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« Gros nounours » est devenu « Thor »
Duje Caleta-Car a vécu des débuts compliqués. Mais, depuis un mois, il est l'un des héros de la défense de l’OM. Une métamorphose dont témoignent les surnoms donnés par ses coéquipiers.
La stat s’avérait aussi cruelle que douloureuse. Duje Caleta-Car (22 ans) a disputé neuf rencontres en 2018 avec l’OM, pour une seule victoire, à Nice (le 21 octobre). La nouvelle année a commencé sur le même mode pour le défenseur central, égaré dans un naufrage collectif en Coupe de France face à Andrézieux (N 2, 0-2). Arrivé pour former une charnière centrale de malabars avec Adil Rami, le « gros nounours » – comme l’appelle son ex-coéquipier Grégory Sertic –, qui s’en va respirer dès qu’il le peut sur le rocher monégasque, ressemblait, jusqu'à peu, à une espèce en voie d’extinction pour la seconde partie de saison.
« À l’entraînement, j’étais marqué par sa relance longue, sans panique, propre. Mais en match, Duje n’a pas eu de rendez-vous faciles. Il a débuté à Nîmes (1-3, le 19 août), il a été relancé deux fois face à Francfort(1-2, 0-4), il a subi contre Limassol (1-3, le 13 décembre) après l’expulsion précoce de Bouba Kamara, confie Sertic, parti au FC Zurich. Vraiment, il n’a pas eu de chance. »On ne pouvait imaginer de pire bizutage, une immersion estivale aux Costières alors qu’il ne connaît pas la L 1 et a besoin de s’affiner, suivi d’une rencontre par-ci, par-là, pour combler les compos d’équipe. Et puis Adil Rami s’est blessé, et puis Luiz Gustavo a déjoué une nouvelle fois à un poste qui n’est pas le sien, et puis Rolando a commis l’erreur de trop. Revoilà Duje le 5 février, pour un OM-Bordeaux, crucial pour le destin de son équipe et de son entraîneur (1-0). Il n’a plus quitté le onze de départ, depuis, et l’arrière-garde olympienne multiplie les signaux positifs, avec seulement deux buts encaissés sur les six derniers matches de L 1 (zéro en quatre réceptions au Vélodrome).
« Ce n’était pas facile, il a pris ses marques, de la confiance, il s’épanouit aux côtés du jeune Bouba. Ça commence à payer. Il enchaîne les matches, cela lui fait du bien,confie Bouna Sarr. Il montre ce qui était frappant la saison dernière lors des confrontations avec Salzbourg : il m’avait impressionné par son gabarit et surtout ses capacités techniques, il a un excellent jeu long, de jolies diagonales. Il est dur sur l’homme, dans l’impact physique, il répond présent. » Sarr sourit en pensant à celui qu’il surnomme « Thor », pour sa ressemblance avec le personnage musculeux des Avengers : « On est tous contents pour le grand Duje (1,92 m) !J’aime bien l’embêter. Il était très timide, très réservé à son arrivée, avec la barrière de la langue, il n’était pas au mieux, restait le plus souvent avec Nemanja (Radonjic). Il se lâche davantage, on découvre un mec gentil et calme. » Sertic confirme : « C’est une super bonne personne, taquine, un coéquipier sur qui tu peux compter. Il échange de plus en plus avec Bouba (19 ans), ils forment une paire très jeune, mais on a l’impression qu’ils ont l’expérience de vieux briscards. La sélection croate fait énormément de bien à Duje. »
Malgré son âge, le Croate formé dans le Championnat autrichien (voir ci-dessous) a déjà un riche parcours. Au point que certains, au club, aimeraient le voir prendre davantage la parole sur le terrain, être encore plus directif. « Il a l’étoffe pour commander la défense », assure un membre du staff olympien. Pressé de toutes parts en début de saison, il a désormais le temps pour lui. Il rêve d’un but sur coup de pied arrêté, où il est au cœur de certaines stratégies répétées à l’entraînement, et il sait même qu’on lui pardonnera quelques erreurs juvéniles. Il est programmé pour diriger.