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"Le meilleur choix était de rester"
Steve Mandanda reconnaît avoir réfléchi à sa carrière. Pour sa 5e année à l’OM, il trace la feuille de route
Steve Mandanda a complètement
coupé pendant ses vacances. Il
reconnaît quelques petites parties
de foot entre amis "seulement
dans le champ", un peu de tennis.
Vingt-quatre heures après sa reprise,
il trace la feuille de route pour les
mois à venir. Comme d’habitude, il
n’y a pas de mots fracassants. Les propos
restent simples, à son image,
mais suffisamment clairs pour saisir
le discours...
❚ Si je vous dis être étonné de vous
voir…
Ah, oui ! Tiens, donc, pourquoi?
❚ On pensait que vous changeriez d’horizon…
Vous vous êtes trompé! (rires)
❚ De beaucoup?
J’entame ma cinquième saison au club,
en espérant la passer aussi bien que les
deux dernières années, avec des titres et
du plaisir.
❚ Avez-vous un moment envisagé de
partir ?
Je me suis posé la question de voir si je
devais, si je pouvais. Il y avait des opportunités,
j’ai réfléchi à tout. Par rapport à
quelques contacts, le meilleur choix
était de rester à l’OM.
❚ La prolongation du contrat de Didier
Deschamps a-t-elle joué dans votre réflexion
?
C’est clair. La confirmation de sa présence
permet de voir l’avenir plus sereinement.
Il est très ambitieux, il fixe énormément
d’objectifs ; c’est bien.
❚ Pensez-vous que son départ aurait
contribué à une fuite des cadres ?
Je n’en sais rien, mais cela aurait été certainement
plus compliqué.
❚ Votre élection de meilleur gardien
par vos pairs vous a-t-elle réconforté ?
Réconforté, non. Honoré, oui. J’aurais
préféré de ne pas recevoir ce trophée et
être champion. Ça récompense le travail
d’une saison.
❚ Vous dites-vous que c’est mérité ?
Les trois-quarts de la saison, j’ai été décisif.
Sur la fin, je n’ai pas coûté de point à
l’équipe,mais j’ai été moins performant
lors de la partie la plus importante à
mes yeux. Contrairement à Mickaël Landreau,
dont la présence décisive a permis
à Lille de terminer devant. Mais, à
mes yeux, ça reste une bonne saison.
❚ Dans la continuité, il y a eu votre séjour
en équipe de France. Vous avez été
médiatiquement égratigné pour le but encaissé
contre l’Ukraine.
C’est toujours embêtant. Il y a des critiques
qui sont justifiées selon certains
matches, mais sur celui-là…
Avec un peu plus d’expérience, de vécu,
je suis un peu moins affecté. Quand il y
a de bonnes choses d’écrites sur mon
compte, je ne dis rien, quand il y en a de
mauvaises, je ne dis rien non plus.
❚ Vous avez quand même une relation
particulière avec l’équipe de France…
Je n’ai jamais fait d’excellents matches,
j’ai toujours pris des buts bizarres.
❚ Vous n’êtes pourtant pas du genre à
vous mettre une pression démesurée…
Absolument pas. Contre l’Ukraine, des
tribunes, c’était peut-être difficile à analyser,
mais de ma place c’était un ballon
compliqué à négocier car il a changé de
direction à plusieurs reprises. Par le passé,
je me suis pris la tête sur certains
buts encaissés, sur celui-là aucunement.
Je ne cherche pas d’excuse pour
autant.
❚ Cela n’a pas perturbé vos vacances?
Absolument pas.
❚ En tant que capitaine, quel regard
portez-vous sur le recrutement? On sent
une équipe beaucoup plus athlétique défensivement…
On l’était déjà avec Gabi (Heinze) et
Taye(Taiwo). Avec Alou (Diarra) et Nicolas
(Nkoulou), on gagne en taille. J’espère
qu’on sera plus performants pour
réussir l’objectif de la première place.
❚ Avez-vous discuté avec Deschamps
sur les buts que vous avez encaissés la saison
dernière ?
Pas spécialement. On a surtout pris trop
de buts en fin de saison. Sur le reste,
nous avons été assez réguliers, car nous
avons toujours eu la deuxième ou troisième
défense. Il conviendra d’être plus
concentré dans la période la plus importance,
c’est-à-dire, la fin de saison.
❚ Avez-vous une explication ?
Non.
❚ On a pour coutume de dire que le travail
défensif est un labeur collectif. Se serait-
il égaré?
Totalement. Sur cette base, peut-être
que tout le monde n’accomplissait pas
tous les efforts nécessaires pour que le
collectif avance.
❚ Croyez-vous à la chance du champion
?
Ça se provoque. Avec un peu de réussite,
un poteau rentrant, un ballon dévié…
Depuis trois saisons, avec Bordeaux,
nous et Lille, on sentait à
cinq-six journées de la fin que rien ne
pouvait arriver à l’équipe en tête.
❚ Antonio Pintus vous a-t-il surpris lundi
sur la plage ?
Non. Il a senti la réticence du groupe à
se jeter à l’eau.
❚ "La Provence" a publié hier une photo
où vous sembliez en grande discussion.
Vous vous êtes chambrés?
Non, je l’ai un peu allumé, car j’aurais
aimé qu’il me prévienne. Ça appartient
aux moments sympas de la préparation.
Antonio est un mec extraordinaire. Il a
parfois ce brin de folie où il pète les
plombs.
❚ Quel sera l’objectif en Ligue des champions?
Sortir de nouveau de la phase de poules
et voir le tirage par la suite. On a pris de
l’expérience sur la scène européenne.
Ce serait bien de s’appuyer sur cet acquis
pour aller le plus loin possible. Depuis
cinq ans, on a la chance d’être présents
à ce rendez-vous. Il faut franchir
une nouvelle étape, continuer à grandir.
Avoir de l’ambition.
❚ Allez-vous modifier votre rôle de capitaine
?
Je n’ai pas été le même entre le début et
la fin de la saison. Mais je ne suis pas le
genre à déjouer, à en faire trop. Si j’ai un
truc à dire, je nemegêne pas. Jeme sens
assez écouté. Je peux m’appuyer sur des
gars comme Benoît, Souley et maintenant
Alou…
❚ Quel regard portez-vous sur le recrutement
du capitaine des Bleus?
On gagne un joueur de qualité et un super-
mec pour le groupe. Il a une mentalité
extraordinaire, car il incitera les
autres à toujours vouloir gagner. Dans
le passé, on s’est croisés à plusieurs reprises.
Je profite de l’occasion pour lui
rappelerqu’il m’a permis de jouer avec
les pros auHavre, car la saison précédente
il était dans le groupe qui a fait
descendre le club ! (Il éclate de rire)
Et il y avait Souley aussi…
La Provence