Information
Avant l'accueil de Dijon ce dimanche soir (21h) au Vélodrome, l'avant-centre marseillais raconte son rapport au jeu, entre adaptation et jugeote.
MARSEILLE – Ses cheveux ont blondi, ses joues ont viré au teint mat de bon ton en Provence. Valère Germain s'est déjà fondu dans le paysage, alerte sur le terrain, apprécié de son coach, de ses coéquipiers et du public. À vingt-sept ans, il entend prendre une nouvelle dimension mais ce ne sera pas en filant chez le tatoueur local ou un coiffeur iroquois. Au clinquant et aux fulgurances, il oppose une minutie de tous les instants dans son job d'avant-centre.
«L'OM vous avait approché à l'été 2016, sans suite. Cette année, vous leur avez dit oui. Pourquoi ?
Ils m'avaient contacté mais je sentais que le projet n'était pas forcément aussi bien structuré et ambitieux qu'il l'est cette année. Pendant la préparation, à Monaco, j'ai vu quelque chose de fort en train de naître, j'avais envie de faire partie de cette aventure. L'arrivée d'Antonio Cordon comme directeur sportif a été décisive dans le fait que je reste.
Pourquoi ?
A l'époque, Monaco jouait avec une seule pointe et même si j'avais fait une bonne saison à Nice, on m'a dit que Falcao serait l'attaquant numéro 1. Moi, je voulais jouer, j'avais étudié différentes options pour partir, mais Cordon est arrivé. Il venait de Villarreal, un club qui me suivait, qui avait déjà appelé mon agent. Cordon a dit : “Non, lui, il ne bouge pas.” Il a discuté avec le coach pour que je reste, que je joue, pour qu'on tente d'évoluer en 4-4-2. Pendant la préparation, le coach a essayé, le système a été bénéfique pour nous toute la saison. Aujourd'hui encore, il l'utilise.
Malgré cela, vous avez choisi de partir, à l'issue d'une saison mémorable où vous avez été l'attaquant le plus utilisé par Leonardo Jardim...
Oui, certains disent que je n'ai pas été titulaire à Monaco, mais j'ai commencé 27 matches de Ligue 1 ! Cela prouve l'importance que j'ai eue dans la saison. Mais j'ai senti que j'étais davantage désiré ici.
Rudi Garcia vous a-t-il donné des garanties sur votre temps de jeu, sur votre utilisation ?
Des garanties, il y en a, après c'est la concurrence. Il est rare qu'un entraîneur vous dise : “Tu seras titulaire toute la saison.” Mais il m'a parlé plusieurs fois au téléphone pendant les vacances, il m'a dit qu'il voulait un profil comme le mien dans son effectif. Ses paroles étaient sincères. Après, le temps de jeu, on connaît la règle : si on est bon, on joue, si on n'est pas bon, on ira s'assoir sur le banc de temps en temps.
Vous restez sur deux très bonnes saisons en L1, avec Nice puis Monaco. Laquelle vous a semblé la plus aboutie, dans le jeu ?
Ce sont des saisons différentes, mais j'ai pris autant de plaisir. C'était quasiment les mêmes schémas à deux attaquants, dans des styles très distincts. Nice, c'était basé sur la possession de balle, Monaco sur la vitesse devant, les centres. J'ai beaucoup appris pendant ces deux années. Avec Monaco, on a été champion, donc il y a peut-être plus de satisfaction collective.
Pensez-vous avoir changé de statut ? Vous avez eu longtemps l'étiquette d'un numéro deux : êtes-vous devenu un leader d'attaque ?
Les statistiques montrent que je l'ai été à Monaco la saison passée, même si ce n'est pas ce qui ressort. Je l'ai été à Nice, aussi, donc je veux l'être ici.
L'OM cherche un grand avant-centre. Cela vous agace ?
Non, parce que le coach m'avait prévenu avant que je signe. Il était intéressé par mon profil mais il voulait que Bafé reste, à l'époque. Et si Bafé ne restait pas, il chercherait un joueur avec les mêmes caractéristiques. Il a été très clair dès le départ : il voulait deux attaquants avec deux profils différents. Si un attaquant arrive, on l'accueillera avec plaisir et on fera en sorte d'évoluer ensemble, pourquoi pas.
L'idée était-elle de vous associer à Gomis ?
Non, il m'avait dit qu'on verrait, qu'il voulait le système qui ferait gagner l'OM, avec un, deux, trois attaquants... l'important c'est que l'OM gagne. Il aime le 4-3-3, peut-être qu'on changera si quelqu'un arrive, je n'en sais rien. Il m'a dit aussi que je pouvais jouer à plusieurs postes devant. Il y aura énormément de matches. Si je continue à marquer, il n'y aura pas de souci pour moi.
