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OM : Nemanja Radonjic, quand l'espoir fait vivre
Après une saison décevante pour lui et l'ensemble de son club, Nemanja Radonjic va tenter de justifier l'investissement entrepris par l'OM l'an dernier. Et l'arrivée d'André Villas-Boas à Marseille pourrait bien faire renaître l'insouciance de ce jeune homme au cheminement saccadé.
«On répète souvent les mêmes erreurs, ça devient embêtant. Il faut continuer à montrer à certains d'entres nous, notamment ceux qui sont arrivés, Duje (Caleta-Car) et Nemanja (Radonjic), qu'il y a des choses à apprendre vite.» Au sortir d'un piètre match nul contre l'Apollon Limassol lors de la deuxième journée de la phase de groupes de Ligue Europa, en octobre dernier (2-2), Rudi Garcia n'avait pas eu la langue dans sa poche concernant deux de ses nouveaux poulains. Le second, déjà coupable d'une relance hasardeuse dans les ultimes secondes lors de la première journée face à l'Eintracht Francfort (1-2), connaissait un début d'aventure cauchemardesque. Et face à la critique acide de son propre entraîneur, difficile de rebondir et de garder le sourire. Peinant à faire son trou, Nemanja Radonjic n'est jamais parvenu à justifier son statut dans la cité phocéenne : celui d'un grand espoir du football serbe à la technique aiguisée, rempli de culot et de tranchant.
«Il y avait d'énormes attentes placées en lui et il avait répondu présent jusqu'ici», se remémore Lazar van Parijs, rédacteur pour Footballski, qui suit le bonhomme depuis de nombreuses années. Une réputation à laquelle le technicien français avait déjà succombé, lorsqu'il était à la tête de la Roma. Alors qu'il n'était âgé que de 17 ans, la Louve décidait d'enrôler, en janvier 2014, l'ailier serbe en échange de 4 millions d'euros dans la tirelire du Viitorul Constanta (Roumanie). Le début d'un long calvaire pour le jeune Nemanja.
Parcours tortueux
Ne parlant pas un mot d'italien, Radonjic est alors frappé par le mal du pays et ne peut se cramponner qu'à son compatriote, ami et alors coéquipier, Adem Ljajic. Ne chaussant que peu de fois ses crampons avec la Primavera, le Serbe est bazardé de prêt en prêt par la Roma. Empoli d'abord, club dans lequel il sera mis sur la touche tout au long de son séjour par Maurizio Sarri, puis au FK ?ukari?ki en 2016, en Serbie, où il retrouve quelques couleurs. Avant d'exploser sous les couleurs de l'Étoile Rouge de Belgrade lors de l'exercice 2017-18, et de s'affirmer comme un joueur de premier rang. «En Serbie, il a une bonne image. Celle d'un joueur très fort techniquement, capable de faire de grosses différences en un contre un», poursuit Lazar van Parijs. Au terme d'une saison remarquable, au cours de laquelle l'Étoile regoûtait enfin aux joies de la Ligue des champions après 26 ans de disette, Nemanja Radonjic se risquait une nouvelle fois à une expérience éloignée de sa terre natale. Pour un résultat mitigé donc.
«Tout le monde en Serbie était très heureux de le voir confirmer son potentiel à l'Étoile Rouge. Mais force est de constater que ç'a été difficile pour lui la saison dernière avec l'OM. Mais il faut remettre tout cela dans le contexte marseillais de l'année passée, ce n'était pas jojo, disons-le», regrette Lazar van Parijs. Un constat que ne peut que partager Dimitri, fervent supporter de l'Olympique de Marseille. «Avec Rudi Garcia, il n'a pas vraiment eu l'opportunité de s'exprimer. Du fait de l'absence de temps de jeu, mais aussi d'idées collectives, explique-t-il. Il ne parvenait pas vraiment à se fondre dans le collectif, parce qu'on lui demandait des choses à l'opposé de ce qu'il peut faire.»
arré par le profil de Lucas Ocampos côté gauche, placardisé par son coach, Nemanja Radonjic a longtemps rongé son frein. Devant se contenter de bouts de match et, dans la mesure du possible, de quelques titularisations, le milieu offensif n'a pas fait trembler les filets adverses. Ni même distillé une seule passe décisive en 17 apparitions en Ligue 1... «En le sabrant de la sorte en conférence de presse, Rudi Garcia ne l'a pas mis dans les meilleures conditions, déplore Dimitri. Je ne suis pas non plus persuadé que ce soit un joueur d'une très grande intelligence sur un terrain, mais il lui fallait quelqu'un qui le pousse pour qu'il puisse réussir. Et ce n'était pas le cas avec Garcia malheureusement.»
Détermination, exigence et conviction
Débordant d'envie, Nemanja Radonjic, après avoir repris au petit trot suite à sa participation à l'Euro Espoirs avec sa sélection, s'est joliment signalé lors des derniers matches de préparation des siens. Contre DC United notamment, en plantant un pion dans ce qui a été une promenade de santé pour les Olympiens (8-1). Absent au début de l'été, lorsque l'OM était balayé par Accrington (1-2) et les Glasgow Rangers (0-4), le Serbe espère bien se retrouver. «Il a une drôle de réputation en Serbie, celle d'être une tête brulée, mais il a du talent», éclaire Lazar van Parijs. Dimitri, lui, abonde dans le même sens. «Il est plutôt véloce, bon dribbleur, et il une bonne technique de frappe.»
Pour s'imposer, Nemanja Radonjic compte bien prouver son talent à son nouveau boss, André Villas-Boas. Et pour l'instant, le Portugais n'a pas caché son contentement le concernant. «Il a apporté sa vitesse dans le match, une rencontre dans laquelle on jouait bien, mais sans trop d'intensité. Il a apporté de la profondeur, c'était très bien, s'était réjoui le Portugais après la victoire de ses ouailles face à l'ASSE (2-1). Il a fait un bon match sur son côté gauche, il va encore gagner en confiance.»
Bien en jambes, et sans doute plus inspiré qu'il ne l'était l'an dernier, Nemanja Radonjic aura pourtant fort à faire face à la concurrence de Dimitri Payet. Néanmoins, l'ancien de la Roma caresse l'espoir de tirer, enfin, son épingle du jeu après une longue saison d'adaptation au football français. «Il a un profil qu'on n'avait pas dans l'effectif. La saison dernière, il partait de trop bas sur le terrain pour faire des différences. Du coup, il n'avait plus la lucidité nécessaire pour faire des différences dans les derniers mètres, démontre Dimitri. Mais lors de cette préparation, il a montré de bonnes choses, comme s'il paraissait métamorphosé. L'équipe est, je crois, plus équilibrée, et récupère le ballon un peu plus haut. Forcément, ça l'aide.» Reste maintenant à afficher de nouvelles résolutions et de solides dispositions pour repartir du bon pied.