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Rolando, ce dur à cuire; Le nouveau défenseur de l'OM , arrivé lundi, n'a pas hésité à prendre des décisions radicales pour forcer son destin
La Provence
Fabrice Lamperti
Pour Anderlecht le numéro 13... Ronaldo !" Entamée fin janvier, sa parenthèse belge s'est refermée quatre mois plus tard, mais la confusion s'est répandue comme une traînée de poudre sur tous les terrains d'outre-Quiévrain où il a évolué. Rolando a l'habitude. En Italie, lorsqu'il portait le maillot de Naples, puis celui de l'Inter Milan, les gens étaient également atteints de dyslexie au moment de prononcer (et d'écorcher) son nom. Au début, la nouvelle recrue de l'OM reprenait les maladroits. Aujourd'hui, elle ne prend même plus la peine de le faire. Elle laisse couler.
Sa carrière lui a réservé d'autres préoccupations bien moins futiles. Après avoir bien démarré avec un transfert de Belenenses vers Porto pour 1 million d'euros, elle a emprunté des chemins plus sinueux. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes jusqu'en 2012. Titulaire au coeur de la défense des Dragons, il a collectionné les titres (voir ci-dessous), au point de devenir international portugais (19 sélections). Puis les problèmes ont surgi.
Porto, le point de non-retour
Rolando est entré en conflit avec Antero Henrique, le directeur général du club lusitanien, mais aussi avec Vitor Pereira alors entraîneur. Ce dernier ne comptait plus sur lui. Mis de côté, le colosse du Cap-Vert s'est retrouvé avec la réserve. Poussé vers la sortie, il a enchaîné les prêts à Naples, l'Inter Milan et Anderlecht. En Lombardie, il fait forte impression. Au point que les Nerazzurri souhaitent l'enrôler définitivement.
Un autre problème apparaît : le prix du transfert. Intransigeant en la matière, Porto réclame le montant de la clause libératoire pour lâcher son robuste défenseur. Celle-ci s'élève à 30 M€. L'Inter refuse, personne ne s'aligne sur de telles prétentions. Et voilà Rolando contraint de retourner à Porto où il est sous contrat jusqu'en 2016, alors qu'il n'avait qu'une envie : rester à Milan. La situation s'envenime. Car le natif de Sao Vicente a un moral en acier trempé. "Il a un caractère fort, ne se laisse pas marcher sur les pieds et essaye d'imposer ce qu'il veut", dépeint-on dans le nord du Portugal.
Le président Pinto da Costa croit trouver une issue positive à ce conflit lorsque, à l'été 2014, le nouvel entraîneur Julen Lopetegui assure compter sur son roc. L'hypothèse d'une prolongation est même évoquée. "Au dernier moment, Rolando a fait marche arrière. Il ne voulait plus jamais jouer pour Porto", explique-t-on dans l'entourage du club. Six mois plus tard, il est propulsé à Anderlecht. Contraint et forcé.
"Anderlecht n'est pasun centre de rééducation"
Après une première partie de saison 2014-15 vierge, Rolando se retrouve au milieu d'un incroyable jeu de chaises musicales. Anderlecht cherche un défenseur et, via l'agent Lucien D'Onofrio, se rapproche de Porto pour tenter d'engager... Diego Reyes. Refus du FCP qui revient vers le club belge le 31 janvier dernier, à quelques heures de la clôture du marché hivernal. En proposant les services d'un autre défenseur : Rolando. Ce dernier refuse en bloc. Hors de question pour lui de rejoindre un tel championnat. Sous la pression, il finit par céder, à contrecoeur. Et signe son prêt à 23h45, soit un quart d'heure avant la fin des mutations !
Hors de forme, pas motivé et blessé, Rolando, venu dans la banlieue bruxelloise sans sa famille restée au pays, va rapidement disparaître de la circulation. "Besnik Hasi, l'entraîneur, l'a écarté car il voyait qu'il ne voulait pas jouer. Ce prêt a été un fiasco total", estime Christophe Van Impe qui suit les Mauves pour Sud Presse. Le technicien n'est pas tendre avec sa recrue. "Anderlecht n'est pas un centre de rééducation", assène-t-il en référence aux pépins physiques à répétition de Rolando.
L'OM à la rescousse
En quête d'un défenseur expérimenté et rugueux, l'OM, averti de l'opportunité par le fonds d'investissement Doyen Sports, saute sur l'occasion. Lundi, peu avant l'épilogue du mercato, Rolando devient olympien pour les trois prochaines saisons. Coût de l'opération : 1,5 M€. Polyglotte (il parle portugais, français, anglais et créole), il est prêt à reprendre le fil de sa carrière. Certains n'y croient pas. En Belgique, beaucoup ont cru à une blague quand ils ont eu connaissance de ce transfert. D'autres demeurent persuadés qu'il va retrouver son niveau, qu'il n'a pas perdu son football. "Avoir quitté Porto va le libérer mentalement, estime un proche du club. Toutes les conditions sont désormais réunies pour qu'il redevienne un bon défenseur central qui peut même songer de nouveau à la sélection portugaise."