Vous n'êtes donc pas seulement un attaquant de 4-4-2 ?
Ce cliché-là existe. A Nice, j'étais devant avec Pléa, mais il a été longtemps blessé. Et même si, dans le système, on était à deux devant avec Hatem, il n'est pas vraiment attaquant donc il décrochait beaucoup, je me retrouvais en pointe, comme aujourd'hui. Mais ce n'est pas le fait de jouer à deux, à trois, tout seul, c'est une question d'animation offensive. A l'OM, j'ai du monde près de moi, de très bons passeurs. Je suis sûr que je vais me régaler et mettre des buts. Si ça dédouble, si on joue comme en ce moment, avec beaucoup de centres, il n'y aura aucun problème.
Vous n'êtes pas vraiment une tête d'affiche. Est-ce dû à votre caractère ou à votre profil technique ?
Sans doute un peu des deux. Je suis simple, posé. Et on parle davantage de ceux qui vont vite, qui dribblent. J'ai peut-être un profil qui plaît au vrai connaisseur de football : les déplacements, l'intelligence de jeu.
On dit souvent que les attaquants sont égoïstes, obsédés par le but. Vous n'êtes pas vraiment dans cette case-là, si ?
Je recherche quand même le but ! Les statistiques sont très importantes pour un attaquant, j'ai envie de les améliorer et je vais les améliorer cette année. Mais c'est sûr que si je vois quelqu'un de mieux placé que moi, je ne vais pas chercher la frappe.
Vous faites beaucoup de courses défensives aussi.
Pour moi c'est assez naturel. Je ne vois pas pourquoi un attaquant ne pourrait pas aider l'équipe alors que lui a besoin des autres pour marquer. Quand je suis arrivé, Pat' Evra m'a dit : C'est bien que tu coures, que tu défendes, mais essaye de faire moins de courses pour être le plus possible dans la surface, lucide.
Cavani dit avoir besoin de courir pour être bon...
Moi aussi, j'en ai besoin ! Il faut que je sois dans l'énergie, que je coure, que je défende, pour me sentir utile et me sentir bien physiquement. Je ne peux pas seulement attendre les ballons.
On parle beaucoup de 4-4-2, de 4-3-3. Mais cela change quoi, concrètement, pour vous ?
Franchement, c'est pareil. Contre Ostende à l'aller, par exemple, on a vu souvent Sanson dans la surface, Payet, Thauvin aussi. Le 4-3-3 peut être différent si l'attaquant est seul devant, comme on voit parfois en Angleterre, où ils lancent de longs ballons vers l'avant-centre en disant ''démerde-toi''. Mais si c'est un 4-3-3 où les lignes sont serrées et où les milieux participent beaucoup, cela ne change pas beaucoup du 4-4-2.
Et le fait de jouer contre deux ou trois centraux ?
Sur les centres, cela change, parce qu'il y a plus de présence défensive dans la surface. Moi, j'aime bien m'intercaler entre les lignes, être à la limite du hors-jeu, et même carrément derrière les défenseurs, pour essayer de me faire oublier. C'est le coach Puel qui m'a fait beaucoup progresser là-dessus. Se faire oublier, et quand le partenaire relève la tête, revenir dans le jeu, repartir pour faire l'appel. Quand on ne voit pas un attaquant de temps en temps, ce n'est pas plus mal : il faut se faire oublier et réapparaître au bon moment.
Le placement, il est davantage fonction des défenseurs que des partenaires ?
Les deux. Si le ballon est à gauche, j'aime bien me mettre à droite derrière le dos du défenseur. S'il doit regarder le ballon et regarder derrière lui en même temps, c'est compliqué pour lui ! Donc au moment où il regarde le ballon, je peux en profiter pour essayer de passer devant lui. C'est un jeu qu'il faut avoir avec le défenseur.
Vous avez joué avec des partenaires d'attaque très différents, et cela a toujours fonctionné.
Il faut savoir s'adapter. Quand je joue avec Falcao, je sais qu'il va être dans l'axe, et moi je vais faire des appels sur les côtés et prendre la profondeur. Quand c'est avec Kylian (Mbappé), c'est l'inverse. Avec Hatem (Ben Arfa), c'était encore différent, je devais rester dans le rôle d'attaquant parce qu'il aime décrocher. Berbatov est plus statique mais sent super bien le jeu, sur une touche il peut te décaler et te faire marquer. J'ai progressé avec tous les attaquants avec lesquels j'ai joué.
Vous êtes-vous fixé des objectifs pour cette saison ?
Faire mieux que ma meilleure saison. J'avais mis quatorze buts à Nice, donc je voudrais m'approcher de la barre des vingt. Ici, il y a des joueurs qui ont plaisir à faire des passes décisives, je n'ai plus qu'à être adroit ! On va faire une belle saison.»
