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DIMITRI PAYET; "Je n'ai pas la réponse..."; Relégué sur le banc des remplaçants depuis cet été par Igor Tudor, le Réunionnais, qui ne souhaite pas quitter l'OM , espère pouvoir faire changer d'avis son entraîneur pour la deuxième partie de saison
Son déclassement spectaculaire n'a pas entamé son implication, ni sa motivation. À 35 ans, Dimitri Payet compte bien donner du fil à retordre à Igor Tudor, le coach qui l'a poussé sur le banc après une saison remarquable avec Jorge Sampaoli. En attendant d'être fixé, il est prêt à défier Toulouse demain soir au stade Vélodrome pour la reprise.
Êtes-vous prêt pour la reprise ?
Oui. J'ai hâte de reprendre. On a fait une semaine à Marbella pour se préparer. On avait le boulot d'un côté et la coupe du monde de l'autre, ce qui a permis de faire passer le stage plus vite. On a bien bossé.
Quel regard portez-vous sur la première partie de saison ?
On a fait un bon début de saison. Malheureusement, le dernier mois nous a fait du mal. On a su se ressaisir sur les deux derniers matches contre deux concurrents directs.
La déception concerne la coupe d'Europe ?
Oui, mais il y a aussi le championnat car on n'est clairement pas à la place où on veut être. Il reste encore trois matches pour la phase aller et toute la phase retour. Après, la coupe d'Europe est évidemment une grande déception. Non seulement de ne pas avoir pu passer les poules, mais aussi d'être éliminés de toutes compétitions européennes. La coupe d'Europe doit faire partie du quotidien de ce club, je l'ai toujours dit. Et cette saison, on s'est arrêté un peu prématurément.
Quel est l'objectif pour la deuxième partie ?
Se qualifier pour la Ligue des champions, c'est l'objectif fixé. On n'y est pas pour l'instant, mais on n'est qu'à mi-parcours. Le calendrier sera plus léger. Puis la coupe de France doit être un objectif aussi. On était engagé sur trois compétitions. On devait passer les poules en Ligue des champions, ç'aurait été quelque chose de grand d'y parvenir. Aujourd'hui, c'est plus difficile de gagner le championnat, même si Monaco ou Lille l'ont fait par le passé. Mais quand on voit qu'ils (le PSG) sont invaincus et ont une telle avance, on sait que c'est compliqué. La coupe de France, évidemment, c'est un objectif.
Et d'un point de vue personnel ?
Mon temps de jeu n'est pas celui que j'espérais. C'est plus compliqué pour moi.
Aurez-vous plus de temps de jeu ?
Je n'ai pas la réponse... C'est le coach qui décidera si je dois avoir plus de temps de jeu ou pas. Moi, je travaille au quotidien pour pouvoir répondre présent quand on fait appel à moi.
Votre implication ne faiblit pas malgré tout...
C'est comme ça que ça paiera. Si le coach peut faire sans moi, c'est que j'ai des choses à travailler. À moi de faire en sorte de lui poser des problèmes dans sa composition d'équipe, en étant bon à l'entraînement et en match.
Quels sont ces points à travailler ? En avez-vous discuté avec lui ?
Non, pas spécialement. Je pense qu'il attend de moi que je sois plus décisif, plus tranchant quand il fait appel à moi, que ce soit sur 15-20 minutes ou quand je suis titulaire. J'essaie d'apporter, comme je l'ai fait à Monaco, un match important et qui peut compter.
L'absence d'Amine Harit peut-elle vous permettre de jouer davantage ?
Je ne sais pas. On a beaucoup de monde devant, tout le monde peut jouer aux trois postes offensifs, même Matteo joue plus haut. Je ne sais pas si ça me donnera plus de temps de jeu, mais ça ne change en rien mon implication et mon investissement au quotidien.
Avez-vous l'impression de vivre ce qu'a vécu Steve Mandanda l'an dernier ?
