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OM-Strasbourg : Boubacar Kamara associé à Luiz Gustavo en défense centrale ?
L'international des moins de 19 ans pourrait être associé ce mercredi soir (19h00) à Luiz Gustavo en charnière centrale contre Strasbourg. Son coach le voit pourtant davantage s'épanouir au milieu.
Il n'a disputé que trente petites minutes de jeu à Lyon (2-4), dimanche soir, mais Boubacar Kamara affichait à la sortie du match un visage lisse, sans la moindre trace d'un état d'âme. «Je dois travailler encore plus fort, encore plus dur», glisse-t-il à ses proches. Un peu plus loin, Nabil Fekir, le capitaine de l'OL, dira en privé tout le bien qu'il pense de la jeune pousse marseillaise, qu'il suit depuis longtemps.
Au printemps 2018, entre les blessures et autres suspensions, Kamara a connu quatre titularisations dans l'axe lors des sept dernières journées de L 1. Il a été associé une fois à Luiz Gustavo (OM-Montpellier, 0-0), une autre à Sertic (Guingamp-OM, 3-3) et deux à Rolando (OM-Nice et OM-Amiens, 2-1). Rebelote en août, au retour de l'Euro des moins de 19 ans disputé avec les Bleuets : il a débuté face à Toulouse (4-0), au côté de son aîné brésilien Luiz Gustavo et s'est distingué par une prestation très propre.
Ses coéquipiers vantent ses mérites : ce Kamara, ce n'est pas du toc, mais du premier choix. Un premier choix par défaut, cependant. Dès la seconde journée, à Nîmes (1-3), Rudi Garcia aligne sa charnière idéale, Adil Rami - Duje Caleta-Car, une promesse croate d'alors vingt et un ans, quand beaucoup s'attendaient à voir débarquer un défenseur expérimenté. Mais, pour Garcia, Caleta-Car ne bloquera pas la progression de Kamara, qu'il pense voir éclore au milieu, un secteur où Maxime Lopez peine déjà pourtant à avoir du temps de jeu. Bien que technique, Kamara ne correspond pas complètement à tous les critères - physiques, notamment - de son coach.
Ses centraux, Garcia les aime imposants : «Je vous prie de croire que quand j'ai vu Adil Rami et lui arriver lundi à la reprise de l'entraînement, je me suis dit qu'on allait avoir une charnière qui a du poids», dit-il avec gourmandise le 8 août. Samedi dernier, il a de nouveau comparé ses deux espoirs : «Duje est plus athlétique, c'est un élément important. "Bouba" connaît mieux l'équipe, il était avec nous toute la saison dernière, il est aussi très intelligent. Les deux se ressemblent dans la lecture des situations, le sang-froid et leur qualité technique de relance.»
Jocelyn Angloma, ancienne gloire de l'OM, nuance : «La taille de Kamara ne me semble pas un problème pour jouer en défense centrale. Il a une vraie qualité d'anticipation et de passes. D'ailleurs, c'est ce qui fait que Rudi l'aime peut-être au milieu. Comme défaut, je dirais qu'il manque un peu de vivacité, qu'il n'a pas encore ce coup de reins sur les premiers mètres. Il a de la concurrence derrière ou au milieu. Il faut qu'il profite des moindres minutes qu'on lui donne. Ça me démange de le voir un peu plus souvent, même si je comprends que Rudi ne veuille pas le brûler.»
Garcia goûte peu la "hype" sur Kamara, qui tient aussi au contexte local, passionnel, où on érige aussi vite les statues qu'on les déboulonne, où un joueur a vite fait de se prendre pour l'origine du monde. «Bouba a joué comme on l'attend, toujours bien», glisse-t-il avec un petit sourire taquin quand les suiveurs l'interrogent sur la prestation de Kamara en latéral gauche face à Francfort (1-2, jeudi), qui n'avait rien de transcendant. À dix-huit ans et dix mois, Kamara «semble avoir la même sérénité qu'un adulte de trente ans», confie un coéquipier. Mais la moindre erreur de jugement se voit encore plus : à Leipzig (0-1), le 5 avril, ou contre Rennes, le 26 août (2-2), il s'était fait éliminer facilement sur les buts adverses, rappelant qu'il est en plein apprentissage.
Toujours zen, Kamara s'accommode de ces aléas, refait le monde avec son ami Max Lopez. Les deux symboles du renouveau de la formation olympienne connaissent l'envers du décor. Jacques-Henri Eyraud aussi, désormais. Dans une conférence à Kedge, l'école de commerce de Marseille, le 7 septembre, le président de l'OM, interrogé sur les notions de transferts et de trading, expliquait à son auditoire, à propos du duo Lopez-Kamara : «Évidemment, on aimerait les retenir, mais on sait qu'ils ne feront pas toute leur carrière ici.»