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Steve Mandanda (Rennes) : « Je ne me vois pas jouer jusqu'à 45 ans »
Le gardien rennais Steve Mandanda, qui plonge dans sa vingtième saison en pro, prend toujours autant de plaisir. Mais il n'ira pas quand même jusqu'à suivre Gianluigi Buffon.
À 38 ans, Steve Mandanda va étirer son immense carrière pour une deuxième saison à Rennes, après un exercice 2022-2023 qui lui aura permis d'imposer sa personnalité dans le but et le vestiaire breton, mais aussi de finir son histoire en équipe de France.
En stage cette semaine en Angleterre, dans le Clairefontaine anglais à Saint-George's Park, il s'est animé une bonne demi-heure autour de sujets variés : sa dernière année de contrat, les ambitions rennaises, la relève en bleu ou l'évolution du poste.
« Que représente pour vous Gianluigi Buffon, qui raccroche à 45 ans ?
L'un des meilleurs gardiens qui aient pu exister. Il fait partie des tops par ses performances, ses titres et sa longévité. J'ai eu la chance de le croiser contre le PSG, la Juve ou l'Italie, et c'est un grand monsieur, tant sportivement qu'humainement.
Savez-vous combien de saisons vous avez disputées ?
Oui, j'attaque la vingtième depuis que je suis pro.
Steve Mandanda en bref
38 ans
1,87 m, 88 kg.
Rennes.
35 sélections.
Quand on vous voit vous rouler par terre après un dégagement un poil long contre West Ham en match amical (3-1, le 29 juillet), on ne sent pas de lassitude, en tout cas...
(Sourire.) C'est ce qui est beau, dès lors que j'arrive encore à prendre du plaisir, que je vis les matches avec passion et surtout que je suis encore performant, je ne me pose pas de questions, je joue et voilà. Le jour où je vois vraiment que je suis dépassé, que j'ai du mal ou que, physiquement, ça ne tient plus, je sais qu'il sera temps d'arrêter. Bon, honnêtement, je ne me vois pas jouer jusqu'à 45 ans (sourire). Mais aujourd'hui, je ne pense pas à ça, je veux accomplir une belle saison, qu'on réussisse une belle saison.
En sachant que contractuellement, il vous reste un an avant une possible reconversion à Marseille.
Oui, pareil, c'est pour moi encore trop loin, car je ne suis pas du tout du genre à me projeter.
Donc, ce n'est pas forcément la dernière.
Aujourd'hui, je ne saurais pas répondre.
Quand on a autant de bouteille, on s'améliore encore ?
On apprend toujours. Il y a des situations différentes, le foot et le poste évoluent, il faut s'adapter à différentes demandes selon les coaches. Aujourd'hui, même avec l'expérience que j'ai, on découvre encore. Des jeunes (gardiens) arrivent, on voit certains trucs chez eux qui suscitent la curiosité.
Comme quoi ?
Aujourd'hui, même si ça fait un moment, on demande aux gardiens de jouer plus haut, au pied, et il y a différentes techniques qui ont émergé, comme la croix (manière de sortir devant l'attaquant en prenant le plus de place), des gestes que, plus jeune, nous, on n'avait pas, et donc on essaie. Les Allemands le font très bien, les Espagnols aussi, quand c'est bien fait c'est top, quand on ne maîtrise pas, ça peut être particulier.
« Genesio ? Il a toujours qualifié ses équipes pour l'Europe, ce n'est pas un hasard »
La quatrième place arrachée en fin de saison vous a conforté dans le choix de Rennes ?
J'ai senti ici une réelle volonté de m'avoir et j'ai été accueilli chaleureusement. La fin à Marseille n'a pas été celle que j'aurais espérée, et Rennes, ça s'est fait naturellement. Ce fut une saison vraiment satisfaisante. Certes, il y a eu des trous, mais on a su à la fin être présents pour finir 4es, ce qui n'est pas rien dans un Championnat relevé avec des concurrents aux budgets supérieurs au nôtre.
Quelles sont vos sensations sur votre équipe ?
On est sur une bonne dynamique, on arrive à retranscrire ce qui est demandé en match de préparation, dans l'intensité, sur le jeu en mouvement, sans ballon, défensivement, les courses, les efforts. Et gagner, c'est important, même si ce sont des amicaux, on augmente le capital confiance. Mais le plus important, c'est de bien débuter, cette fois (2 défaites et un nul lors des 4 premiers matches), gagner ce premier match contre Metz (le 13 août), enchaîner, être plus réguliers que la saison dernière. Si on engrange plus à l'extérieur (12e la saison passée), on ne sera pas loin.
Allez-vous jouer le podium ?
C'est ce que Flo (Florian Maurice, directeur technique) a dit, et c'est sûr qu'on a l'ambition de faire mieux que la saison dernière. En sachant qu'en faisant aussi bien, on ferait mieux, puisque la 4e place est qualificative pour le 3e tour préliminaire de la Ligue des champions.
L'une des différences avec l'an passé, dans une équipe peu chamboulée, c'est que l'axe défensif, notamment, se connaît.
On a cet avantage, oui. Il y a un an, il nous manquait Warmed (Omari, blessé), Arthur (Theate) était arrivé une semaine avant le début du Championnat, avant Joe (Rodon). Là on est déjà en place, on sait ce que le coach demande. On part avec un peu plus d'avance que la saison dernière, ce qui se reflète aussi dans la préparation, avec des automatismes présents.
Après un an de pratique, comment percevez-vous la méthode Genesio, par rapport à ce que vous avez connu avant ?
C'est un coach très compétent, qui a une philosophie de jeu qui me plaît beaucoup. Il a toujours qualifié ses équipes pour l'Europe, ce n'est pas un hasard. Et puis il est très proche des joueurs, beaucoup dans l'échange. On a un rapport de confiance, sa présence avait compté énormément dans ma venue, car j'ai senti quelqu'un d'humainement vrai, simple et bon. Et au-delà de l'humain, il y a le pro, un très grand coach qui maîtrise très bien le foot et le Championnat.
Après l'ère Lloris-Mandanda, comment percevez-vous la relève chez les Bleus, incarnée par Mike Maignan et Brice Samba, en particulier ?
Mike fait partie des meilleurs pour tout ce qu'il dégage et ce qu'il a fait, que ce soit avec Lille, le Milan, les Bleus. Il est complet, fort sur sa ligne, capable d'aller dans les airs, est très bon au pied, gauche et droit, il a énormément de caractère et beaucoup de personnalité. C'est aussi quelqu'un que j'aime énormément, donc je suis vraiment content de tout ce qui lui arrive, je lui souhaite la plus belle carrière possible en bleu, au même titre que Brice, que j'ai connu à Marseille (de 2013 à 2015), qui a bien évolué et fait partie des meilleurs gardiens français. »
Sur le départ de Payet de l'OM : « Dim' méritait une fin différente »
Un an après avoir été libéré de son contrat à Marseille, Steve Mandanda a suivi de loin la fin de l'histoire entre l'OM et Dimitri Payet, qui n'est pas sans rappeler la sienne. Les deux hommes avaient prolongé leur contrat en 2020, sous la présidence de Jacques-Henri Eyraud, avec une reconversion à la clé. Ils seront finalement tous les deux partis avant la fin de leur bail. « C'est sûr que c'est toujours dommage et difficile quand ça se termine de cette façon, parce que Dim' méritait une fin différente avec l'OM. C'est le foot, des décisions sont prises par les coaches, les dirigeants, on doit faire avec. Je lui souhaite de retrouver un projet où il pourra s'éclater. »