C'est différent. Entre deux gardiens, ce n'est pas pareil. Après, c'est difficile, mais c'est quelque chose que je garde pour moi, je le vis personnellement. Et à chaque fois que je suis sur le terrain, je n'ai qu'un objectif, celui de regagner ma place, de gratter du temps de jeu. Ça ne passera que par le travail et par de bonnes performances.
Certains disent que vous auriez pété les plombs quelques années plus tôt...
C'est possible, peut-être même sûr. Aujourd'hui, je me dis que je dois faire différemment par rapport à ce que j'ai déjà fait. Je ne veux pas gâcher tout ça en ayant un mauvais comportement envers mes coéquipiers, le club et l'entraîneur. Je dois aussi servir d'exemple aux plus jeunes. Ils doivent se dire que si je ne dis rien, et que je travaille pour regagner ma place, d'autres le feront aussi quand ça leur arrivera. C'est comme cela qu'on grandira, au club et dans le vestiaire.
Pour vous, il est hors de question de partir ?
Exactement. Même s'il y a des sollicitations, un peu de tout, j'ai dit et je redis que je ne veux pas partir. Je veux rester ici, terminer ici. Même si c'est compliqué, le challenge est excitant pour les années qui me restent, et je compte bien le relever.
Vous êtes sous contrat jusqu'en juin 2024. Combien de temps comptez-vous encore jouer ?
C'est le corps qui le dira. Quand on arrive à cet âge, seul le corps peut dire si on peut continuer ou pas. Si j'ai la chance d'être toujours sur le terrain, c'est que le corps répond encore. J'arrive à être performant. Quand tu passes plus de temps à l'infirmerie que sur le terrain, à un moment donné, il faut savoir s'arrêter. Ce n'est pas quelque chose qui me trotte dans la tête.
Vous avez une clause de reconversion dans votre contrat. Pensez-vous à l'après-foot ?
Oui et non. Ça m'arrive d'y penser, mais je sais que tant que je serai sur le terrain, je n'arriverai pas à me lancer. J'ai effectivement une clause qui permet d'avoir une reconversion au sein du club. Il peut y avoir plein de choses à faire pour aider le club, mais aujourd'hui, je suis incapable de vous dire ce que je veux faire et ce que le club compte faire. On en discutera autour d'une table à ce moment-là. Je n'ai pas envie de mélanger les deux. Pour l'instant, je suis encore un joueur.
Quelle est la nature de votre relation avec Pablo Longoria, un président travailleur et connaisseur du football ?
On a une très bonne relation, franche et basée sur la confiance. On a tout de suite eu ce feeling. C'est quelqu'un qui connaît le foot, on peut parler de tout avec lui. Il est droit. Jusqu'à présent, il a dit des choses et il les a faites. C'est le plus important. Aujourd'hui, sa cote de popularité est basée sur sa connaissance du foot et sa compréhension du club. Il était déjà là avant de devenir président, il a pu observer la ferveur et l'attente qu'il y a autour de ce club. Surtout, il a été transparent avec nous et avec les supporters. C'est ce qui fait sa popularité. On en a parlé avec Pablo et l'actionnaire. On s'est dit qu'il fallait arrêter de dire aux gens ce qu'ils ont envie d'entendre. Il faut leur dire la vérité. Si le club a des difficultés pour recruter, il faut le dire. Ce n'est pas la peine de donner de faux espoirs. Cette transparence a amené une sérénité dans le club.
Comment réagissez-vous à propos du débat sur l'empreinte que vous laisserez à Marseille ? Éric Di Meco dit que vous ne faites pas partie des "légendes de l'OM".
