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GARCIA
LA VOIE DU MAÎTRE
Conforté par ses résultats, l’entraîneur marseillais est de plus en plus influent, notamment en matière de recrutement. Le voilà en première ligne. Garcia, la voie du maître
Conforté par ses résultats, l’entraîneur marseillais est de plus en plus influent, notamment en matière de recrutement. Le voilà en première ligne. MÉLISANDE GOMEZ (avec V. G.)
Le marché des transferts est d’abord fait pour renforcer les équipes mais, parfois, il peut aussi renforcer un entraîneur. Dans les rouages complexes d’un club de football, où le pouvoir se partage souvent à contrecœur, le mercato est l’occasion pour chacun de mesurer son champ d’influence et, à ce jeu-là, l’été n’a pas dû déplaire à Rudi Garcia. Rien n’est jamais parfait, non plus, parce que le technicien marseillais voulait un avant-centre et qu’il n’est pas arrivé ; mais, sur tout le reste, ses exigences ont été satisfaites. Et ses choix validés.
Aujourd’hui plus que jamais depuis qu’il a signé à l’OM, en octobre 2016, dans la foulée du rachat du club par Frank McCourt, Garcia (54 ans) s’impose comme l’homme fort du sportif et sa voix porte plus loin, par exemple, que celle de son directeur sportif, Andoni Zubizarreta (voir par ailleurs). À son arrivée, déjà, la mission de l’ancien entraîneur du LOSC avait des avantages, parce que le contexte l’aidait autant que son CV : il incarnait le fameux Champions Project des nouveaux dirigeants, dont il avait toujours été la piste prioritaire. Il était auréolé d’une belle réputation, pour les résultats obtenus au LOSC (doublé Coupe-Championnat en 2011) ou à l’AS Rome, notamment, et pour le fonds de jeu, souvent séduisant, développé par ses équipes. Et puis, ses prédécesseurs sur le banc marseillais n’avaient pas placé la barre trop haut : depuis le départ de Marcelo Bielsa, en août 2015, ni Michel ni Franck Passi n’avaient su calmer la nostalgie des supporters, alors que l’OM avait bouclé la saison 2015-2016 à la treizième place.
L’an passé, il a échoué de peu au pied du podium, a vibré jusqu’à la mi-mai au gré de ses périples européens et, même si la saison s’est conclue sans trophée (défaite en finale de la Ligue Europa contre l’Atlético de Madrid, 0-3), les émotions ont ravivé la flamme au stade. Elles ont aussi, logiquement, donné du crédit à Garcia : c’est d’abord parce que les résultats parlent pour lui que sa parole pèse davantage. Il le sait bien, et il ne s’est pas privé de mettre gentiment la pression à sa direction, avant le départ en vacances, en fin de saison dernière, dans un petit discours informel à ses joueurs et à son staff qui est vite remonté en interne. Ce jour-là, Garcia a insisté sur sa volonté d’obtenir des renforts de poids lors du marché estival, mettant sa prolongation de contrat dans la balance.
Plus de droits,
donc plus de devoirs
Près de quatre mois plus tard, il n’a toujours pas paraphé de nouveau contrat, alors que le sien prend fin en juin prochain, mais lui comme son président assurent que la signature d’un nouveau bail de deux ans est imminente. Est-ce parce que le mercato a été jugé assez satisfaisant ? « Je n’attendais pas du tout la fin du mercato pour avancer sur le sujet », nous assurait encore Garcia hier.
L’officialisation de la nouvelle ne devrait plus trop tarder et elle ne surprendra pas grand-monde : si Garcia dit ne pas avoir lié les deux affaires, ses dirigeants, eux, ont fait en sorte que le recrutement lui donne envie de prolonger l’aventure. Depuis son arrivée, ses orientations pesaient dans le casting des recrues : Dimitri Payet, Adil Rami ou Grégory Sertic, par exemple, sont des renforts qu’il a voulus.
Cet été, l’influence a semblé franchir un nouveau palier : Garcia voulait Duje Caleta-Car, repéré lors des confrontations de la saison dernière en Ligue Europa face au RB Salzbourg. Et Kevin Strootman, qu’il avait entraîné à Rome et avec qui il s’est entretenu le mois dernier pour le convaincre de tenter l’aventure marseillaise. « Il est normal de responsabiliser l’entraîneur et d’écouter ses volontés en matière de recrutement », explique Jacques-Henri Eyraud, le président de l’OM, qui insiste aussi sur le rôle précieux de Zubizarreta, par exemple dans l’arrivée de Nemanja Radonjic. C’est le Basque qui a couché le nom du Serbe sur sa liste. Et son profil a plu à Garcia.
Les choix de l’été, en tout cas, et son pouvoir dans les prises de décision placent Garcia en première ligne pour la suite. Depuis qu’il est arrivé, l’entraîneur est entendu et suivi. Sur la composition du staff, où le casting a été redistribué, notamment dans le secteur médical. Sur les aménagements du centre d’entraînement, aussi : à la demande du coach, des travaux ont été réalisés pour agrandir certains espaces et en améliorer d’autres. Et Garcia n’a jamais caché qu’il trouvait les murs de la Commanderie un peu trop étroits : le club prospecte encore pour déménager, à moyen terme. Il a l’effectif qu’il souhaitait et l’arrivée de Strootman lui permet beaucoup de solutions tactiques, notamment celle d’un retour au 4-3-3, qu’il a toujours affectionné. Il a aussi, du coup, une certaine obligation de résultats. Cette saison, la qualification en Ligue des champions n’est pas une option. Sans elle, l’été prochain pourrait être plus crispant que celui qui vient de s’achever.
L'Equipe