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DISGRÂCE; Payet, capitaine pas résigné; Le meneur de jeu a vu son temps de jeu fondre cette saison sous les ordres de Tudor mais il garde espoir
C'est peut-être une première cette saison, et obligatoirement un signe positif pour Dimitri Payet : Igor Tudor a reconnu avoir fait une erreur en ne faisant pas entrer son capitaine, irrémédiablement englué sur le banc mardi soir contre Tottenham. "Je me suis trompé, j'aurais dû le faire jouer au moins quinze minutes, a consenti le Croate. Je fais mon autocritique, je me trompe comme tout le monde, tous les dimanches. Mais après le match c'est plus facile de juger." Le N.10 olympien aura-t-il plus de temps de jeu demain contre le Lyon de son ancien sélectionneur Laurent Blanc et ex-entraîneur adjoint Franck Passi ? C'est la tendance, et c'est en tant que leader de vestiaire qu'il est venu s'exprimer hier en conférence de presse.
Cette fois, contrairement à l'automne 2019 avant un Olympico qui sentait la poudre pour le retour de Rudi Garcia au Vélodrome, il n'y a pas eu de dinguerie lâchée au micro ni de provocation envers son meilleur ennemi, statut d'ancien Stéphanois et d'actuel Marseillais oblige.
Plutôt de la diplomatie, lunettes posées sur le nez et casquette vissée sur le crâne ("je ne suis pas coiffé encore"), mêlée à quelques moments de franchise, pas forcément le fort de joueurs adeptes des éléments de langage insipides. Comme quand il admet son agacement mardi "en quittant La Commanderie, entre le moment où on est parti et le stade. J'étais frustré de ne pas jouer mais comme à chaque fois, je travaille pour être sur le terrain tout le temps. Il faut respecter les choix du coach, si Kolasinac marque sur le centre d'Ünder, c'est le changement du siècle et on ne parle pas de Payet."
En substance et avec ses mots, l'ex-Nantais, répète ce que laisse filtrer son entourage : il est affecté par son déclassement mais reste professionnel, sans mauvaise pensée et sans juger les choix de son entraîneur. Au club, on insiste sur sa "bonne attitude. Il est en meilleure forme physique en ce moment et reste notre capitaine."
"Que l'on soit remplaçant ou titulaire, il faut être là pour l'équipe et faire en sorte que tout le monde soit bien dans sa tête. Ce statut de capitaine est même plus simple vu du banc, avec un oeil extérieur. On peut voir des choses différentes qu'en étant sur le terrain et mieux aider ses partenaires", analyse-t-il.
Ça, c'est le seul bon côté de la chose. Car le temps de jeu de Dimitri Payet a vraiment chuté cette saison : il est passé de titulaire inamovible de Jorge Sampaoli à quatrième choix d'Igor Tudor aux deux postes derrière l'attaquant (après Harit, Guendouzi et Ünder). Il n'a que le 16e temps de jeu de l'effectif (509 minutes), entre le très fragile Éric Bailly et le trop tendre Issa Kaboré. "C'est une situation nouvelle pour moi, constate le finaliste de l'Euro-2016 et de la Ligue Europa 2018. J'ai quasiment toujours joué dans tous mes clubs, mais ça ne change pas grand-chose dans la mesure où avec les cinq changements et des rencontres tous les trois jours, on est plus aptes à entrer et avoir un poids sur les matches. Mais ça me ferait du bien d'être titulaire et avoir plus de temps de jeu."
Samedi dernier, à Strasbourg, il a pour la première fois joué 90 minutes depuis... OM-OL du 1er mai dernier, un duel qui avait tourné au vinaigre (0-3). Son niveau est loin de celui de l'an dernier à la même époque, quand il était l'un des meilleurs joueurs de Ligue 1, mais il est capable de fulgurances comme en Alsace, où il avait réalisé quatre actions de grande classe et avait servi sur un plateau le but du 3-0 à Cengiz Ünder, qui avait gâché l'offrande.
"J'ai beaucoup travaillé pour être en forme, je me sens bien, poursuivait-il hier. J'ai eu de bonnes sensations à Strasbourg, mais ce que je vis n'est pas ce que je m'étais mis en tête au départ de cette saison. Si le coach fait des choix et pense que l'équipe peut être meilleure sans moi, il a raison de ne pas me faire jouer. À moi de prouver qu'il a tort, à l'entraînement ou quand il fait appel à moi, de regagner ma place par les actes et de lui causer des problèmes dans la tête pour qu'il ait du mal à choisir son onze de départ.Mais je ne me suis jamais plaint auprès des dirigeants, ce n'est pas à mon âge que je vais commencer. À la limite, je pourrais demander à l'entraîneur pourquoi il ne me fait pas jouer, mais même pas. Il n'est pas fou, si tu lui fais gagner des matches il te fera jouer."
Avec seulement un but sur penalty et une passe décisive, Dimitri Payet ne fait pas partie de cette catégorie-là en 2022-23. Mais, à 35 ans et alors que son contrat court jusqu'en 2024, il n'a pas encore dit son dernier mot : "Mon avenir est à l'OM, ce n'est pas aujourd'hui que je jetterais l'éponge." Surtout pas avant un Olympico, choc si particulier pour celui qui avait été consacré roi d'un Vélodrome en furie à l'automne 2019 ou victime des jets de bouteilles des supporters lyonnais fin 2021.
La Provence