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« Ça fait deux ans que j’y pense »
Adil Rami, qui va laisser sa place à Varane samedi contre les États-Unis après deux matches aboutis, avait été déçu de ne pas terminer l’Euro 2016 comme titulaire. Rami : «Ça fait deux ans que j’y pense»
Adil Rami, qui va laisser sa place à Varane après deux matches aboutis, avait été déçu de ne pas terminer l’Euro 2016 comme titulaire. Mais le défenseur central a son importance dans le groupe. VINCENT GARCIA
Au bout d’une saison interminable, belle et cruelle à la fois avec l’OM, Adil Rami en avait encore dans les jambes et le reste du corps pour aller se frotter à Mario Balotelli contre l’Italie (3-1). Vendredi, face à la Nazionale, le défenseur a assuré quand Samuel Umtiti, buteur, a eu plus de mal défensivement. Le Marseillais, cinquante-six matches cette saison, n’est pas rassasié de duels. Après avoir aussi géré contre l’Irlande (2-0, 28 mai), c’est donc à contrecœur qu’il devrait logiquement aller s’asseoir sur le banc pour le dernier match amical contre les États-Unis samedi et, sûrement, pour la plupart des matches de la Coupe du monde. Raphaël Varane, vainqueur de la Ligue des champions avec le Real Madrid, sera opérationnel. « Ce n’est pas moi qui passe le relais, précise Rami, qui remplace dans la liste Laurent Koscielny, blessé au tendon d’Achille. Moi, je ne passe rien du tout, c’est le coach (Didier Deschamps). » Une manière de dire qu’il reste un compétiteur et qu’il se tient prêt.
“Quand je vois la conduite de balle de Dembélé, la puissance et la vitesse de Kimpembe ou de Mbappé… Je me dis waouh ! Cette génération est extraordinaire
À l’Euro 2016, l’homme qu’on n’attend pas avait déjà remplacé le Madrilène, forfait sur blessure. Titulaire, il avait perdu sa place après le huitième de finale contre l’Irlande à Lyon (2-1, 26 juin 2016). Et c’est du banc qu’il a vu Eder donner la victoire au Portugal en finale. « Ça fait deux ans que j’y pense, confie le défenseur. J’aurais aimé jouer toute la compétition. Mon destin en a choisi autrement. J’ai dû me remettre en question et travailler doublement pour avoir la chance de revenir et revivre un moment comme ça. » À trente-deux ans et 35 sélections, Rami, dont c’est sûrement la dernière grande compétition, n’a plus l’âge et le caractère pour bouder. Dans un groupe, il sait apporter sa joie de vivre et son tempérament de gagneur, il l’a montré cette saison à Marseille. « On est privilégiés, donc je ne ferai jamais chier parce que je ne joue pas, assure-t-il. C’est dommage de se retrouver remplaçant, mais c’est un sport collectif donc si on n’accepte pas ça, il vaut mieux faire de la boxe. » Lui qui a connu les A’, mais sa première vraie sélection en 2010, après le fiasco sud-africain, « une période difficile », est vraiment impressionné par ses jeunes coéquipiers : « Quand je vois la conduite de balle de Dembélé, quand je vois la puissance et la vitesse de Kimpembe ou de Mbappé… Je me dis waouh ! Cette génération est extraordinaire. »
VRP de l’OM pour Balotelli
Avec ce potentiel, l’ancien joueur de Lille, Valence CF, AC Milan ou Séville FC estime qu’une finale est envisageable pour les Bleus, comme il y a deux ans. « Ça va se jouer sur l’humilité, estime-t-il. On va être attendus mais on a une belle équipe. On reste outsiders derrière l’Allemagne, le Brésil, l’Argentine, l’Espagne. La Belgique sera là aussi. Et puis, ça ne sera pas facile au premier tour contre le Danemark et attention au Pérou, qui a la technique et la vitesse. Avec l’âge, j’ai appris à être beaucoup plus méfiant et respectueux avec toutes les équipes. »
Cela n’empêche pas de rêver un petit peu : « Si on arrive en finale, j’espère que c’est moi qui vais marquer ! Non, tiens, j’espère que ce sera Kanté qui nous donnera la victoire. C’est un bon copain, on est toujours ensemble. » On aimerait bien voir ça, le discret joueur de Chelsea et l’exubérant Rami n’ayant pas vraiment le même caractère. Sur tous les fronts, le défenseur axial suit aussi l’actualité de l’OM depuis Clairefontaine et sait se transformer en bon VRP, comme avec Balotelli. « Je parle avec Mario et son frère, on se connaît depuis longtemps, admet-il sans peine. Je pense que l’OM peut l’intéresser. Il a la maturité maintenant pour être un leader chez nous. » Comme son entraîneur, Rudi Garcia, qui a bien insisté en interne pour avoir des renforts, sous peine de ne pas prolonger (v oir L’Équipe de lundi ), Rami, « dégoûté » par la fin de saison olympienne (*) mais content d’avoir « gagné le cœur des supporters », sera attentif au mercato estival. « Je suis d’accord avec le coach, c’est un discours de compétiteurs, se félicite-t-il. La concurrence est très importante, c’est ce qui fera avancer le groupe. Il faut encore des joueurs de qualité pour devenir un grand club européen. Des joueurs talentueux mais aussi avec un gros caractère. On n’a pas besoin de frimeurs à l’OM. »