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OM; Kamara, et maintenant ? À un an de la fin de son contrat, le jeune Marseillais a refusé des offres anglaises de dernière minute qui ne correspondaient ni à sa valeur ni à ses souhaits. Au point mort depuis janvier, les discussions vont reprendre pour une éventuelle prolongation
La liste est longue. André Ayew, André-Pierre Gignac, Florian Thauvin... Autant de joueurs qui chérissaient l'OM, baisaient fougueusement son écusson et sont partis libres, en fin de contrat, sans que l'écurie si chère à leurs yeux ne perçoive la moindre indemnité de transferts. Pendant que le club marseillais se retrouvait une main devant une main derrière, eux encaissaient un joli chèque, d'un montant à sept chiffres, en guise de prime à la signature. Ainsi va le football au 21e siècle.
Pareil scénario se reproduira-t-il en 2022 ? À l'exception du numéro 3 dans la hiérarchie des gardiens, Simon Ngapandouetnbu, qui a récemment reçu une proposition de prolongation de bail de deux ans (La Provence du 20 août), un seul Olympien, et non des moindres, se retrouve dans cette position délicate : Boubacar Kamara. Sauf que le Marseillais de 21 ans n'a jamais eu l'intention de quitter le bercail gratuitement en laissant son club de toujours sans le sou. Il y a démarré le football à l'âge de cinq ans, y a fait toutes ses classes, y est très attaché et sait ce qu'il lui doit. Et quand il raconte qu'il encourageait ses prédécesseurs depuis le virage Nord lorsqu'il était plus jeune, c'est tout sauf du cinéma.
Un 31 août mal vécu
Si son amour pour l'OM ne se conteste donc pas, son cas n'en reste pas moins épineux aujourd'hui, à dix mois du terme de son bail de cinq ans paraphé aux côtés de Jacques-Henri Eyraud en mai 2017. Dès juillet, Pablo Longoria, son successeur, avait prévenu, d'un ton ferme, en marge des présentations à la presse de Cengiz Ünder et Luan Peres : "Il est déplaisant d'avoir un joueur en fin de contrat, spécialement quand il sort du centre de formation (...) Personne n'est au-dessus de l'institution, surtout dans la situation actuelle."
À cette époque, le dirigeant ibère était persuadé qu'une offre conséquente parviendrait dans les bureaux de La Commanderie d'ici la fin du mercato. Il avait néanmoins réduit ses exigences : après avoir été fixé à 40 millions d'euros durant les mois précédents, le tarif voulu pour céder "Bouba" était descendu à 25 M€ depuis le verdict de la DNCG à l'encontre de la maison ciel et blanc (encadrement de la masse salariale et des indemnités de mutation).
Dans un marché atone, aucune offre de ce montant-là n'est néanmoins parvenue, quand bien même des clubs étrangers suivaient l'enfant de La Soude depuis longtemps tels que l'AC Milan, Chelsea, Crystal Palace, Wolverhampton et Newcastle. Ces deux derniers ont fini par dégainer à quelques heures de la clôture avec une proposition, jugée indécente par le clan Kamara (et par beaucoup d'observateurs), de prêt payant à 2,5 M€, assorti d'une option d'achat à 15 M€. Embourbé dans le dossier Caleta Car, contraint de dégraisser afin de pouvoir boucler des arrivées (seul Amine Harit a finalement été prêté, non sans mal), l'OM n'était pas fermé à l'idée de laisser filer son minot le 31 août, quand bien même Jorge Sampaoli souhaitait le conserver. Refus catégorique de "Bouba" et de son entourage qui ont mal vécu l'épisode.
Pour comprendre, il faut remonter aux promesses de 2017 et au projet présenté par "JHE" qui nourrissait des ambitions pharaoniques pour l'institution provençale. Considéré - à juste titre - comme un grand espoir du pays, le gamin du 9e arrondissement incarnait, à seulement 17 ans, l'avenir olympien. Un symbole censé servir d'exemple à tous les mômes de La Commanderie. Le tableau ne correspond en rien à ce qui s'est donc passé mardi. Couvé par sa maman Cathy, garçon calme et posé, il avait mis du temps à accepter le contrat soumis par l'ex-président et Andoni Zubizarreta, l'ancien directeur sportif. C'était mal connaître le bonhomme que de penser qu'il allait sauter dans le premier avion sans réfléchir pour rejoindre n'importe quelle formation de Premier League dans le money-time du mercato... Kamara aspire à beaucoup mieux.
Il apprécie beaucoup Sampaoli
Son plan de carrière est dessiné dans son esprit depuis très longtemps, d'ailleurs. Il ne quittera pas la cité phocéenne pour aller n'importe où et a bien l'intention de continuer à progresser sous le maillot blanc pour atteindre ses objectifs. Un retour chez les Bleuets en fait partie, alors qu'au Sénégal, l'encadrement des Lions de la Téranga surveille de près son évolution et est prêt à lui dérouler le tapis rouge. À l'OM, il est aussi conscient qu'il a une belle carte à jouer cette saison : Jorge Sampaoli le tient en haute estime et c'est réciproque. Le numéro 4 de l'escouade provençale a d'ailleurs parfaitement endossé son nouveau costume de couteau suisse, tantôt milieu défensif, tantôt latéral droit (selon si sa formation attaque ou défend).
Dans un effectif très (voire trop) fourni dans l'entrejeu, il demeure une pièce maîtresse du "Pelado", qui va forcément l'utiliser, comme il l'a justement fait depuis la reprise. Reste à savoir comment la direction olympienne va maintenant le gérer après lui avoir clairement fait comprendre qu'il était sur la liste des transferts. La dernière offre de prolongation de contrat lui ayant été faite remonte d'ailleurs au mois de janvier. Elle n'avait pas abouti.
Après cette période de flou, les deux camps, qui n'ont toutefois jamais coupé les ponts, ont prévu de se revoir bientôt et de nouvelles discussions vont démarrer pour une éventuelle prolongation. Les pourparlers aboutiront-ils ? "Dans l'histoire de l'OM, celui qui a le mieux géré ce type de situation est Samir Nasri", rappelle un fin connaisseur des arcanes du club marseillais. Alors qu'il aurait pu partir libre en 2008 en rachetant sa dernière année de contrat (conformément à l'arrêt Webster, en vigueur à l'époque), le Septémois avait prolongé tout en négociant avec Pape Diouf et Julien Fournier une prime exceptionnelle de départ. Dans ce montage, tout le monde était gagnant et le "Petit Prince" avait signé à Arsenal (pour 16 M€).
On n'en est pas encore là pour "Bouba", désormais à la croisée des chemins.
La Provence