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Nouvelle silhouette, nouvelles responsabilités, le gardien de l’OM, qui a récupéré le brassard de capitaine, entame la saison motivé comme jamais.
De légende vivante à légende bonne vivante, l’image de Steve Mandanda s’est sérieusement écornée depuis son retour à l’OM à l’été 2017, après une parenthèse calamiteuse d’une année en Angleterre à Crystal Palace. Le gardien marseillais, joueur le plus capé de l’histoire du club phocéen (520 matches en tout), doit encore se demander pourquoi il a traversé la Manche.
Marseille lui a retendu la main à un moment difficile de sa carrière, mais les difficultés ne l’ont pas quitté à son retour, lui le capitaine qui venait de passer neuf saisons à l’OM, avec un titre de champion de France (2010) et trois Coupes de la Ligue (2010, 2011, 2012) au palmarès. Depuis deux ans, ses mains sur les hanches et son visage dépité après chaque but encaissé par l’OM, sa silhouette engoncée dans un maillot devenu trop étroit pour lui, ses réflexes déclinants et sa lenteur pour plonger au sol sont la cible régulière des railleries de certains supporters olympiens et alimentent les moqueries sur les réseaux sociaux.
Touché par les critiques, extrêmement déçu mais lucide sur sa dernière saison ratée et piqué par Didier Deschamps aussi, le sélectionneur des Bleus, qui ne l’a pas retenu au rassemblement de juin, c’est un Mandanda « très motivé», selon ses proches, qui a décidé, à, trente-quatre ans, de reprendre les choses en main cet été pour revenir au plus haut niveau. Le gardien, à l’OM jusqu’en 2021 puisque le club a levé l’année optionnelle figurant dans son contrat, sait qu’il est plus proche de la fin de sa carrière que du début. Mais il n’est pas dans l’optique de raccrocher bientôt et surtout pas de finir en roue libre, que ce soit à Marseille ou ailleurs.
Cela lui suffira-t-il à redevenir incontournable à l’OM cette saison ? À retrouver sa place en équipe de France avec la perspective d’être dans le groupe pour l’Euro 2020 ? Aux yeux de DD, qui l’avait appelé pour lui expliquer sa décision de ne pas le prendre contre la Turquie (0-2) et l’Andorre (4-0), Mandanda (28 sélections), avec sa longévité en bleu et son poids dans le vestiaire, n’est pas un international lambda. Mais si la porte ne lui est pas fermée, le souffle de la concurrence et de la jeunesse (Areola, Maignan, Lecomte…) l’oblige maintenant à être irréprochable. Le gardien a voulu donc mettre toutes les chances de son côté.
Sa tendance à prendre du poids est un sujet qu’il n’aime pas voir évoqué dans la presse, mais ce n’est pas le secret le mieux gardé du vestiaire. Son physique a été l’objet de nombreuses discussions depuis plusieurs années au sein des différents staffs qu’il a côtoyés, en club comme en équipe de France.
Ses habitudes bousculées par le nouvel entraîneur des gardiens, Will Coort
Pendant ses vacances, l’ancien Havrais est donc retourné en cure à Merano en Italie, un endroit qu’il avait déjà fréquenté par le passé. Aujourd’hui, il pèse cinq à six kilos de moins sur la balance et il faut croire que ça peut aider. Face à Naples en amical dimanche (0-1), on a retrouvé un Mandanda plus vif, plus tonique et bien meilleur sur ses appuis. Le brassard l’a peut-être rendu plus léger aussi. « Ça lui a foutu les boules de le perdre», raconte un proche.
Là aussi, ce n’est un secret pour personne et lui-même n’a pas caché son spleen ces deux dernières saisons à l’évocation de ce sujet. Sa relation avec son ancien coach, Rudi Garcia, en a fortement pâti. Le gardien a vécu la perte du capitanat comme un déclassement, surtout au profit de Dimitri Payet, qu’il ne voyait pas taillé pour la fonction. Son côté bougon a un peu pris le dessus, ce qui ne l’a pas empêché de prendre ses responsabilités lors de la crise vécue par l’OM la saison dernière. Il était notamment allé faire face aux supporters avec Luiz Gustavo après Monaco (1-1, 13 janvier, ci-dessous). Avec André Villas-Boas, l’histoire a mieux commencé.
Depuis l’arrivée du technicien en juillet, Mandanda apprécie ses échanges avec le Portugais. Et on le décrit comme « libéré et transfiguré » depuis samedi. Ce weekend, AVB a convoqué ses quatre relais, lui, Payet – finalement plutôt soulagé de ne plus avoir cette responsabilité –, Luiz Gustavo et Florian Thauvin en marge de l’entraînement pour leur annoncer son choix de faire du gardien le capitaine de l’OM. Une décision qui a été ensuite applaudie dans le vestiaire.
Si la relation part bien avec AVB, la découverte du nouvel entraîneur des gardiens, Will Coort, l’a un peu bousculé dans ses habitudes. Et Mandanda apparaît pour l’instant sur la réserve quant aux méthodes d’entraînement du Néerlandais. « Il faut le faire travailler (Steve) mais pas trop non plus, explique quelqu’un qui le connaît bien. Avec ses petits soucis à un genou et sa tendance aux pépins musculaires (encore en juillet), il faut savoir adapter les séances.» La remise en question de Mandanda a déjà eu des effets mais elle a aussi ses limites.