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Payet, le nouveau leader
Depuis un an, Dimitri Payet a retrouvé son foot et pris de la hauteur. Plus fédérateur en interne et auprès de ses propres supporters, le milieu offensif réunionnais fait désormais attention à son image. Dimitri Payet revient ce soir sur les lieux du crime et il arrive en paix. Victime d'un jet de bouteille à Lyon lors du match arrêté le 21 novembre au Groupama Stadium, le Réunionnais a été envoyé en conférence de presse par l'OM lundi. À 34 ans, dont sept à Marseille, l'international a l'expérience de ces rendez-vous brûlants. Lui-même savait, à une époque, jeter un peu d'huile sur le feu, comme quand il avait copieusement arrosé son ancien entraîneur, Rudi Garcia, avant un Olympico où il avait été magistral en novembre 2019 avec un doublé (2-1) au Vélodrome. lire aussi Dimitri Payet, avant OL-OM : « L'amour triomphe toujours » Cette fois, ceux qui espéraient quelques « punchlines » dont il a le secret ont dû être déçus.
Le nouveau Payet, celui qui s'imagine dirigeant un jour, mais le plus tard possible, celui qui mène désormais un combat contre la violence dans les stades, après avoir aussi été la cible de projectiles à Nice le 22 août, n'a pas dit un mot plus haut que l'autre. Lui qui s'est toujours nourri de l'adversité et des critiques, lui qui a été capable en janvier 2021 de lancer « T'es fou ! » à André Villas-Boas après un but contre Montpellier, alors que l'entraîneur portugais l'avait mis sur le banc, le voilà dans la posture du grand sage, rassembleur, respecté à tous les étages du club et jusqu'à Emmanuel Macron, qui l'avait pris sous son aile lors de sa visite à Marseille en septembre dernier.
Il y a un an à pareille époque, après six mois hors de forme, le Marseillais, en conflit avec son coach AVB et avec ses propres supporters, était beaucoup moins fréquentable. Même Jacques-Henri Eyraud, le président du coup de com' « Marseillais à vie », commençait à regretter de l'avoir fait resigner l'été d'avant jusqu'en 2024. Depuis, Pablo Longoria a été nommé président, Jorge Sampaoli est devenu entraîneur et une grande vague de contestation a tout emporté, sauf Payet, toujours là et métamorphosé.
Le départ de Thauvin a participé à son changement Sur le terrain, avec 8 buts et 7 passes décisives rien qu'en L1, il n'y a rien à dire. Le milieu offensif est indispensable au jeu de Sampaoli, qui ne rate jamais une occasion d'en dire le plus grand bien publiquement. « Tu vois qu'entre les deux, il existe une relation de confiance », note Longoria. En interne, le milieu offensif semble enfin devenu le leader positif, et pas seulement technique, qu'il aurait dû être depuis des années.
Après les épreuves traversées, le milieu offensif se dit en privé plus « apaisé », à la fois dans sa vie personnelle et au club. Le départ en mai dernier de Florian Thauvin, avec lequel la guéguerre d'ego était déclarée depuis de nombreuses années, a aidé. lire aussi Dimitri Payet, un joueur brillant et ciblé Le fait que Steve Mandanda ait perdu sa place dans le onze l'a obligé aussi à endosser vraiment ce rôle de capitaine, trop grand pour lui il y a quelques années. Même s'il a perdu cet hiver son fidèle compagnon, Jordan Amavi, prêté à Nice, Payet est toujours là pour mettre du liant, en premier lieu avec les francophones, William Saliba, Pape Gueye, Amine Harit, ou Mattéo Guendouzi, avec lesquels il s'entend à merveille.
« Il a trouvé un équilibre, assure Longoria. Il a une telle passion pour le football, cela se voit tous les jours sur le terrain et dans nos discussions. » En juin 2020, le président de l'OM n'avait pas encore pris ses fonctions de directeur sportif quand le Réunionnais avait prolongé pour une longue durée. Dans les premiers mois, l'Espagnol a pu avoir quelques doutes sur cette opération. Les deux hommes, qui n'ont qu'une année d'écart, ont appris à se connaître et à s'apprécier depuis. Le milieu offensif espère jouer et être au niveau encore quelques années. Mais cela ne l'empêche pas de se projeter sur une carrière de dirigeant au club, chose prévue dans son contrat.
Hamza, l'un des responsables de la fabrication du tifo en hommage à Payet. « Il a pu lever la voix et nous aussi. (...) Il n'a jamais abandonné, il aime le club et mouille le maillot. » Et il ne manque pas d'observer et de souligner, encore en conférence de presse lundi, le travail de son président sur le mercato. Son dirigeant, lui, voit dans les performances et le nouvel état d'esprit de son joueur une marque d'intelligence. « C'est un génie sur le terrain et les génies sont des personnes intelligentes, affirme Longoria. Sa communication est juste et bien pensée. »
Publiquement, sa parole s'est lissée. Et il a trouvé son combat, celui contre la violence dans les stades, un sujet qu'il a mis sur la table y compris face à ses propres supporters lors des réunions. Avec eux aussi, les relations semblent s'être normalisées. Alors que Rachid Zeroual, l'un des leaders des Winners, avait appelé à son départ il y a un an, le groupe de supporters du virage sud lui a concocté un superbe tifo samedi contre Montpellier en Coupe de France (1-1, 5-4 aux t.a.b.).
Les gens nous le réclamaient depuis longtemps, explique Hamza, l'un des responsables qui s'est occupé de sa fabrication. Mais nous, on ne cède pas à la pression. On a pris la décision après Lens (2-0, le 22 janvier) car on pensait que c'était le bon moment et qu'il le méritait. Il a pu parfois lever la voix et nous aussi. C'est quelqu'un de caractère et il ne se laisse pas faire. Mais on le prend comme il est. Il n'a jamais abandonné, il aime le club et mouille le maillot. » Lundi, Payet a reconnu qu'il était « difficile pour un joueur de faire l'unanimité ». Moins clivant qu'à une époque, il n'en est pas loin à l'OM.
L'Equipe