Dépassant le scepticisme de Rudi Garcia et d'Andoni Zubizarreta, le président de l'OM est convaincu qu'il peut rafler l'attaquant italien pour une modique somme, une fois son départ à l'amiable de Nice acté.
Libéré, délivré, Mario Balotelli ? C'est le nouveau chapitre d'un formidable conte de fées entre le club marseillais et l'attaquant italien de vingt-huit ans, le prolongement de l'obstination de Jacques-Henri Eyraud. À l'origine de cette piste ravivée depuis quelques jours, le président de l'OM est persuadé que Super Mario a le coeur ciel et blanc. Le 22 août, dans nos colonnes, il n'était pas loin de décrire une prise d'otage de l'OGC Nice sur le pauvre Balo : « À Nice, tout le monde ne voulait pas forcément que le joueur signe à l'OM. Ce n'est pas bien grave et c'est un autre sujet. Mais dire que pour 1,5 M€ on aurait fait le deal, ce n'est pas la réalité et cela ne trompe personne (*). Je pense aussi au joueur. On a beaucoup parlé en son nom, mais on n'a pas beaucoup pensé à son libre arbitre, à sa volonté d'aller jouer dans le club de son choix. »
Le président de l'OM a sondé l'âme de Super Mario pendant sa venue à la Commanderie, le 8 juillet, il a maintenu le contact jusqu'à la mi-août, l'incitant à être d'une infinie patience. Balotelli se voyait déjà à l'OM, comme il le rappelle entre deux bouderies dans le très riche numéro d'Intérieur Sport « Mister Vieira », diffusé mi-décembre sur Canal +. Pour Eyraud, sa première partie de saison n'est d'ailleurs pas sans rapport avec ce transfert avorté vers « le club de son choix ».
Après avoir ravalé sa fierté en août, JHE a surtout vu plusieurs opportunités quand l'entourage de Balotelli lui a parlé d'une résiliation de contrat à l'OGC Nice. Celle de régler ses comptes avec Julien Fournier, le directeur général local, en concluant un dossier symbolique sans que le club azuréen n'ait son mot à dire. Et celle d'avoir un grand attaquant à bas coût, dans un timing rapide, car il pense Mario Balotelli aux abois et carrément prêt à baisser ses prétentions en termes de rémunération, sur un bail assez court (dix-huit mois ?).
Le facteur Raiola
Mino Raiola, l'agent du buteur italien, n'est guère évoqué dans ce paysage idyllique. L'été dernier, il était pourtant dépeint par l'état-major olympien comme le grand requin blanc des Dents de la mer, demandant des contrats courts et pharaoniques, des commissions infernales et une prime à la signature mémorable. En attendant de savoir si Mino est devenu Nemo, on notera qu'un club chinois est venu aux nouvelles pour « Balo », ainsi que plusieurs formations de Premier League, dont Newcastle. Des boards capables de dégainer de vraies primes à la signature, quand les comptables de l'OM s'arrachent déjà les cheveux devant l'éventuelle intégration de Balotelli dans la masse salariale de l'OM, déjà boursouflée, et n'imaginent pas l'Italien gagner moins qu'à Nice (500 000 € bruts).
Balotelli comme Eyraud espèrent un dénouement rapide, d'autres acteurs sont plus sceptiques. Au sein du club, l'épisode Balotelli divise. Andoni Zubizarreta fait le job avec flegme, mais ne partage pas l'enthousiasme de son président. Il était déjà dans cet état d'esprit lors de l'arrivée clinquante de Payet (recruté à West Ham pour 29 M€ en janvier 2017) ou lors du départ précipité d'Anguissa (parti contre 30 M€ à Fulham cet été), mais il ne se plaindra pas publiquement. Fervent partisan de l'Italien l'été dernier, Rudi Garcia a déjà composé avec ce type de caractère, mais le contexte est plus délicat, dans un vestiaire qu'il lui faut sans cesse rassembler, entre le spleen de Payet à chasser ou les stats de son meilleur buteur Thauvin à préserver. Après son mercato d'été raté, l'entraîneur n'a plus la même aura.
Eyraud peut rêver de sa vedette à peu de frais. Frank McCourt, le propriétaire, confiait l'été dernier : « Nous ne sommes pas attirés par ce qui brille, par des histoires d'un jour. » Quand même, JHE lui offrirait bien Balotelli pour quelques mois.
(*) Dans nos colonnes, le 21 août, le président niçois, Jean-Pierre Rivère avait estimé que Marseille avait « raté Mario pour 1,5 M€ ».
L'Equipe