MARSEILLE – Ses cheveux ont blondi, ses joues ont viré au teint mat de bon ton en Provence. Valère Germain s'est déjà fondu dans le paysage, alerte sur le terrain, apprécié de son coach, de ses coéquipiers et du public. À vingt-sept ans, il entend prendre une nouvelle dimension mais ce ne sera pas en filant chez le tatoueur local ou un coiffeur iroquois. Au clinquant et aux fulgurances, il oppose une minutie de tous les instants dans son job d'avant-centre.
«L'OM vous avait approché à l'été 2016, sans suite. Cette année, vous leur avez dit oui. Pourquoi ?
Ils m'avaient contacté mais je sentais que le projet n'était pas forcément aussi bien structuré et ambitieux qu'il l'est cette année. Pendant la préparation, à Monaco, j'ai vu quelque chose de fort en train de naître, j'avais envie de faire partie de cette aventure. L'arrivée d'Antonio Cordon comme directeur sportif a été décisive dans le fait que je reste.
Pourquoi ?
A l'époque, Monaco jouait avec une seule pointe et même si j'avais fait une bonne saison à Nice, on m'a dit que Falcao serait l'attaquant numéro 1. Moi, je voulais jouer, j'avais étudié différentes options pour partir, mais Cordon est arrivé. Il venait de Villarreal, un club qui me suivait, qui avait déjà appelé mon agent. Cordon a dit : “Non, lui, il ne bouge pas.” Il a discuté avec le coach pour que je reste, que je joue, pour qu'on tente d'évoluer en 4-4-2. Pendant la préparation, le coach a essayé, le système a été bénéfique pour nous toute la saison. Aujourd'hui encore, il l'utilise.
Malgré cela, vous avez choisi de partir, à l'issue d'une saison mémorable où vous avez été l'attaquant le plus utilisé par Leonardo Jardim...
Oui, certains disent que je n'ai pas été titulaire à Monaco, mais j'ai commencé 27 matches de Ligue 1 ! Cela prouve l'importance que j'ai eue dans la saison. Mais j'ai senti que j'étais davantage désiré ici.
Rudi Garcia vous a-t-il donné des garanties sur votre temps de jeu, sur votre utilisation ?
Des garanties, il y en a, après c'est la concurrence. Il est rare qu'un entraîneur vous dise : “Tu seras titulaire toute la saison.” Mais il m'a parlé plusieurs fois au téléphone pendant les vacances, il m'a dit qu'il voulait un profil comme le mien dans son effectif. Ses paroles étaient sincères. Après, le temps de jeu, on connaît la règle : si on est bon, on joue, si on n'est pas bon, on ira s'assoir sur le banc de temps en temps.
Vous restez sur deux très bonnes saisons en L1, avec Nice puis Monaco. Laquelle vous a semblé la plus aboutie, dans le jeu ?
Ce sont des saisons différentes, mais j'ai pris autant de plaisir. C'était quasiment les mêmes schémas à deux attaquants, dans des styles très distincts. Nice, c'était basé sur la possession de balle, Monaco sur la vitesse devant, les centres. J'ai beaucoup appris pendant ces deux années. Avec Monaco, on a été champion, donc il y a peut-être plus de satisfaction collective.
Pensez-vous avoir changé de statut ? Vous avez eu longtemps l'étiquette d'un numéro deux : êtes-vous devenu un leader d'attaque ?
Les statistiques montrent que je l'ai été à Monaco la saison passée, même si ce n'est pas ce qui ressort. Je l'ai été à Nice, aussi, donc je veux l'être ici.
L'OM cherche un grand avant-centre. Cela vous agace ?
Non, parce que le coach m'avait prévenu avant que je signe. Il était intéressé par mon profil mais il voulait que Bafé reste, à l'époque. Et si Bafé ne restait pas, il chercherait un joueur avec les mêmes caractéristiques. Il a été très clair dès le départ : il voulait deux attaquants avec deux profils différents. Si un attaquant arrive, on l'accueillera avec plaisir et on fera en sorte d'évoluer ensemble, pourquoi pas.
L'idée était-elle de vous associer à Gomis ?
Non, il m'avait dit qu'on verrait, qu'il voulait le système qui ferait gagner l'OM, avec un, deux, trois attaquants... l'important c'est que l'OM gagne. Il aime le 4-3-3, peut-être qu'on changera si quelqu'un arrive, je n'en sais rien. Il m'a dit aussi que je pouvais jouer à plusieurs postes devant. Il y aura énormément de matches. Si je continue à marquer, il n'y aura pas de souci pour moi.
Vous n'êtes donc pas seulement un attaquant de 4-4-2 ?
