du jeune attaquant patinent. Son entourage envisage pour lui un avenir ailleurs qu’en Provence. BAPTISTE CHAUMIER et VINCENT GARCIA
C’est un dossier hautement symbolique pour l’Olympique de Marseille et sa formation, comme l’était celui de Boubacar Kamara, à l’issue heureuse pour le club phocéen. Cette fois, contrairement au cas du défenseur central, les dirigeants marseillais ne sont pas sûrs d’arriver à leurs fins, c’est-à-dire faire signer son premier contrat professionnel à Isaac Lihadji (17 ans).
Les agents du minot, qui a les mêmes représentants qu’Ousmane Dembélé, un joueur dont il est fan, réclamaient initialement 1,5 M€ de prime à la signature et environ 50 000 € de salaire mensuel. À ces conditions, l’attaquant, produit de la formation phocéenne, signerait le plus gros premier contrat pro de l’histoire de l’OM. Mais on en est encore très loin. Les discussions avec le club, entamées depuis plusieurs semaines, sont au point mort.
À l’heure actuelle, son entourage envisage clairement un départ en fin de saison. Le Marseillais aura alors fêté ses 18 ans (le 10 avril 2020) et ses représentants pourront réclamer une coquette commission, ce qui est illégal avant la majorité du joueur.
Si aucun nom de club n’a filtré, c’est bien vers l’étranger que son futur pourrait s’écrire. Déjà très suivi sur le marché européen, l’ailier olympien a vu sa cote encore augmenter pendant la Coupe du monde des moins de 17 ans (26 octobre -17 novembre), sous l’œil protecteur de son entourage, présent au Brésil. Durant cette compétition, il a marqué trois buts et atteint les demi-finales avec les Bleuets.
“Je pourrais en profiter en ce moment, mais pourquoi ? Pour qu’il joue ensuite à Monaco, au PSG ?
André Villas-Boas, entraîneur de Marseille
L’OM a-t-il déjà perdu la partie ? La prudence s’impose quand même dans ce dossier compliqué. Car, à la base, l’attaquant préférait rester à Marseille. Et il y a autour de lui un entourage protéiforme, aux intérêts qui n’ont pas toujours convergé jusque-là, même si, aujourd’hui, l’hypothèse d’un départ semble l’emporter dans son clan.
André Villas-Boas, l’entraîneur de l’OM, sans langue de bois, avait dévoilé mercredi sa vision de ce dossier compliqué : « On attend. Il y a toujours le contact avec son agent, mais je ne peux pas expliquer la situation. J’attends la signature pour lui donner un peu de temps jeu et, à Toulouse (dimanche, 2-0), j’ai choisi Marley (Aké) pour entrer dans les dernières minutes. Tous les deux ont un potentiel énorme. Mais je défends les couleurs du club. Il y a peut-être l’intérêt d’autres clubs et ça commence à jouer sur lui, je ne sais pas. Je pourrais en profiter en ce moment, mais pourquoi ? Pour qu’il joue ensuite à Monaco, au PSG ? Quel intérêt pour l’OM, son club formateur ? Je défends les intérêts du club peut-être contre moi-même. Mais entre Aké, qui a un futur ici, et Isaac, qui hésite, je fais des choix. »
L’entraîneur marseillais, qui a lancé Lihadji chez les pros (2 entrées en jeu en Ligue 1, voir par ailleurs), ne l’a pas pris dans le groupe contre Brest, hier soir, joignant encore les actes à la parole. Lui, comme ses dirigeants, qui n’ont pas voulu s’exprimer hier, sentent bien que la situation est en train de leur échapper.
L'Equipe