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Les choix de Rudi Garcia posent question
Après la débâcle à Monaco (1-6), la façon dont l'entraîneur marseillais a renié ses principes de jeu interpelle encore tous les acteurs olympiens.
Dimanche soir, dans les entrailles de Louis-II, Leonardo Jardim n'a pas accablé Rudi Garcia. Le Portugais sait la versatilité de leur métier, les entraîneurs sont installés sur un fragile trône de verre. « Monaco a mis une grosse pression sur l'adversaire en première période, a glissé le guide des champions de France. On n'a pas laissé jouer l'OM, qui aime posséder le ballon. Tu ne peux pas imaginer que tu vas gagner 6-1 contre un OM qui me semble plus solide que la saison dernière. On a mis de la vitesse dans les couloirs, on a gagné des duels offensifs sur les coups de pied arrêtés contre des joueurs grands et costauds. »
A-t-il été surpris par la composition baroque de l'OM, avec sept joueurs à vocation défensive (Hubocan, Doria, Rolando, Sertic, Sakai, Amavi et Luiz Gustavo) ? « Garcia a essayé de donner plus de taille à son équipe, sur les coups francs, les corners, a ajouté Jardim. Il prend ses décisions, et moi, les miennes. »
Le plan de Garcia a été balayé au premier coup de sifflet (2e, Glik reprend un coup franc, 1-0), la fébrilité a été démultipliée, à l'image d'un Sanson aussi agacé que déboussolé. « Un manque d'attention sur leur point fort, les coups de pied arrêtés, et ça ne loupe pas, a expliqué Amavi, l'un des deux joueurs marseillais à avoir répondu à la presse, avec Thauvin. On a été humiliés. On avait bien travaillé sur ce match, on n'a pas répondu présent, on n'a pas respecté ce maillot. » Lors des dernières séances d'entraînement, samedi après-midi encore, les Olympiens ont planché sur les corners offensifs et défensifs, avec un marquage en zone. Mais la composition d'équipe a surpris jusqu'aux plus audacieux du groupe, où l'on doute gentiment de la fiabilité d'un Doria.
Garcia avait testé une défense à trois contre Domzale (3-0), jeudi dernier, tout en brouillant les pistes par la suite. À Monaco, il a ironisé, avec amertume, sur ses choix : « J'ai montré aux autres coaches de L 1 tout ce qu'il ne faut pas faire ici. » Comme le 23 octobre 2016, au Parc des Princes, ou à Louis-II déjà, le 26 novembre 2016, il a tenté un improbable coup tactique. À Paris (0-0), il avait bricolé avec un effectif récupéré trois jours plus tôt. À Monaco (0-4), il avait fait vivre un calvaire à Alessandrini, latéral gauche de la 8e à la 38e minute (et son remplacement).
En août 2017, malgré les absents (Rami, Payet, Njie, Ocampos), Garcia a les joueurs qu'il a validés. La gestion d'Amavi fut ainsi lunaire, et Claude Puel, présent à Louis-II, a dû se frotter les yeux en le voyant milieu gauche, et parfois collé à Valère Germain lors du premier quart d'heure. À leur époque commune à Nice, Puel avait replacé Amavi derrière, car il n'était pas assez efficace devant. Le joueur s'est perdu sur la pelouse. Il a été sorti à la pause, au contraire de... Hubocan, en difficulté au poste de latéral gauche, où il dépannait.
Garcia évoque aussi la capacité de son groupe à changer de système en cours de match, mais il n'est revenu à son 4-3-3 fétiche qu'en seconde période, après avoir insisté sur les notions de fierté, de dignité et de deuxième acte à remporter, pour l'honneur.
« Pourquoi n'avons-nous pas changé à 0-2, à la vingtième minute? Je me le demande encore », souffle un joueur, dépité. Interrogé le 9 août sur son projet de jeu, Garcia avait répondu : « La philosophie qu'on développe depuis huit mois: une équipe qui a la possession, qui repart de derrière, qui a un jeu technique, court, porté vers l'avant, qui marque des buts et qui gagne des matches, surtout ! » Dimanche, il s'est renié, il a perdu, et d'une manière qui marquera les esprits pendant longtemps. Il y aura quoiqu'il en soit du travail pendant la trêve internationale. La reprise de l'entraînement, prévue initialement demain, a d'ailleurs été avancée à aujourd'hui.