Transferts : Dario Benedetto, une énigme à la pointe de l'OM ?
Dans le viseur de Marseille, l'attaquant argentin Dario Benedetto a un talent indéniable. Mais il doit retrouver le niveau qui a été le sien physiquement et mentalement, et c'est une mission loin d'être évidente.
Après le Grec Kostas Mitroglou, l'Italien Mario Balotelli, le nouvel avant-centre de l'OM pourrait être argentin. André Villas-Boas a flashé sur le buteur de Boca Juniors Dario Benedetto, buteur énigmatique en quête de rebond. La somme de 16 M€ est évoquée pour le joueur de 29 ans, un pari assez risqué compte tenu du parcours récent du joueur. « Il est quand même surprenant de voir l'OM payer une telle somme alors que Lautaro Martinez, un joueur plus complet et plus jeune, a été acheté à peine plus par l'Inter Milan l'année dernière », s'étonne Jonathan Rinitti, journaliste à la Radio AM970.
À Boca depuis juillet 2016, Dario Benedetto a principalement évolué en pointe dans un 4-3-3. Son physique n'est pas forcément impressionnant au premier abord (1,77 m, 75 kg), mais ce pur avant-centre mise pourtant beaucoup sur celui-ci, avec un profil très sud-américain de bagarreur. Il multiplie les courses, et fonctionne beaucoup à l'instinct. On remarque par exemple qu'il enclenche souvent soudainement du pied droit (son pied fort) à l'entrée de la surface, même si le jeu dicte potentiellement autre chose. « Le style de Benedetto est comparable à celui de l'ancien joueur de Lyon Lisandro Lopez, glisse Olivier Gotteland, agent français basé en Argentine. Il se retourne vite, quand il a le ballon dans les pieds. Il a des appuis courts, il est rapide sur les appels contre appels. C'est un joueur vif, très instinctif. Il aime les situations de contres et la prise de profondeur. »
« Il aime décrocher pour venir participer au jeu »
À l'aise des deux pieds dans la finition, Benedetto est évidemment un joueur de surface avant tout. Mais il dézone régulièrement pour laisser entrevoir une autre facette de son jeu, sa qualité de passe. « Il n'est pas très à l'aise pour aller au combat avec les défenseurs centraux et déteste être isolé. Du coup, il aime décrocher pour venir participer au jeu », observe Jonathan Rinitti. Benedetto aime parfois se muer en numéro 10 en distribuant en profondeur, quitte parfois à abuser de ce dépassement de fonction. Mais ce n'est pas un joueur qui tient particulièrement le ballon. Rapide quand il est lancé, il se laisse parfois emporter par sa fougue, mais n'abdique jamais, avec une bonne connaissance du mot « grinta ». En résumé, c'est un élément difficile à brider tactiquement, assez libre dans ses mouvements et ses choix. Son rendement dépend beaucoup de son mental, et cela découle de son histoire.
mentalement, et c'est une mission loin d'être évidente.
Dario Benedetto, un battant en quête de confiance. (Presse Sports)
Nathan Gourdol (avec Cyril Olivès-Berthet)
mis à jour le 16 juillet 2019 à 10h21
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Après le Grec Kostas Mitroglou, l'Italien Mario Balotelli, le nouvel avant-centre de l'OM pourrait être argentin. André Villas-Boas a flashé sur le buteur de Boca Juniors Dario Benedetto, buteur énigmatique en quête de rebond. La somme de 16 M€ est évoquée pour le joueur de 29 ans, un pari assez risqué compte tenu du parcours récent du joueur. « Il est quand même surprenant de voir l'OM payer une telle somme alors que Lautaro Martinez, un joueur plus complet et plus jeune, a été acheté à peine plus par l'Inter Milan l'année dernière », s'étonne Jonathan Rinitti, journaliste à la Radio AM970.
