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Rebond volcanique
Libre depuis son départ d’Al-Nassr en avril, Rudi Garcia est le nouvel entraîneur de Naples, champion d’Italie en titre. Il a notamment été préféré à Christophe Galtier. MéLISANDE GOMEZ (avec A. H.)
Le destin réserve parfois de subtiles ironies et Rudi Garcia pensera peut-être à Luciano Spalletti quand il dirigera son premier entraînement avec Naples, le mois prochain. L’entraîneur italien l’avait remplacé sur le banc de l’AS Rome quand, en janvier 2016, le Français avait été limogé. Et, aujourd’hui, Spalletti lui laisse la place à la tête d’une équipe napolitaine championne d’Italie, pour permettre à Garcia de retrouver la Serie A, où personne ne l’a oublié depuis son départ de Rome.
Deux mois presque jour pour jour après la fin de son aventure en Arabie saoudite au club d’Al-Nassr, où il ne sera pas resté très longtemps à diriger Cristiano Ronaldo (le Français était arrivé en juillet 2022, le Portugais en janvier), Garcia a déjà retrouvé un poste, et pas n’importe lequel : le Napoli vient de remporter le troisième scudetto de son histoire, vingt-trois ans après son dernier sacre, il a joué un quart de finale de la Ligue des champions pour la première fois (0-1, 1-1 contre l’AC Milan), et Aurelio De Laurentiis, son charismatique président, n’a pas l’intention de laisser le devant de la scène. Il veut continuer à gagner et a donc choisi le Français (59 ans) pour piloter la machine, après que Spalletti a décidé de prendre une année sabbatique. On le comprend un peu : entraîner Naples est un métier à part et plutôt fatigant, dans une ambiance toujours bouillonnante et une ville qui vit pour son club.
Garcia ne découvrira pas complètement cette ferveur exceptionnelle, lui qui a entraîné l’AS Rome pendant deux saisons et demie, où les humeurs des tifosi sont extrêmes et versatiles. Et il était heureux, hier soir, à l’heure de commenter ce nouveau défi via son compte Twitter : « Quel plaisir de rejoindre le projet du Napoli. Quel plaisir de revenir en Italie. Je suis motivé et ambitieux comme jamais pour continuer à emmener au plus haut les couleurs des champions d’Italie. » Une heure et demie plus tôt, c’est le président du club, De Laurentiis, qui avait officialisé la nouvelle, sur Twitter lui aussi : « J’ai le plaisir d’annoncer que, après l’avoir rencontré et fréquenté pendant ces dix derniers jours, Rudi Garcia sera le nouvel entraîneur du Napoli. Je lui souhaite la bienvenue et lui dis bonne chance. » Garcia s’est engagé deux ans, plus une saison en option.
De Laurentiis convaincu par son C.V. et son profil
La nouvelle a fait son petit effet, alors que Christophe Galtier et Paulo Sousa étaient eux-aussi dans la short list du président, ces derniers jours. à Naples, c’est De Laurentiis qui décide et il a choisi Garcia, avec qui les contacts remontent à une quinzaine de jours. Le président surveillait Vincenzo Italiano, l’entraineur de la Fiorentina récente finaliste de la Ligue Europa Conférence, mais ce dernier a choisi de rester à Florence. Il s’est renseigné sur plusieurs entraîneurs, comme l’ancien joueur parisien Thiago Motta, aujourd’hui à Bologne, mais c’est Garcia qu’il a rencontré, la semaine dernière lors d’un dîner, et c’est lui qu’il a préféré, convaincu par le C.V., par le discours et par son profil d’entraîneur, aussi.
Il y a dix jours, au moment d’esquisser le portrait du successeur idéal de Spalletti, De Laurentiis avait expliqué : « J’ai une liste, et il faudra regarder la capacité à s’adapter à notre 4-3-3 et à la culture napolitaine. » C’est-à-dire une équipe qui ose plutôt qu’une équipe qui attend, une équipe qui joue plutôt qu’une équipe qui calcule, pour satisfaire un public fier et qui vit d’émotions.
Le 4-3-3 et le jeu offensif, voilà deux cases que Garcia peut cocher. Son palmarès d’entraîneur a aussi plaidé en sa faveur, lui qui a obtenu des résultats presque partout où il est passé, de la montée en L2 avec Dijon (2004) au titre de champion à Lille (2011), de ces deux deuxièmes places à la Roma (2014 et 2015) à la finale de la Ligue Europa avec l’OM (2018). À Naples, le défi s’annonce relevé, entre un titre de champion à défendre et une Ligue des champions à disputer. Avec quelle équipe ? C’est l’enjeu du mercato estival : l’excellent championnat réalisé a mis en valeur les joueurs et les Napolitains sont très convoités sur le marché. Mais De Laurentiis n’est pas du genre à se laisser aveugler par les offres et il n’a pas l’intention de vendre tout le monde. Il l’a assuré à Garcia et à ses proches, lors des discussions : le président veut rester au sommet et gagner d’autres titres.
Il sera très compliqué de retenir Kim Min-jae, le défenseur central sud-coréen courtisé notamment par le Bayern, mais il faudra aligner beaucoup d’argent pour espérer arracher l’attaquant nigérian Victor Osimhen, dont le prix a été fixé à 140 M€. Les autres joueurs devraient rester, signe de l’ambition du club : « Nous avons inauguré un cycle et j’espère qu’il va continuer pendant des années, annonçait De Laurentiis la semaine dernière. Je ferai tout pour que nous puissions continuer à gagner. » Garcia est prévenu, les exigences sont élevées.
L'Equipe