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STEVE MANDANDA; "Prendre un maximum de plaisir"; À 36 ans, il entame sa quatorzième saison dans les buts de l'OM. La concurrence de Pau Lopez, le jeu offensif de Sampaoli, le retour du public : le capitaine est d'une sérénité à toute épreuve
Vous avez rejoué très vite après la reprise d'entraînement. Vous teniez tout de suite à montrer que vous étiez là...
Pas du tout. C'est le coach qui, après deux séances, m'a demandé de jouer. J'ai été un peu surpris ; d'habitude, on a une petite semaine d'entraînement avant un premier match. On n'a pas fini d'être surpris et d'apprendre. Pareil pour Duje (Caleta Car) qui a joué alors qu'il venait d'arriver.
Vous comprenez qu'on se soit dit : il y a de la concurrence, il veut conforter sa place ?
La concurrence, pour parler de Pau (Lopez) qui vient d'arriver, c'est normal. Dans chaque équipe qui veut jouer le haut du tableau, tous les postes sont doublés, nous ne sommes pas les seuls. Yo' Pelé n'étant plus là, il fallait recruter un gardien. J'avais eu une discussion avec Pablo (Longoria) la saison dernière, je savais que quelqu'un devait arriver. J'ai 36 ans, je ne vais pas rester indéfiniment, le poste de gardien de but ne m'appartient pas et, à un moment donné, il faudra que je parte. Mais je suis encore là ! Je vais jouer le maximum de matches que le coach me fera jouer et essayer de prendre un maximum de plaisir pour finir du mieux possible.
C'est plus facile à vivre aujourd'hui avec l'expérience ou plus compliqué parce que la fin va se rapprocher ?
C'est une évolution normale. À un certain âge, à un certain niveau, il faut du changement. Je le vis très bien, parce que j'en avais parlé en amont avec Pablo. Ce qui se passe ne me surprend pas. C'est bien pour tout le monde qu'il y ait du nouveau...
Ça vous amuse que l'on s'émeuve de vous voir mis en concurrence ou de voir que l'on vous a même envoyé à Lille ?
Je ne fais pas attention à tout ce qui peut se dire, s'écrire, aux fausses rumeurs. Je sais ce qui se passe dans ma tête, avec le coach, les dirigeants et c'est le plus important. Il est plus difficile de se couper de tout avec les réseaux sociaux, mais j'ai beaucoup de recul.
Dans nos colonnes, il y a quelques semaines, d'anciens gardiens ou entraîneurs de l'OM disaient que c'était plus dangereux de mettre un gardien en concurrence, parce que la moindre erreur peut déstabiliser l'un et l'autre...
Plus dangereux, oui et non, ça dépend de ton état mental. C'est aussi un défi, une source de motivation supplémentaire. Tout dépend des personnes concernées. Moi, je n'ai aucun problème, j'estime que c'est une suite logique et je veux prendre un maximum de plaisir, que je joue 10 ou 30 matches.
On continue de vous voir bien en colère quand vous encaissez des buts, même en amical et même s'ils ne sont pas synonymes de défaite...
Le caractère, on ne le change pas... Quand je joue, c'est pour ne pas encaisser de but. Même si on gagne, un but reste frustrant. Un gardien préfère gagner 1-0 que 5-4. Ça sera toujours ainsi.
C'est significatif d'un état d'esprit. Il y a deux saisons, vous sembliez plus fataliste quand vous encaissiez des buts...
C'est une façon d'interpréter. Quand on filme un gardien qui vient d'encaisser un but, il est d'abord en colère. Quelques secondes après avoir crié, on est déçu. Mais il y a eu un effet de mode où il fallait me filmer après avoir encaissé un but. Et je n'ai jamais eu le sourire. Personne ne sourit dans ce cas. D'abord on crie, ensuite, on se remet dans le match. C'est juste le moment que l'on interprète.
Quels sont vos premiers rapports avec Pau Lopez ?
Il ne parle pas français, nous échangeons un peu en anglais mais il ne s'entraîne pas avec nous, parce qu'il est en rééducation à la suite d'une petite blessure contractée en Ligue Europa. Jon (Pascua, l'entraîneur des gardiens) m'en avait parlé auparavant, parce qu'il avait travaillé avec lui au Betis Seville. Pau a l'air d'être quelqu'un de très bien, avec beaucoup d'expérience. Sa venue est une bonne chose pour le groupe. Il arrive dans un environnement qu'il ne connaît pas, ce sera à nous de l'aider et à lui de faire les efforts.
À l'OM, vous avez gagné quelques trophées entre 2010 et 2012 et depuis, vous avez perdu quelques finales. Vous aimeriez avoir un dernier bonheur ?
J'aimerais revivre un titre avec l'OM, c'est tellement beau ! Nous avons une telle ville, un tel public de passionnés que j'aimerais gagner et partager ce bonheur avec les supporters.
Samedi, c'était déjà fort de vivre ces retrouvailles avec le public ?
Revoir le stade ainsi, même rempli seulement à moitié, c'était fort. L'ambiance était extraordinaire, un an et demi après. Nous avons hâte de remplir le stade et d'y partager le plaisir avec les supporters.
En tribune, nous n'avions pas l'impression que le stade était plus qu'à moitié vide...
Tout à fait. Ils sont tellement à fond que même la moitié du stade sonne plus fort que n'importe où en Ligue 1. Ça nous incite encore plus à retrouver une vie normale et qu'on ne nous enlève pas nos supporters.
La saison dernière, nous étions partagés. Un stade plein vous aurait poussé vers de meilleurs résultats, mais quand ça a chauffé pour vous, peut-être qu'il a mieux valu parfois que ça se passe à huis clos...
La Provence