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Accord entre Dario Benedetto et l'OM selon l'agent du joueur
À Boca depuis juillet 2016, Dario Benedetto a principalement évolué en pointe dans un 4-3-3. Son physique n'est pas forcément impressionnant au premier abord (1,77 m, 75 kg), mais ce pur avant-centre mise pourtant beaucoup sur celui-ci, avec un profil très sud-américain de bagarreur. Il multiplie les courses, et fonctionne beaucoup à l'instinct. On remarque par exemple qu'il enclenche souvent soudainement du pied droit (son pied fort) à l'entrée de la surface, même si le jeu dicte potentiellement autre chose. « Le style de Benedetto est comparable à celui de l'ancien joueur de Lyon Lisandro Lopez, glisse Olivier Gotteland, agent français basé en Argentine. Il se retourne vite, quand il a le ballon dans les pieds. Il a des appuis courts, il est rapide sur les appels contre appels. C'est un joueur vif, très instinctif. Il aime les situations de contres et la prise de profondeur. »
« Il aime décrocher pour venir participer au jeu »
À l'aise des deux pieds dans la finition, Benedetto est évidemment un joueur de surface avant tout. Mais il dézone régulièrement pour laisser entrevoir une autre facette de son jeu, sa qualité de passe. « Il n'est pas très à l'aise pour aller au combat avec les défenseurs centraux et déteste être isolé. Du coup, il aime décrocher pour venir participer au jeu », observe Jonathan Rinitti. Benedetto aime parfois se muer en numéro 10 en distribuant en profondeur, quitte parfois à abuser de ce dépassement de fonction. Mais ce n'est pas un joueur qui tient particulièrement le ballon. Rapide quand il est lancé, il se laisse parfois emporter par sa fougue, mais n'abdique jamais, avec une bonne connaissance du mot « grinta ». En résumé, c'est un élément difficile à brider tactiquement, assez libre dans ses mouvements et ses choix. Son rendement dépend beaucoup de son mental, et cela découle de son histoire.
Benedetto compte 5 sélections en sélection d'Argentine. (Presse Sports)
Un drame a marqué son parcours
Dario Benedetto est un joueur assez insondable, au caractère fort et bouillonnant, tout ce qui plaît généralement aux supporters de l'OM. Mais sa carrière a été jalonnée de hauts et de bas, en commençant par un drame. À 12 ans, alors qu'il dispute une finale avec son équipe de jeunes, sa mère fait un arrêt cardiorespiratoire au bord du terrain, et meurt avant même d'atteindre l'hôpital. Le jeune Dario décide alors de faire une croix sur le football. En plus d'aider son père maçon, il se lance dans la musique avec son frère, avec un certain succès, mais le football finit par resurgir.
« El Pipa » rejoint la réserve de l'Arsenal de Sarandi en 2008, et se révèle véritablement en D2 argentine lors d'un prêt au Gimnasia Jujuy en 2011-2012 (11 buts en 18 matches). Son retour à l'Arsenal de Sarandi est concluant, et Benedetto est acheté par Tijuana à l'été 2013. Au Mexique, ses qualités de buteurs s'expriment pleinement et le Club America, qui l'achète en janvier 2015, remporte deux Ligues des champions Concacaf en grande partie grâce à son talent. Boca Juniors flaire ses qualités et l'avant-centre signe dans le club de coeur de sa mère en juillet 2016.
Après quelques mois d'adaptation, il se fait accepter d'entrée en terminant meilleur buteur du Championnat (21 buts en 25 matches) remporté par Boca. « Joueur de classe mondiale » selon son entraîneur d'alors Guillermo Schelotto, Benedetto reprend la saison 2017-2018 avec le même rythme (8 buts en 9 matches de Superliga). Mais il est fauché en pleine ascension par une rupture des ligaments croisés en novembre 2017.
À la recherche de son niveau perdu
Cette blessure a mis un coup de frein terrible à sa carrière ascendante. « Ce n'est plus le même joueur depuis », regrette Daniel Lopez, journaliste à Fox Sports Argentina. Revenu en début de saison 2018-2019, Benedetto a eu de grosses difficultés sur le plan musculaire au début. Mais son lustre d'avant blessure a rejailli au meilleur moment, dans le dernier carré de la Copa Libertadores en fin d'année dernière. Auteur d'un doublé à l'aller et d'un but au retour en 41 minutes de temps de jeu cumulé, il a été le facteur X en demi-finales contre Palmeiras (2-0 ; 2-2). Il a ensuite été le héros malheureux de la finale mémorable contre River Plate, en marquant à l'aller et au retour, sans pouvoir éviter la défaite de Boca (2-2 ; 1-3 a.p.). On croyait alors le buteur relancé pour de bon, mais ce ne fut qu'une éclaircie, tant son début d'année 2019 a été compliqué.
Il n'a marqué que cinq buts en 21 matches officiels disputés depuis le début de l'année civile, dont trois sur penalties, avec une seule passe décisive. « La question est de savoir s'il retrouvera un jour le niveau qui l'a amené en sélection nationale, avant sa blessure », s'interroge Olivier Gotteland.Benedetto, qui avait connu quatre capes avant sa blessure, est revenue en sélection en entrant 20 minutes contre le Venezuela le 22 mars dernier (1-3). Sa rentrée a été moquée en Argentine, et Lionel Scaloni ne l'a pas retenu pour la Copa America. Buteur en amical contre Guadalaraja le 7 juillet d'une reprise puissante sous la barre, Benedetto a profité de son absence en sélection pour faire du renforcement musculaire. Mais il doit désormais retrouver la confiance, moteur essentiel de son parcours loin d'être linéaire.