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Morgan Sanson s'est adapté au rythme marseillais
Auteur de six passes décisives en L1 et un but depuis son arrivée à l'OM, le 18 janvier, le milieu de vingt-deux ans a vite pris ses marques. En toute simplicité.
« Le gendre idéal », comme le surnomme Frédéric Hantz, se tient bien : Morgan Sanson s'assoit correctement à table, le dos droit, il ne parle pas de politique, il est poli et ne prend pas la place d'un autre dans le car, il s'engage sans excès à l'entraînement. Et sur les terrains de L 1 ? Il gâte ses partenaires. Deux offrandes décisives pour Bafétimbi Gomis, face à Guingamp et Nantes, trois pour le camarade Florian Thauvin, face à Rennes, Angers et Saint-Étienne, sans oublier une petite largesse du droit pour Dimitri Payet, dimanche soir contre les Verts, dans les arrêts de jeu. Histoire qu'il n'y ait pas de jaloux - ce sont des petits détails qui comptent dans le vestiaire local.
« Les passes décisives sont anecdotiques, il faut la qualité du joueur à la conclusion, que ce soit Flo ou Dim' », glisse Sanson en zone mixte, avant de décortiquer froidement sa prestation : « Mon pied gauche, je l'utilise dans le jeu, dans les contrôles, les passes. Mais, dans la finition, je n'ai pas une très bonne coordination. J'en suis conscient, c'est comme ça qu'on progresse. » Ou encore : « J'étais un peu trop haut lors des derniers matches, je demandais trop en profondeur, ce qui n'est pas vraiment mon rôle. Je me suis cantonné à une position plus basse. »
Cette auto-analyse limpide n'étonne pas son ami Jonas Martin, grand rival à la pétanque, au ping-pong et à la console, accessoirement son associé dans l'entrejeu lors des années montpelliéraines (2013-2016), quand Rolland Courbis n'avait pas l'idée de placer Sanson sur un côté.
Aujourd'hui au Bétis Séville, Martin regarde un maximum de rencontres de l'OM et débriefe avec l'intéressé : « Au final, il n'a rien changé dans son style, mais ses performances sont mises plus en lumière, il a de meilleurs joueurs autour de lui. Lors des quatre ou cinq premiers matches avec l'OM, il manquait un peu de naturel, il réfléchissait trop. Cela n'a pas duré. Il lui fallait le feeling, les combinaisons avec les coéquipiers. Il fait briller les autres, il récupère le ballon, c'est un joueur box to box, il prend les espaces libres, on évolue aisément à ses côtés. Son "problème" ? Il peut jouer sous l'attaquant en n° 10, comme en équipe de France Espoirs, mais il est aussi utile plus bas, car il est bon dans les duels, au sol. Il a besoin de liberté, de courir beaucoup, d'attirer les défenseurs. Il ne va pas dribbler quatre joueurs. »
En haut, en bas, à gauche, à droite, Sanson anime ces soirées-là sans jamais se lasser, il pourrait cavaler jusqu'à l'aube. Une fois rentré chez lui, il retrouve sa chienne, son chat et une existence paisible. Apprécié par les cadres du vestiaire et le trident Lopez-Payet-Thauvin, il n'éprouve guère le besoin de pousser la fameuse porte du bureau de Rudi Garcia pour converser pendant des heures.
Des états d'âme ? Peut-être une fois, le soir d'un Classique atroce pour l'OM (1-5, le 26 février). Il l'a passé sur le banc avec la cuisse douloureuse, alors que famille et amis se trouvaient en tribune Jean-Bouin. Depuis, il ne quitte plus le onze de départ en L1, et son équipe ne perd pas. « La grande qualité de Morgan, c'est sa capacité à aller de l'avant, sur ses courses, ses contrôles orientés. Il a pris l'info, quand il sait qu'il peut aller vite vers l'avant, il y va », explique son entraîneur, qui le veut plus lucide encore.
Sanson laisse la gloire aux artistes et les beaux discours aux anciens. « C'est plutôt un mec introverti, qui bosse dans son coin, qui ne parle jamais en mal sur les gens, explique Martin. Un mec de vestiaire, tout bon pour l'ambiance. Ce ne sera jamais le premier à prendre la parole devant le groupe. À Montpellier, il aurait pu, il avait le leadership technique, mais ce n'est pas son tempérament. » Sanson reste à sa place, tout simplement. « Il aurait pu se perdre à l'OM s'il avait signé avant l'arrivée de Garcia, le club manquait de stabilité, conclut le milieu du Betis. Maintenant, il y a de l'argent, un bel effectif, de l'ambition... Je lui avais conseillé d'y aller. C'est un bon passage pour arriver là où il veut, un top club européen. Il pourrait même s'installer dans la durée si l'OM atteint ses objectifs.»