Je n'y fais pas spécialement attention. Ce n'est pas à moi de dire si je suis une légende de l'OM, si je suis dans le top 10 ou dans le top 20. C'est aux gens qui me côtoient de le dire, ceux qui connaissent le club, voire les supporters. Après, Éric a joué ici, avec de grands joueurs, il a la légitimité pour donner son avis. Là où je peux le rejoindre, et ça fait partie de mes objectifs, c'est de laisser une trace plus importante avec un trophée à la clé. Je suis 100 % d'accord avec lui de ce côté-là. Après, que je sois une légende du club ou pas, ce n'est pas à moi de le dire. L'histoire le dira.
Quelle est votre meilleure saison à l'OM ?
J'aime bien celle avec Marcelo Bielsa, les premières avec Rudi Garcia et André Villas-Boas, et celle avec Jorge Sampaoli.
La plus mauvaise ?
Je ne prends pas en compte la première avec Élie Baup, car c'était une année d'adaptation. Mais il y a les deuxièmes saisons avec Garcia et Villas-Boas.
Quel est votre meilleur souvenir ?
L'épopée européenne avec la finale de Ligue Europa. C'est une aventure incroyable, qui m'a permis de comprendre jusqu'où pouvait aller la ferveur autour de cette équipe, de ce club. À partir du moment où l'on se qualifie à Salzbourg, la ville et les gens ont changé. Les banderoles poussaient partout. De la veille du départ de La Commanderie jusqu'à la finale, c'était incroyable. L'avant-match contre Tottenham, avec le cortège sur le chemin du stade, c'était juste exceptionnel. J'ai revu les photos et les vidéos, c'est fou.
Le pire ?
La défaite en finale contre l'Atlético avec la sortie sur blessure... Je pourrais dire aussi la demi-finale la saison dernière, contre Feyenoord.
Quel est votre coéquipier préféré ?
Je ne vais pas faire de jaloux, j'en ai plusieurs. Je vais dire Jordan (Amavi), Max' (Lopez), "Bouba" (Kamara). Il y a Matteo (Guendouzi), "Willow" (Saliba), Amine (Harit), Val' (Rongier), Clinton (Njie), "Zambo" (Anguissa), Steve (Mandanda)... Après huit ans, je peux faire une équipe type des amis !
Lequel est le plus fort ?
"Bouba". Dans chaque équipe, il y a un joueur qui fait gagner les matches. Un jour, j'ai dit à Pablo que ce n'était pas moi ce mec-là, mais que c'était "Bouba". S'il n'était pas là, je n'existais pas. Il était derrière moi, il rattrapait mes conneries, il me donnait les ballons. Il a été un métronome incroyable. Il a sans cesse progressé. Il est arrivé à un niveau où il méritait l'équipe de France, et c'est pour cela qu'il y a été. C'est lui qui m'a le plus impressionné.
Son départ vous a-t-il déçu ?
Forcément. Sans jeter la pierre à personne, ni à lui, qui a fait un choix même si ça fait chier, ni aux dirigeants, qui ont pris leur décision. Ils ne se sont pas entendus, c'est comme ça, mais c'est quelqu'un autour de qui on aurait dû construire. J'en suis persuadé. C'est le football. Aujourd'hui, Jordan (Vérétout) est arrivé, c'est un joueur incroyable, vice-champion du monde, ça veut dire ce que ça veut dire. Mais j'étais proche de "Bouba", c'est aussi pour ça que je suis déçu que ça se soit fini comme ça.
Quel est le plus drôle ?
Il y en a pas mal. Moi ? C'est une rumeur... Il y a Jordan (Amavi), Matteo, Amine, Pape (Gueye). Il y a pas mal de chambreurs dans le vestiaire.
Quelle était l'équipe la plus forte ?
Celle de la saison dernière. En termes de qualité, faire ce qu'on a fait avec si peu de joueurs, c'est exceptionnel. À l'arrivée, on perd "Bouba", Steve, "Willow"... Il y avait beaucoup de qualité.
Quel est votre plus beau but ?
C'est facile ça, celui du PAOK (reprise de volée en pleine lucarne). Avant, je disais toujours celui de Leipzig, mais celui du PAOK est passé direct dans le top 1.
La Provence