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Quatre ans après son arrivée à l'OM, Duje Caleta-Car reste une énigme
Acteur majeur, par sa bévue, de la demi-finale à l'aller, le défenseur croate de l'OM, arrivé il y a quatre ans, reste une personnalité insondable.
Mais que cache-t-il ? Derrière ce regard sombre, ce visage barbu souvent fermé, que dissimule Duje Caleta-Car ? Quatre ans que le Croate a débarqué à Marseille après avoir été remarqué par Rudi Garcia avec Salzbourg, quatre ans que « DCC » promène sa musculeuse silhouette à la Commanderie.
Et il flotte toujours au-dessus du grand défenseur (25 ans) comme un mystère. Entre l'homme capable, à l'été 2021, malgré les menaces de mise à l'écart à peine voilées de ses dirigeants, de fermer son téléphone et de demander à ses agents d'en faire de même le 31 août pour résister à la pression d'être transféré (Wolverhampton, West Ham), le taiseux nounours, et ses quelques mots de français, qui ne se lance que rarement dans de longs échanges, le joueur capable, en première ligne au Groupama Stadium, en novembre 2021, devant le virage lyonnais, juste après le jet de bouteille sur Dimitri Payet, de crier toute sa rage, ou le défenseur, totalement effondré la semaine dernière après son erreur de relance grossière sur le 3e but de Rotterdam, que retenir ?
Les points communs ne sautent pas aux yeux. Alors, pour tenter de comprendre Duje Caleta-Car, il faut sans doute s'éloigner de Marseille et faire un tour dans les montagnes autrichiennes. Là où, après sa formation à l'HNK Sibenik, il a débarqué à 17 ans, tout aussi discret : « Si je devais décrire le visage de quelqu'un qui aime aller à la pêche et passer des heures tout seul, tranquille, je penserais à Duje, lâche, dans un rire, Peter Zeidler, qui a dirigé le Croate au FC Liefering puis à Salzbourg. Ce n'est pas quelqu'un qui va s'occuper ou réfléchir aux problèmes de l'humanité. Il aime le calme, la tranquillité, les barbecues avec les copains. Il n'a pas ce caractère avenant, qui parle. Ce n'est pas un leader naturel, Duje. Si tu es son coach, et que tu attends ça, tu ne l'auras pas. Il n'en est pas capable. Là où un Gendouzi va être leader dans l'exemple, Duje sera plus en retrait. » « Ce qui m'avait marqué, c'est ce côté casanier et surtout introverti, prolonge Jérôme Onguéné, son ex-coéquipier à Salzbourg. Ce n'est pas quelqu'un qui, quand ça ne va pas, va gueuler. Duje, il s'y prend autrement, par de petits mots, simples. »
De Rudi Garcia à André Villas-Boas, à Marseille, ils ont été nombreux à attendre que Caleta Car révèle son caractère. Qu'il recadre les uns et qu'il dirige les autres. Tous sont restés sur leur faim. Non, le grand défenseur, aux performances sinueuses, passé d'une année à l'autre de presque placardisé à titulaire (ou inversement), n'a pas grand-chose de commun avec le volubile et sanguin Alvaro Gonzalez, qui clame son amour de l'OM tous les matins. Face au mutique Caleta-Car, certains techniciens ont craqué. À l'automne 2020, « AVB », lassé par le silence du Croate, lui reproche, à lui et Radonjic, devant le vestiaire, de ne pas faire assez d'efforts dans sa maîtrise de la langue française.
Un épisode marquant chez le joueur : « Dans son éducation, Duje a appris qu'on devait masquer ses émotions. Il joue un rôle. Celui d'un défenseur dur, concentré, taiseux. Dans la grande tradition des défenseurs de l'ex-Yougoslavie, décrypte Peter Zeidler. Sa marge de progression, elle se situe sans doute aussi dans cette capacité à sortir de ce rôle-là. Si j'étais encore son coach, je lui dirais ça : "Sors de ce rôle !" C'est dommage, il est très attachant, Duje. On devrait l'encourager à extérioriser davantage. Il a cette intelligence sociale et émotionnelle : il sait ce que les autres ressentent. »
Jorge Sampaoli, qui ne l'a considéré comme un maillon essentiel qu'à partir du mois d'octobre 2021 et lui reproche d'avoir parfois la tête ailleurs, est confronté à la même problématique : « Je lui dis qu'il pourrait extérioriser. Il a beaucoup de qualités mais il a cette personnalité, un peu trop introvertie. On a l'impression qu'il ne s'implique pas. S'il arrivait à extérioriser, ça l'aiderait beaucoup. » Caletar Car, apprécié par le groupe, peut-il évoluer ?
Parmi ses proches, on indique que l'épisode de Liverpool - qui avait valu à l'époque aux dirigeants marseillais un WhatsApp salé du joueur - a marqué une rupture dans son histoire marseillaise : « Dans le cas de Duje, sans entrer dans les clichés, je pense que ce côté croate, fier, peut être une explication à cette distance qu'il met aujourd'hui », explique un proche du vestiaire olympien. De lui, les fans de l'OM ne retiendront pas le caractère. Mais ce jeudi soir, « DCC » aura l'occasion de laisser une profonde trace dans son histoire marseillaise.