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Une séparation à 15 millions
Le licenciement de Rudi Garcia et d’une grande partie de son staff pourrait coûter très cher à l’OM. Un montant colossal qu’il sera difficile de justifier auprès du propriétaire Frank McCourt. BAPTISTE CHAUMIER
Ils personnifient le projet depuis les premiers jours d’octobre 2016 : Jacques-Henri Eyraud, Rudi Garcia et Andoni Zubizarreta se sont toujours attelés, publiquement, à afficher une unité et à déminer toute forme de dissonances quand les divergences remontaient à la surface. Et, à l’heure du bilan, ils se trouvent fatalement en première ligne, l’entraîneur peut-être plus encore que les deux dirigeants. C’est la règle dans le foot professionnel. Garcia le sait et pour l’avoir déjà vécu, à la Roma, il ne laisse rien transparaître de ses sentiments et de ses intentions.
Avec cette saison ratée dans les grandes largeurs, la cohésion a vécu et chaque camp commence à s’organiser, à plaider sa cause. La partie de poker menteur a débuté : l’entraîneur ne démissionnera pas et le club espère qu’il trouve un point de chute pour éviter de devoir payer des indemnités très lourdes. Au moment de sa prolongation de contrat de deux saisons, jusqu’en 2021, en octobre dernier, les montants étaient restés secrets. Il aurait en fait été augmenté de 250 000 à 350 000 euros brut mensuels, pour s’approcher de ses émoluments romains.
Sept membres du staff intimement liés à Garcia
Pour le seul technicien, le club pourrait donc devoir débourser environ 10 M€ d’indemnités, chargées. Mais Garcia a veillé à s’entourer de personnes de confiance et l’addition pourrait être plus conséquente, autour de 15 M€ dans l’hypothèse la plus pessimiste pour l’OM. Au total, sept membres du staff sont intimement liés à Garcia, au contraire de Stéphane Cassard, l’entraîneur des gardiens depuis bientôt cinq ans, des intendants, des kinés et des analystes vidéo.
Au fil des mois, Garcia a profondément remanié l’équipe technique : il est d’abord arrivé avec ses plus fidèles adjoints (Frédéric Bompard, Claude Fichaux) et a attiré des spécialistes connus à son époque mancelle (Paolo Rongoni, Fabien Bossuet). La dernière arrivée en date, celle de Stéphane Jobard, cet été, a été présentée comme un renforcement du staff. Cet ancien joueur de Dijon, à l’époque où Garcia en était l’entraîneur, était sur le point d’être remercié par le DFCO, pour un motif extra-sportif. L’entraîneur est intervenu pour recruter ce technicien dont il est proche, tout comme il a plaidé pour la prolongation de tous ses adjoints en octobre, au moment de la sienne. Si la séparation avec l’OM se confirme, pourrait-il quitter le club avec tous ses fidèles ? En ce qui concerne Bompard, Fichaux et Jobard, ses lieutenants, cela semble évident. Quand il est parti de Lille pour la Roma (en 2013), il avait en revanche laissé le médecin Franck Le Gall dans le Nord, signe que leurs destins ne sont pas forcément liés. Mais Garcia avait ensuite essayé d’attirer le docteur dans le club italien, un an plus tard. Pour Le Gall, qui est aussi le médecin des Bleus, rien ne semble acté, toutefois. La situation est un peu différente pour le préparateur physique Rongoni et ses deux adjoints. Garcia a connu ce technicien au Mans. Il apprécie son travail mais n’a pas toujours collaboré avec lui. Arrivé à Marseille (en 2016), son premier choix s’était d’ailleurs porté sur… Grégory Dupont, qui était déjà en poste au LOSC.
Le club pourrait-il se séparer de Garcia et tous ses hommes ? Et serait-il en mesure, surtout, de régler ce montant énorme d’indemnités ? Sans participation à une coupe d’Europe, la saison prochaine, sous le joug du fair-play financier, alors qu’un accord de règlement doit être signé, l’OM se trouve dans une situation financière précaire. Eyraud devra donc pouvoir justifier une telle dépense à Frank McCourt pour avoir prolongé l’entraîneur et lui avoir offert de telles conditions. Le président marseillais se trouvera alors, lui aussi, en première ligne.