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Comment Boubacar Kamara, un temps pressenti avec le Sénégal, a finalement rejoint les Bleus
Espéré par le Sénégal depuis plusieurs mois, le milieu marseillais a été convoqué jeudi pour la première fois en Bleus.
Quand, jeudi, sur les coups de 14 heures, son nom apparaît sur les deux écrans bleus de l'auditorium de la FFF, Boubacar Kamara a la confirmation de ce qu'il pressentait depuis une poignée d'heures. Pour la première fois, il est convoqué en équipe de France A. Pas d'effet de surprise immense, donc, mais une profonde émotion pour celui qui avait porté le maillot bleu des moins de 17 jusqu'en Espoirs (48 sélections).
Après plus de 200 matches en professionnel et une saison très aboutie où on l'a vu passer un cap en termes de régularité au haut niveau et tenir à bout de bras l'animation défensive de l'OM, « Bouba » (22 ans) va donc découvrir Clairefontaine le 28 mai et rejoindre William Saliba et Mattéo Guendouzi, ses coéquipiers en club. Espéré par le Sénégal depuis plusieurs mois, le minot va porter le maillot bleu. À l'issue de semaines intenses.
Le 6 février dernier, l'image de Boubacar Kamara avec le maillot sénégalais sur le dos au moment du tir au but victorieux lors de la dernière CAN face à l'Égypte, diffusée sur les réseaux sociaux, marque les esprits. Dans le camp sénégalais, on se prend alors à rêver d'une future sélection du Marseillais. Dans le vestiaire de l'OM, le lobby est intense. Son coéquipier Pape Gueye, comme d'autres joueurs évoluant ailleurs, tente de le convaincre de l'intérêt de cette aventure humaine qui peut lui permettre de jouer un Mondial. À la FFF, on se souvient que son bail chez les Bleuets s'était achevé dans une forme d'incompréhension, avec un déclassement soudain lors de l'Euro Espoirs en mars 2021.
Quand Deschamps s'assure du choix
Dans ce contexte, Kamara peut-il se laisser tenter ? À Dakar, on en est persuadés. La réalité est bien plus nuancée. Le Marseillais écoute mais ne décide pas. Dans son camp, on s'étonne de voir émerger un feuilleton qui, pour lui, n'en est pas un. L'article du 20 avril dans nos colonnes, où nous relatons l'intérêt du Sénégal pour Kamara, a une conséquence non négligeable : faire parler à la Fédération française. Au siège de la FFF, la progression de Kamara n'est pas passée inaperçue. Certains salariés, bien implantés à Marseille, se renseignent sur le caractère imminent de la possible décision de Kamara. Ils sont vite rassurés, la France a encore toutes ses chances. Mais à cet instant, le Marseillais est encore loin des Bleus. Pour Deschamps, dans un secteur très concurrentiel, cela reste un horizon lointain.
Les semaines avancent. Et à la FFF, on sait désormais que Kamara n'est pas du tout fermé potentiellement à une convocation en bleu. Deschamps est mis au courant. Le sélectionneur des Bleus, qui mesure la progression du jeune milieu, veut s'assurer qu'en cas de convocation, le joueur serait partant. « DD », comme il l'a déjà fait avec d'autres joueurs, souhaite prendre le pouls de la motivation de Kamara dont le profil (rare dans ce secteur de jeu) et la polyvalence l'intéressent. Il ressort de ces échanges, directs et indirects, convaincu. Alors que le forfait de Paul Pogba (mollet) est acté, mercredi soir, la décision est prise.
Jeudi, Deschamps a avancé des arguments sportifs : « Il est là par ce qu'il réalise avec son club. C'est lié aussi à l'absence d'autres joueurs (Paul Pogba). » Mais il a aussi évacué le débat autour d'une forme d'opportunisme, en utilisant ses éléments de langage habituels : « J'ai déjà été confronté à cette situation. À aucun moment je ne sélectionnerai un joueur pour l'empêcher d'avoir ce deuxième choix. À partir du moment où le joueur est très clair et que son objectif est d'être international français, c'est le moment. » Quelques minutes plus tard, Kamara, stories à l'appui, fait part de son bonheur d'être bleu.