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Capitaine déclassé
Dimitri Payet ne joue presque plus depuis son retour de blessure. Une mise à l’écart actée par Rudi Garcia, fâché du rendement de ses cadres. Payet, capitaine déclassé
Dimitri Payet ne joue presque plus depuis son retour de blessure. Une mise à l’écart actée par Rudi Garcia, fâché du rendement de ses cadres. BAPTISTE CHAUMIER
Deux minutes, puis seize et enfin aucune. Le temps de jeu cumulé de Dimitri Payet est ridicule sur les trois derniers matches. Depuis la mi-février et son retour de blessure – une entorse du ligament collatéral médial gauche –, celui qui est toujours le capitaine de l’OM a été déclassé de manière spectaculaire. Remplaçant à chaque match, il n’est même pas entré en jeu contre Saint-Étienne (2-0), dimanche, alors que son équipe (4e de L 1) menait de deux buts. Rudi Garcia a préféré lancer Clinton Njie, sa pointe de vitesse et son côté imprévisible.
L’entraîneur marseillais ne pouvait pas ignorer que ce choix serait remarqué, lui qui connaît trop bien la psychologie des joueurs et manie parfaitement l’art de la politique interne.
Ces derniers temps, le Réunionnais (31 ans) donne le change au quotidien et ne laisse pas transparaître ses états d’âme. Mais, derrière son sourire crispé, les questions se bousculent, l’amertume aussi. Il n’a, au moins, pas (encore ?) perdu officiellement son brassard même s’il revient désormais à Steve Mandanda, son ancien propriétaire qui est, lui, toujours titulaire. Le gardien l’a rendu symboliquement à Payet au moment de son entrée en jeu à Rennes (1-1, le 24 février), une façon peut-être de ne pas froisser davantage son coéquipier avec lequel les relations sont juste courtoises. Vu son nouveau statut, ce rôle ne veut de toute façon plus dire grand-chose pour Payet et il se met d’ailleurs volontairement en retrait lors des avant-matches. Il le sait : il est difficile d’être audible et crédible dans un vestiaire quand on ne joue plus.
Garcia ne le ménage pas
Pour expliquer la mauvaise passe de son équipe, en plein cœur de l’hiver, Garcia a souvent déploré le niveau de ses cadres, en privé. Il a surtout eu Adil Rami dans son viseur à cette période, même si Payet n’a pas été épargné par les critiques. Les rapports entre les deux hommes sont d’ailleurs complexes : il existe une vraie bienveillance entre eux qui n’empêche pas une franchise réelle. À Lille, de 2011 à 2013, déjà, Garcia n’hésitait pas à surveiller de près son meneur de jeu, certain qu’il ne fallait pas le lâcher pour en tirer le meilleur. Payet en a gardé la sensation de servir plus facilement d’exemple pour les autres, même s’il n’en conserve pas de rancune. En pleine tempête, lors de la rencontre avec les différents responsables des associations de supporters, à La Commanderie, le 31 janvier, Payet a d’ailleurs pris la défense de son entraîneur à un moment de la discussion où les reproches étaient de plus en plus pressants à son encontre.
Les supporters n’ont pas été tendres, non plus, avec le milieu offensif ces dernières semaines, et le match contre Monaco (1-1, le 13 janvier) a été un marqueur. Face aux virages frondeurs, les joueurs étaient venus s’expliquer à la fin de la rencontre et Payet avait semblé en retrait, déjà. Après deux bons premiers mois dans le jeu et les statistiques, l’ancien Stéphanois s’est peu à peu éteint, et le Classique (0-2, le 28 octobre) a été un autre tournant, sportif celui-là. Avant-centre d’un soir, il a peu à peu décliné ensuite, semblant moins bien physiquement.
Payet peut-il revenir à court terme dans le onze de départ ? Cela semble vraiment improbable pour la réception de Nice, dimanche, en tout cas. Une équipe qui gagne est une équipe qui ne change pas, en général, et Garcia applique cette formule à la lettre. Et il s’y tient, quitte à ne pas aligner le buteur enfin recruté (Mario Balotelli) avec son meilleur passeur des derniers mois. Les deux hommes n’ont pas encore évolué ensemble.
Le déplacement au Parc des Princes, le 17 mars, pourrait offrir à Payet une occasion de revenir dans l’équipe de départ, pour une affiche où l’expérience des cadres pourrait compter. Mais le « cadeau » ne serait pas franchement réjouissant alors que l’OM n’a plus gagné une confrontation contre le PSG depuis plus de sept ans…
L'Equipe