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Chez lui, Strootman marche à l’ombre
Recrue phare de Marseille cet été, le Néerlandais souffre d’un manque de reconnaissance aux Pays-Bas. Bien qu’étant l’un des capitaines, il ne devrait pas débuter, ce soir. Chez lui, Strootman marche à l’ombre
Recrue phare de Marseille cet été, le Néerlandais souffre d’un manque de reconnaissance aux Pays-Bas. Bien qu’étant l’un des capitaines, il ne devrait pas débuter, ce dimanche soir (20h45), contre l'équipe de France. BERNARD LIONS
Kevin Strootman retrouvera la pelouse du Stade de France avec une légère appréhension, ce soir. Et pas seulement parce que le milieu néerlandais (28 ans, 42 sélections et 3 buts) risque de ne pas débuter ou qu'il se sait désormais attendu par le public français depuis son transfert à Marseille, le 28 août (pour 28 M€, bonus compris). Revenir à Saint-Denis lui rappellera surtout un mauvais souvenir. Celui d’un genou gauche abîmé face aux Bleus, juste avant la pause (sorti à la 38e), le 5 mars 2014 (0-2).
Quatre jours plus tard, lors d'un match de Serie A contre Naples, le joueur de l'AS Rome est victime d'une déchirure des ligaments croisés au même genou. S’en est suivie une longue traversée du désert de plus de deux ans. En son absence, les Pays-Bas se sont hissés jusqu’à la troisième place de la Coupe du monde au Brésil. Et depuis son retour en sélection, le 27 mai 2016, en Irlande (1-1), les Orange ne brillent plus sur la scène internationale. Absents de l’Euro 2016, ils l’ont été également de la Coupe du monde en Russie.
“Ce n’est pas un mauvais joueur, mais depuis son retour en sélection, il y a deux ans, il n’est pas bon
Johnny Rep, ancien attaquant international néerlandais
Avoir été éjecté bien malgré lui du bon wagon au mauvais moment, c’est-à-dire juste avant le Mondial 2014, explique l’aura toute relative dont il jouit dans son pays. « Pour le moment, sa notoriété n’a rien à voir avec un Van Bommel, par exemple, confirme Johnny Rep, meilleur buteur de l’histoire des Pays-Bas en Coupe du monde (7 buts). Ce n’est pas une star chez nous. »
Il existe au moins deux autres raisons à cela : la première tient à sa personnalité. Boudewijn Zenden, l’un de ses lointains prédécesseurs au poste de milieu de terrain à l’OM (2007-2009), développe : « Il n’a pas de coupe de cheveux excentrique. Pas plus que vous n’entendrez de choses bizarres sur lui. C’est pour ça qu’il reste en dessous des radars. » La seconde explication se concentre autour de ses prestations avec les Pays-Bas, qui lui vaudront sans doute de débuter sur le banc pour la troisième fois lors de leurs cinq dernières sorties. « Ce n’est pas un mauvais joueur, mais depuis son retour en sélection, il y a deux ans, il n’est pas bon, observe Rep. Il a d’ailleurs été sorti dès la mi-temps face au Pérou, jeudi (2-1, en amical). C’est pourquoi, et même si ça reste un gagneur sur le terrain, il me semble que Marseille a payé beaucoup d’argent pour un joueur comme lui. Mais bon, l’entraîneur (Rudi Garcia) avait déjà été le sien à l’AS Rome (2013-2016), qui a aussi acheté beaucoup d’autres milieux cet été. C’est peut-être aussi pour ça qu’il est parti. »
“C’est un organisateur d’équipe et un poids lourd dans un vestiaire
Boudewijn Zenden, ancien milieu de l’OM et des Pays-Bas
Si son transfert à l’OM a fait sensation en France, il n’a guère été commenté aux Pays-Bas. Celui de son compatriote Memphis Depay, passé de Manchester United à Lyon en janvier 2017 (25 M€ bonus compris), a reçu un bien plus grand écho. Malgré son passé en sélection – il y a débuté à vingt ans, le 9 février 2011, contre l’Autriche (3-1) –, Strootman n’en est toujours pas l’une des vedettes. Ce statut revient aujourd’hui au Lyonnais, auteur de six buts lors de ses huit dernières sélections.
Cela n’empêche toutefois pas le néo-Marseillais de s’imposer comme l’un de ses nouveaux capitaines, après Van Dijk, depuis le retrait d’Arjen Robben et de Wesley Sneijder. « Comme Danny Blind, Fred Grim et Dick Advocaat avant lui, Ronald Koeman, le nouveau sélectionneur (depuis le 6 février), lui a accordé sa confiance », reconnaît Rep, étonné de constater que les quatre derniers sélectionneurs des Pays-Bas ont confié le brassard à Strootman (à 7 reprises lors de ses 17 dernières capes).
« Ce n’est quand même pas pour rien, non ? lui répond Zenden. Si l’OM voulait un grand attaquant, il a, avec lui, un grand joueur. En plus de son mental et de son intelligence, c’est un organisateur d’équipe et un poids lourd dans un vestiaire. Assez calme et très professionnel, il sait très bien ce qu'il faut faire ou ne pas faire. Il parle quand c’est nécessaire. Contre la France, il va jouer comme d’habitude, avec le couteau entre les dents. Parce qu’il possède une mentalité de guerrier. La manière dont il est parvenu à se relever de sa grave blessure au genou prouve tout. » Ce soir, Strootman essaiera de définitivement l’oublier et de se faire, enfin, un nom avec sa sélection.
L'Equipe