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Diaby, l'incroyable pari
Depuis 2006, le milieu international a enchaîné les séjours à l'infirmerie à Arsenal. Persuadé qu'il est loin d'être fini, l'OM a décidé de croire en son come-back.
LA NOUVELLE VIE d'Abou Diaby, en fin de contrat à Arsenal, a peut-être définitivement basculé dans un hôtel de la capitale dans la nuit de lundi à mardi. Rentré de Marseille, où il avait visité les installations, rencontré le staff technique et passé des premiers tests médicaux concluants, le milieu de terrain s'est rendu à un rendez-vous avec des dirigeants de West Bromwich Albion. Jusqu'au dernier moment, ils ont tout tenté pour convaincre le milieu formé à Auxerre. Quitte à revoir leur proposition initiale à la hausse (salaire fixe et d'énormes primes au match joué, estimées à plus de 30 000 euros).
Liverpool, aussi, s'est immiscé dans le dossier avec un montage similaire au club de Birmingham, ce qui prouve, au passage, qu'en dépit de ses multiples pépins physiques, l'international français (16 sélections, 1 but) ne laisse pas indifférent. Mais Diaby avait déjà mûri sa décision. Agréablement surpris par l'OM et ses installations, il avait décidé de rejoindre Marseille, qui a annoncé un accord de principe hier soir. En fait, c'est d'abord par courtoisie que Diaby est allé annoncer son choix aux représentants de WBA.
WENGER : « C'EST LE REGRET DE MA CARRIÈRE À ARSENAL »
Près de dix ans après son départ d'Auxerre (en janvier 2006), Diaby s'apprête donc à revenir en Ligue 1. Et c'est un vrai pari pour lui comme pour l'OM, où un contrat de deux ans n'attend plus que sa signature. Il ne connaît plus grand-chose du Championnat français et sa capacité à rejouer au plus haut niveau fait débat.
« C'est un très bon choix pour Abou, juge avec tendresse son ancien coéquipier à l'AJA, le défenseur de Sunderland Younès Kaboul. L'OM, c'est un grand club. Il va lui falloir du temps pour se remettre dedans et d'une certaine façon il va aussi découvrir la Ligue 1. Mais c'est un homme qui a un mental hors norme. S'il n'avait pas été aussi forte, après tout ce qu'il a enduré, il aurait arrêté le football. » L'idée ne lui a jamais traversé l'esprit, selon ses proches ; déterminé à revenir à chaque fois, quitte parfois à mener la vie d'un apprenti – comme lorsqu'il s'était installé à l'INSEP pour suivre une préparation individuelle avec Renaud Longuèvre, entraîneur d'athlétisme. Récemment, Arsène Wenger a même asséné : « Diaby, c'est le regret de ma carrière à Arsenal. C'est un garçon qui a été sévèrement blessé, de façon inacceptable (fracture de la cheville après un tacle de Dan Smith, joueur de Sunderland, en mai 2006), et il en a payé le prix tout le reste de sa carrière. » Depuis, Diaby n'a cessé d'effectuer des allers-retours entre les terrains et l'infirmerie, même s'il a pu exprimer son potentiel entre 2008 et 2010 notamment. Une période qui date et, à Marseille, son état de santé a forcément été une interrogation pour les dirigeants. Mais les doutes ont été levés lors des échanges avec le docteur Christophe Baudot. Les premiers tests médicaux, passés lundi, ont été encourageants aussi, même si seule la compétition peut valider ces impressions. En attendant, Diaby devrait suivre une préparation individualisée et ne devrait pouvoir effectuer ses débuts avec le groupe que dans quelques semaines.
Malgré ce temps d'attente nécessaire, son arrivée pourrait renforcer un secteur de jeu déjà épaissi par la signature de son ami Lassana Diarra. Et Wenger de conclure : « C'est un joueur qui avait une destinée exceptionnelle. Il n'a pu le montrer que par périodes. Je pense que c'est une bonne expérience qu'il ait un nouveau départ. Il peut avoir encore trois, quatre ans de très haut niveau. »