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Sakai calme la Canebière
Après une longue saison et une Coupe du monde à émotions avec le Japon, le défenseur nourrit encore de grandes ambitions à l’OM, où sa tranquillité tranche parfois avec la folie ambiante. Sakai calme la Canebière
Après une longue saison et une Coupe du monde à émotions avec le Japon, le défenseur nourrit encore de grandes ambitions à l’OM, où sa tranquillité tranche parfois avec la folie ambiante. DE NOTRE ENVOYé SPéCIAL
BAPTISTE CHAUMIER ALMANCIL (POR) – Les Bleus ont N’Golo Kanté, qui est petit, qui est gentil et qui a stoppé Lionel Messi. Les Marseillais ont Hiroki Sakai, qui est souriant, qui est battant et qui a rivalisé avec Neymar, le temps d’un Classique, en octobre dernier (2-2). Comme le joueur de Chelsea en équipe de France, l’international japonais parvient à faire l’unanimité auprès de ses coéquipiers, à Marseille, à la différence près qu’il ne sait toujours pas tricher, lui (*).
Sakai (28 ans) n’a pas encore assez de vice pour s’imposer au cours des parties de tennis-ballon bruyantes à La Commanderie mais il semble chaque jour s’acclimater un peu plus dans ce club et dans cette ville qu’il a découverts à l’été 2016. Le défenseur est plus à l’aise pour s’exprimer même s’il préfère répondre aux interviews en anglais, un premier pas. Sur le terrain, en revanche, il communique facilement avec ses partenaires (« ça vient », « sors », « à gauche », « à droite », énumère-t-il en français) ou en allemand quand il s’adresse à Luiz Gustavo ou Kostas Mitroglou. « En français, il y a certaines lettres qui n’existent pas en japonais alors ce n’est pas facile, notamment au niveau de la prononciation, remarque-t-il. Mais je prends des cours une fois par semaine, je m’améliore. »
De retour de ses vacances, en début de semaine, le latéral droit a retrouvé sa place dans le groupe marseillais, parti en stage au Portugal, avec ce sourire éternel qui éclaire son visage. « Je suis heureux d’être ici, je m’entends bien avec tout le monde. » Ce n’est pas de la langue de bois et il faut se souvenir de cette joie collective magnifique après son but contre Leipzig (5-2), en quarts de finale retour de la Ligue Europa, le 12 avril, pour s’en persuader. « Tout le monde était content et moi aussi, dit-il dans un sourire. C’était un match incroyable, je ne pourrai pas l’oublier. »
“Normalement, avec le Japon, nous ne disputons que trois matches, cette fois, nous avons réussi à intégrer le top 16. Mais quand nous menons 2-0 et que nous perdons 2-3 (contre la Belgique, en huitièmes de finale), c’est décevant
Il appréhende désormais un peu mieux la folie locale, lui qui est si discret et casanier dans sa vie quotidienne. « Ma mentalité est toujours comme ça (il trace une ligne droite imaginaire avec sa main droite), alors qu’à Marseille, l’environnement est souvent comme ça (il mime des vagues avec les mains). En dehors du terrain, je suis très relax, je passe du temps avec ma famille. Sur la pelouse, en revanche, je dois donner le maximum, courir beaucoup et me battre. »
À l’écouter et à le voir en match, il serait devenu marseillais une fois le maillot sur le dos. Ce tempérament lui a d’ailleurs permis de s’installer pour de bon dans le onze type de l’OM et même parfois d’être une solution crédible à gauche ou dans l’axe, comme dans cette défense à trois alignée lors du quart de finale aller contre Leipzig (0-1), la saison dernière. Il dit justement avoir progressé tactiquement avec « le coach Rudi Garcia », comme il l’appelle, lui qui éprouvait de grandes difficultés dans ce domaine lors de ses premiers mois à Marseille.
Le défenseur mesure aujourd’hui le chemin parcouru mais assure qu’il n’est pas rassasié, évoque les progrès à effectuer, les compétitions qu’il veut encore disputer. De la Coupe du monde en Russie, justement, il garde de formidables souvenirs et une pointe de déception, aussi. « Normalement, avec le Japon, nous ne disputons que trois matches cette fois, nous avons réussi à intégrer le top 16. Mais quand nous menons 2-0 et que nous perdons 2-3 (contre la Belgique, en huitièmes de finale), c’est décevant. »
Sakai se reprend, il redevient vite positif, c’est dans sa nature, il parle de cette « expérience » et de cette « confiance », emmagasinées. Des mots qu’il répète souvent comme lorsqu’il évoque sa saison avec l’OM ponctuée, elle aussi, de frustration entre cette quatrième place en Championnat et cette défaite en finale de la Ligue Europa (0-3 contre l'Atlético de Madrid). Alors, il se projette avec la volonté d’être meilleur et de disputer un jour « la Ligue des champions », son rêve. Ça tombe bien, c’est l’objectif de l’OM cette saison.
*Dans la chanson, N’Golo Kanté est accusé d’être un tricheur aux jeux de cartes.
L'Equipe