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Rami, tout feu, tout flamme
Le supposé burn-out du défenseur de l’OM a fait causer ces derniers jours. Retour sur la moitié de saison compliquée du champion du monde. Rami, tout feu, tout flamme
Le supposé burn-out du défenseur de l’OM a fait causer ces derniers jours. Retour sur la moitié de saison compliquée du champion du monde. VINCENT GARCIA (avec Ba. C.)
Adil Rami s’est consumé à la Coupe du monde, et même un extincteur n’aurait rien pu y faire. L’homme qui a enchanté les Bleus en Russie l’été dernier par sa bonne humeur et son état d’esprit traverse une période beaucoup moins rose, peut-être l’une des plus compliquées de sa carrière. Depuis qu’il a parlé de « burn-out » chez nos confrères de Canal + pour expliquer sa moitié de saison à l’envers, le voilà revenu au cœur de l’actualité.
Rami (33 ans) s’est confié avec sincérité mais le mot, assez fort, n’a pas fait l’unanimité, y compris en interne à l’OM. À l’extérieur, certains y ont vu une excuse pour masquer ses contre-performances. Le joueur a répondu à ses détracteurs sur les réseaux sociaux d’une manière assez crue. Il est rare qu’un sportif de haut niveau avoue ses faiblesses. Son entraîneur, lui, aurait surtout aimé que son défenseur lui en parle bien avant. « Il n’a jamais utilisé le terme “burn-out”, ça lui a été soufflé, précisait un Rudi Garcia amer vendredi. Je pense qu’il faut avoir du respect pour ce mot-là, parce que les gens qui souffrent de ça ne sont vraiment pas bien, et cela peut aller très loin dans le côté négatif. Adil est loin de ça. Après, quand on ne sent pas bien, il faut le dire. C’est ce qu’il aurait dû faire à cette période. »
Dimanche à Rennes (1-1), Rami a traversé la zone mixte en mangeant son plat de pâtes à emporter, le regard fuyant et le bonjour timide. « Non, ça va bien, ça va très bien », a glissé le défenseur marseillais. Quand on connaît son esprit de compétiteur, le doute est permis. Depuis la trêve, il a perdu sa place de titulaire à l’OM. Aujourd’hui, Garcia fait confiance à la jeune charnière Boubacar Kamara (19 ans) - Duje Caleta-Car (22 ans), et cela ne devrait pas changer à court terme.
Garcia contrarié l'été dernier par sa condition physique
Il va devoir regagner sa place, lui, le patron de l’arrière-garde olympienne qui avait enchaîné les matches la saison dernière jusqu’à devenir le joueur le plus utilisé par Garcia avec Luiz Gustavo. Mais l’épopée en Ligue Europa est loin, le titre mondial aussi. Champion du monde sans jouer une seule minute, Rami, à l’origine de la fameuse histoire de l’extincteur qui avait obligé les Bleus à évacuer leur hôtel en pleine nuit à Istra après le huitième de finale contre l’Argentine (4-3), restera dans les mémoires comme un joyeux remplaçant. La fête, intense, les sollicitations de toute part, la soudaine explosion de sa notoriété, Rami, devenu aussi le chouchou des médias, a profité pleinement de ces moments, avant d’être agacé au fil du temps par les paparazzis sauvages ou les références à sa vie privée avec l’actrice Pamela Anderson.
L’été dernier, les vacances, dont une bonne partie passée à Los Angeles, ont été courtes, trop à son goût. Dingue de sport et de CrossFit notamment, il s’était entretenu mais pas forcément en respectant le programme concocté par le club. Garcia, qui espérait pouvoir compter rapidement sur lui, avait déjà été très contrarié par la condition de son défenseur. Avant d’être agacé ces derniers mois par ses performances. Bien avant son altercation devant les caméras avec son capitaine, Dimitri Payet, lors d’OM-Lazio (1-3, le 25 octobre), Rami était déjà devenu irascible.
À son retour de vacances, il y avait eu quelques tensions avec le préparateur physique Paolo Rongoni, qui ne l’avait pas ménagé. Comme il l’a reconnu, la bonne humeur qui l’escortait a parfois disparu. Les blessures, les méformes, son association avec Gustavo en charnière, qui ne plaît ni à l’un ni à l’autre : sportivement, tout a été difficile. Le joueur a connu quelques naufrages spectaculaires comme à Monaco (3-2, le 2 septembre) ou à Nantes (2-3, le 5 décembre). « Je suis positif, je ne panique pas », disait-il alors en privé. Mais l’envie avait disparu. Les bons moments, eux, ont été rares, sa prestation couronnée d'un but et d'une passe décisive face à Dijon (2-0, le 11 novembre) ou son retour en bleu dans la foulée face à l’Uruguay (1-0, le 20 novembre). Blessé à un genou puis à une cuisse – « une absence qui a été un mal pour un bien » selon lui et qui a surtout permis à Garcia, longtemps hésitant, de mettre de côté un de ses cadres –, Rami n’a pas encore disputé le moindre match en 2019 et trépigne en attendant son tour. Ça peut lui rappeler de bons souvenirs, la Coupe du monde par exemple.
L'Equipe