Ce cliché-là existe. A Nice, j'étais devant avec Pléa, mais il a été longtemps blessé. Et même si, dans le système, on était à deux devant avec Hatem, il n'est pas vraiment attaquant donc il décrochait beaucoup, je me retrouvais en pointe, comme aujourd'hui. Mais ce n'est pas le fait de jouer à deux, à trois, tout seul, c'est une question d'animation offensive. A l'OM, j'ai du monde près de moi, de très bons passeurs. Je suis sûr que je vais me régaler et mettre des buts. Si ça dédouble, si on joue comme en ce moment, avec beaucoup de centres, il n'y aura aucun problème.
Vous n'êtes pas vraiment une tête d'affiche. Est-ce dû à votre caractère ou à votre profil technique ?
Sans doute un peu des deux. Je suis simple, posé. Et on parle davantage de ceux qui vont vite, qui dribblent. J'ai peut-être un profil qui plaît au vrai connaisseur de football : les déplacements, l'intelligence de jeu.
On dit souvent que les attaquants sont égoïstes, obsédés par le but. Vous n'êtes pas vraiment dans cette case-là, si ?
Je recherche quand même le but ! Les statistiques sont très importantes pour un attaquant, j'ai envie de les améliorer et je vais les améliorer cette année. Mais c'est sûr que si je vois quelqu'un de mieux placé que moi, je ne vais pas chercher la frappe.
Vous faites beaucoup de courses défensives aussi.
Pour moi c'est assez naturel. Je ne vois pas pourquoi un attaquant ne pourrait pas aider l'équipe alors que lui a besoin des autres pour marquer. Quand je suis arrivé, Pat' Evra m'a dit : C'est bien que tu coures, que tu défendes, mais essaye de faire moins de courses pour être le plus possible dans la surface, lucide.
Cavani dit avoir besoin de courir pour être bon...
Moi aussi, j'en ai besoin ! Il faut que je sois dans l'énergie, que je coure, que je défende, pour me sentir utile et me sentir bien physiquement. Je ne peux pas seulement attendre les ballons.
On parle beaucoup de 4-4-2, de 4-3-3. Mais cela change quoi, concrètement, pour vous ?
Franchement, c'est pareil. Contre Ostende à l'aller, par exemple, on a vu souvent Sanson dans la surface, Payet, Thauvin aussi. Le 4-3-3 peut être différent si l'attaquant est seul devant, comme on voit parfois en Angleterre, où ils lancent de longs ballons vers l'avant-centre en disant ''démerde-toi''. Mais si c'est un 4-3-3 où les lignes sont serrées et où les milieux participent beaucoup, cela ne change pas beaucoup du 4-4-2.
Et le fait de jouer contre deux ou trois centraux ?
Sur les centres, cela change, parce qu'il y a plus de présence défensive dans la surface. Moi, j'aime bien m'intercaler entre les lignes, être à la limite du hors-jeu, et même carrément derrière les défenseurs, pour essayer de me faire oublier. C'est le coach Puel qui m'a fait beaucoup progresser là-dessus. Se faire oublier, et quand le partenaire relève la tête, revenir dans le jeu, repartir pour faire l'appel. Quand on ne voit pas un attaquant de temps en temps, ce n'est pas plus mal : il faut se faire oublier et réapparaître au bon moment.
Le placement, il est davantage fonction des défenseurs que des partenaires ?
Les deux. Si le ballon est à gauche, j'aime bien me mettre à droite derrière le dos du défenseur. S'il doit regarder le ballon et regarder derrière lui en même temps, c'est compliqué pour lui ! Donc au moment où il regarde le ballon, je peux en profiter pour essayer de passer devant lui. C'est un jeu qu'il faut avoir avec le défenseur.
Vous avez joué avec des partenaires d'attaque très différents, et cela a toujours fonctionné.
Il faut savoir s'adapter. Quand je joue avec Falcao, je sais qu'il va être dans l'axe, et moi je vais faire des appels sur les côtés et prendre la profondeur. Quand c'est avec Kylian (Mbappé), c'est l'inverse. Avec Hatem (Ben Arfa), c'était encore différent, je devais rester dans le rôle d'attaquant parce qu'il aime décrocher. Berbatov est plus statique mais sent super bien le jeu, sur une touche il peut te décaler et te faire marquer. J'ai progressé avec tous les attaquants avec lesquels j'ai joué.
Vous êtes-vous fixé des objectifs pour cette saison ?
Faire mieux que ma meilleure saison. J'avais mis quatorze buts à Nice, donc je voudrais m'approcher de la barre des vingt. Ici, il y a des joueurs qui ont plaisir à faire des passes décisives, je n'ai plus qu'à être adroit ! On va faire une belle saison.»
