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Bouba Kamara, étoile marseillaise et (bientôt) filante ?
Dans le marasme à l'OM, Boubacar Kamara est l'un des seuls joueurs à sortir du lot malgré les résultats décevants de son équipe. Son avenir s'écrit sans doute loin de la Canebière.
Avec une seule victoire sur les neuf derniers matchs de championnat, l'OM traverse une grosse zone de turbulence, accentuée par des événements extra-sportifs. Mais au milieu de toutes ces intempéries, il y a une éclaircie. Boubacar Kamara fait partie des rares joueurs cette saison à l'Olympique de Marseille qui, malgré les résultats décevants de son équipe, parviennent à se démarquer. L'été prochain va être déterminant pour l'avenir ce pur produit de la cité phocéenne, sous contrat jusqu'en juin 2022.
Depuis ses débuts chez les pros fin 2016, le «Minot» a su gagner la confiance de ses entraîneurs successifs, Rudi Garcia, André Villas-Boas et maintenant Nasser Larguet. Et ce, dans un rôle qui ne lui était pas destiné au début puisqu'il a été formé défenseur central. La charnière Alvaro-Ćaleta Car étant installée, c'est un cran au-dessus que Kamara a fait ses preuves, en numéro 6.
Jean-Luc Cassini, qui l'a connu lorsqu'il était directeur du centre de formation marseillais, se souvient d'un garçon «assez introverti, qui savait où il voulait aller». «C'est un joueur sobre, très fort dans les duels, dans la relance, qui a quand même une grosse confiance en lui. Il a la possibilité de renverser le jeu, de jouer long, de jouer court, il a ce sang froid», ajoute-t-il, pas vraiment étonné par son repositionnement régulier en sentinelle.
Il est vrai que Kamara ne brille pas par ses statistiques - seulement une passe décisive en championnat cette saison - mais par sa régularité sur le terrain et sa facilité à se sortir de n'importe quelle situation. Cassini concède: «Bouba n'a pas vraiment de points forts: il n'a pas un jeu de tête qui va dominer tout le monde, défensivement ce n'est pas un monstre impassable, par contre il a une très bonne lecture du jeu.»
Olivier Jannuzzi, qui l'a entraîné en U19, se montre un peu plus déconcerté: «Il est assez surprenant ce garçon. J'aurais eu tendance à le voir en défense centrale mais il s'est imposé à cette place de numéro 6. Son expérience au milieu est concluante.»
Pour l'ex entraîneur du centre de formation de l'Olympique de Marseille, ce qui n'a rien d'étonnant, c'est de voir «Bouba» jouer à ce niveau-là: «Quand on l'observait, il montrait une facilité déconcertante et une maturité qui interpellait. C'était un peu une assurance tout risque. C'était quelqu'un sur qui on pouvait vraiment s'appuyer.» Il ajoute fièrement : «C'est devenu quelqu'un d'indispensable, en plus c'est un pur produit de la formation marseillaise. C'est rare dans l'histoire de l'OM - il faut le souligner.»
Mentalement au-dessus de la moyenne
Le compteur de Kamara affiche 80 matches en pro avec l'OM: « Ça reste quand même un club où il est difficile de s'imposer quand on est un jeune, rappelle Olivier Jannuzzi. L'attente des résultats est là. »
Même son de cloche du côté des supporters marseillais. Florian, suiveur du club depuis plusieurs dizaines d'années confie: «Il fait une saison dans la continuité de la saison dernière. Excellent au milieu de terrain. Son rôle premier est de gratter des ballons mais plus le temps passe, plus il semble aussi capable de se projeter.»
Si Kamara paraît surnager par rapport à ses coéquipiers, c'est aussi grâce à son mental: «Je pense que sa jeunesse joue, sa façon d'être. Il parait tellement au-dessus sans forcer, il a une forme d'insouciance - à la limite de la désinvolture. En plus il est marseillais, donc quelque part, le contexte, il le connaît aussi», analyse son ex-coach.
«C'est au-delà du joueur. Parce que ce qu'il fait, je pense que certains seraient capables de le faire. Mais mentalement, il est au-dessus de la moyenne. Dans les moments de crise, il arrive à se concentrer sur lui, sur son football», abonde Jean-Luc Cassini.
L'été de tous les dangers
Difficile de le voir rester au club l'été prochain, alors que lors de son dernier bilan comptable devant la DNCG, l'OM affichait 100 millions d'euros de pertes. Le milieu de terrain est sous contrat avec le club jusqu'en juin 2022 et surtout, représente l'une des valeurs marchandes de l'effectif les plus élevées (32 millions d'euros selon Transfermarkt).
«Je vois mal la direction actuelle avoir les moyens et l'idée de lui offrir un contrat béton», regrette Florian, qui aurait pourtant aimé le voir embrasser une carrière à la «Totti ou Gerrard» à Rome et Liverpool. Les idoles ne sont pas les mêmes, mais Cassini espère également que Kamara pourra faire «une carrière à la Maldini à Milan ou à la Oliver Kahn au Bayern».
«C'est plus un problème économique aujourd'hui concernant Bouba», analyse Jannuzzi. «On ne sait jamais ce qui peut arriver. On ne sait pas, c'est un peu la problématique de Marseille», ajoute Cassini, qui sait ce qu'il ferait s'il était président de l'OM : «Quand je vois tout ce qu'on a pu donner à certains joueurs, je pense que je ferais un gros effort financier pour Bouba. Il est marseillais, il est jeune, il a montré depuis trois saisons qu'on pouvait compter sur lui.»
Fin décembre dernier, le milieu de terrain confiait face à la presse qu'une négociation sur une prolongation de contrat avait été entamée: «Pablo (Longoria) vous l'a dit, ça a déjà commencé. Il y a eu des discussions avec mes agents et ma mère. Il n'a pas menti.» La situation ne semble pas avoir évolué depuis, alors que de grosses écuries européennes seraient intéressées. D'étoile montante, Kamara pourrait devenir étoile filante.
Société du Figaro