L'entraîneur écarté par Lille le 22 novembre avait signé un contrat qui n'a pas été déclaré par le club à la Ligue. Y figurait une clause « parachute » qui lui garantit l'intégralité de ses salaires.
En transmettant deux lignes lapidaires par voie de communiqué, à 17 h 36, le LOSC a officialisé hier sa rupture définitive avec Marcelo Bielsa, suspendu depuis le 22 novembre, c'est-à-dire sans rémunération : « Arrivé au terme de la procédure engagée à l'encontre de Marcelo Bielsa, le LOSC informe qu'il a rompu le contrat qui le liait à son entraîneur. » Le technicien argentin est arrivé lundi à Maximo Paz, petit village de trois mille quatre cents âmes perdu au beau milieu de la province de Santa Fe, où se trouve sa propriété de campagne argentine et où il a pris l'habitude de se réfugier à chaque fin de contrat, à quatre-vingts kilomètres au sud-ouest de Rosario. Il devrait y passer les fêtes de fin d'année. À moins qu'il n'aille à Rosario, où il possède un appartement. Mais la fin d'année sera sans inquiétude financière pour l'ex-entraîneur de Lille.
La commission juridique de la Ligue du football professionnel (LFP), qui a reçu le club nordiste et un collaborateur du conseil de l'entraîneur mardi, a en effet levé le voile sur les conditions qui liaient « El Loco » aux Dogues. Un contrat préliminaire signé par le représentant légal de la holding Victory Soccer, celle qui détient le LOSC, en l'occurrence Gérard Lopez, y a été dévoilé. C'est un premier contrat de dix-sept pages, enregistré sous seing privé, rédigé page de gauche en français, page de droite en espagnol, qui a été paraphé avant l'arrivée de l'entraîneur, en début d'année 2017. Problème : il n'a jamais été déposé à la Ligue, ce qui est une obligation conformément à la charte du football professionnel. Et ce dont la Direction nationale de contrôle de gestion (DNCG) pourrait se saisir pour sanctionner le club, ou ses représentants qui l'ont paraphé, en raison de la dissimulation de faits.
« Il y a bien deux contrats, nous a confirmé Me Carlo Brusa, conseil de Marcelo Bielsa, hier soir au téléphone. Le premier fait loi entre les parties.J'ai toujours dit que la rupture envisagée par le club avait seulement pour but de reculer l'échéance, dans un contexte financier difficile. Cette rupture n'était pas liée à un problème de comportement particulier (de son client, de nature, par exemple, à justifier une faute grave) mais à un problème financier tout court. C'est une extrême coïncidence que le club soit convoqué le même jour par la DNCG (mardi, voir par ailleurs). »
Un deuxième contrat liant le LOSC à Bielsa a bien été déposé à la LFP. Mais il est amputé d'un montant significatif de sa rémunération et, surtout, y est omis le fait que c'est lui qui rémunérait l'ensemble de ses adjoints, ce qui n'est pas autorisé en France mais est parfaitement détaillé dans le premier contrat préliminaire, « à hauteur des émoluments de M. Bielsa ». Contrat dont les représentants du LOSC, mardi, ont bien été obligés de reconnaître l'existence devant ceux de la LFP, même si ceux-ci n'en avaient jamais été informés. Hier, la LFP vérifiait la véracité desdits documents,
Autre élément essentiel du premier contrat : Bielsa dispose d'un « parachute doré » estimé entre 15 et 16 millions d'euros, chiffre qui nous a été confirmé. Ses salaires étaient versés en dollars et s'y ajoutaient des avantages en nature, dont une chambre dans un hôtel 5 étoiles.
Il est également stipulé dans le contrat qu'il disposait d'une « totale autonomie dans la gestion et les convocations » de son groupe de joueurs. Et qu'en cas de « rupture anticipée, quelle qu'en soit la nature, le montant de ses salaires restant dus doivent lui être versés ». Imparable sur le plan juridique. Par conséquent, « aucune faute grave ne peut lui être reprochée »,précise Me Carlo Brusa.
Autrement dit, le LOSC va devoir sortir son carnet de chèque. On comprend mieux l'intransigeance du gendarme financier de la Ligue 1 mardi. Et l'embarras des Dogues à l'égard de l'ancien sélectionneur du Chili. Pays dans lequel il ne s'est pas encore rendu, mais dont les dirigeants de la Fédération en ont fait publiquement l'un de leurs candidats au poste de sélectionneur. '
On atteint un niveau de stupidité record là quand même. Foutre une telle clause dans le contrat d'un entraîneur comme Bielsa, c'est du suicide. Du coup je vois encore moins d'où sort l'histoire des 7 millions en Novembre