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Dans le jargon journalistique, un "bon client" est un interlocuteur qui ne se fait pas prier pour parler. Olivier Sadran est tout le contraire. Le président toulousain a l'habitude de refuser toutes les sollicitations médiatiques. Le patron du Téfécé a néanmoins fait une exception pour évoquer Aymen Abdennour, recruté par l'OM le 29 août. Un joueur qui a fait le bonheur du club de la Ville Rose entre 2011 et 2014. "Parce que c'est lui, je vais vous dire trois mots, nous a-t-il répondu. Il est exceptionnel en termes d'implication et d'état d'esprit."
Le Tunisien a en effet laissé une excellente impression en Haute-Garonne. "On a rarement vu un footballeur aussi correct, renchérit Patrick Desprez, suiveur du TFC pour La Dépêche du Midi depuis une dizaine d'années. Ce n'est pas le genre à sortir du vestiaire avec un casque sur les oreilles..."
Pas le genre, non plus, à faire des vagues dans un collectif. Le roc originaire de Sousse a en effet montré une image positive de lui partout où il est passé.
Ancien sélectionneur des Aigles de Carthage (d'avril 2014 à juillet 2015), Georges Leekens est d'ailleurs catégorique sur ce point. "Je l'ai beaucoup observé quand il était à Monaco, puis lorsqu'il est parti à Valence, explique le technicien belge de 68 ans. Il était le meneur de ma défense. Je garde un très bon souvenir de lui. C'est un grand monsieur, avec des valeurs, quelqu'un d'extrêmement professionnel, un élément fantastique pour le groupe."
Évidemment, cela ne fait pas tout. Et le football serait un peu trop simple si les résultats sur le terrain ne dépendaient que des qualités humaines de ceux qui le pratiquent. "C'était l'un de nos meilleurs joueurs,poursuit donc celui qui a aussi dirigé l'équipe d'Algérie (en 2003, puis entre octobre 2016 et janvier 2017). Physiquement, il est très fort dans les duels. C'est un gagneur, une bête.Il donne tout pour son équipe, lit bien le jeu et fait preuve d'un engagement total. Il est précieux sur les coups de pied arrêtés, aussi bien défensifs qu'offensifs."
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Ben Radhia : "Aymen est un grand bosseur"
C'est d'ailleurs sur un corner frappé par Étienne Didot que le robuste gaucher, alors âgé de 22 ans, avait inscrit le seul et unique but d'OM-TFC (0-1) au Vélodrome en mars 2012. Ce soir-là, il avait tout simplement été colossal. "C'était une fierté, j'étais très heureux. En plus, je ne marque pas souvent", souriait-il lors de sa présentation à la presse la semaine passée. Depuis, il n'a d'ailleurs trouvé le chemin des filets qu'à trois reprises (l'année suivante avec Toulouse, en 2014-15 avec Monaco, puis la saison passée avec sa sélection).
Toujours déterminé à faire mieux, le nouvel Olympien a mis tous les atouts de son côté pour progresser depuis le début de sa carrière. "Il travaille dur, il est très discipliné, remarque Souhail Ben Radhia, latéral droit international qui a évolué à ses côtés à l'Étoile du Sahel, entre 2008 et 2010 et qui le considère comme un "petit frère". Il est très sérieux dans sa vie professionnelle, comme dans sa vie privée. Son hygiène de vie est impeccable. Je me souviens qu'après les entraînements, je restais avec lui pour travailler le gainage, les abdominaux... C'est un grand bosseur."
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"Avec Adil et lui, nous aurons du répondant"
À ses débuts, Abdennour évoluait sur le côté gauche de la défense. Mais c'est une fois replacé dans l'axe qu'il s'est révélé. "Progressivement, il s'est amélioré dans la relance, note Georges Leekens. Quant aux gens qui disent qu'il est lent, c'est qu'ils n'ont jamais regardé l'un de ses matches ! Je n'ai vu aucun attaquant le laisser sur place... Il a toujours été très explosif. Il utilise parfaitement sa vitesse, il sait aussitrèsbien où se positionner."
Le Tunisien n'est pas non plus le dernier à aller au front dans les parties engagées. Un atout qui fera sans nul doute du bien à l'escouade phocéenne, souvent trop tendre la saison passée. "Avec Adil (Rami) et Aymen, nous aurons du répondant. C'est ce qu'il faut dans une équipe, comme lorsque l'OM avait des Boli et des Mozer", apprécie un joueur de l'effectif de Rudi Garcia. "Il arrive à Marseille avec un grand vécu sportif, je lui souhaite tout le bonheur du monde. Il a tout pour réussir", enchaîne Ben Radhia.
Reste à savoir si, cette fois, il ne sera pas enquiquiné par les pépins physiques, comme à Valence, où il n'a participé qu'à quarante-deux matches en deux saisons (et seulement quatorze en 2016-17). "Il sait très bien se soigner", tempère Georges Leekens. "Il est rarement blessé. Ce n'est pas un tricheur, abonde Adel Chedli. Je me souviens, à l'époque, l'avoir vu jouer sur une jambe. On n'avait pas l'impression qu'il était diminué. Il souffrait, mais en silence."
S'il n'a pas disputé de rencontre officielle depuis le 9 avril, le nouvel homme fort de l'arrière-garde marseillaise a en revanche effectué une préparation sérieuse avec Valence et joué les matches amicaux. "Physiquement, je suis bien. Je me sens prêt", lâchait-il, très déterminé, face aux journalistes mercredi dernier.
Abdennour est plus motivé que jamais. Le voir à l'OM vaudra le détour.