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Sarr, le temps de l’éclosion
GROS PLAN Le Messin, joueur méconnu au parcours atypique, sera la cinquième recrue olympienne. Découverte
Son arrivée (probable) a surpris
plus d’un supporter olympien.
Vendredi soir, l’OM a officialisé
l’accord de principe trouvé avec le
FC Metz pour le transfert de Bouna
Sarr (entre 1,5 et 1,8 million d’euros
hors bonus), attendu demain à La
Commanderie pour passer sa visite
médicale, parapher son contrat et dé-
couvrir ses nouveaux coéquipiers.
Bouna Sarr? Les fidèles de l’OM se
souviennent seulement de ce garçon
rapide et technique qui avait rendu la
vie dure aux Olympiens, à l’occasion
de la 35e
journée de Ligue 1 (0-2). S’il
s’était illustré ce soir-là dans une formation
agonisante et promise à la descente
en Ligue 2, le milieu offensif
(23ans) n’avait fait que confirmer tout
le bien que pensaient déjà de lui le
staff et la direction du club marseillais.
Scrutant avec attention toutes les rencontres
du championnat de France,
Marcelo Bielsa et ses adjoints avaient
déjà décelé les qualités du joueur né à
Lyon.
La première prise de contactremonte
ainsi au mois d’avril entre le club et
l’entourage du joueur. Un deal est passé
: si l’OM se manifestait lors de ce
mercato, Bouna Sarr y donnerait sa
priorité. Et tout s’est précipité en dé-
but de semaine, quand Marcelo Bielsa,
depuis l’Argentine, a donné son feu
vert pour valider l’opération. Et ce, en
dépit des approches concrètes effectuées
en amont par Saint-Étienne,
Lille, Rennes et Lorient dès l’ouverture
du marché des transferts.
Dans le petit monde du foot, Bouna
Sarr jouit en effet d’une étonnante ré-
putation. "L’OM a réussi l’un des coups
de l’été", a même confié le responsable
des scouts de Liverpool, attentif à
l’éclosion des talents, à un agent très
présent sur le marché britannique,
hier matin.
Une remarque qui pourrait en surprendre
plus d’un. Mais qui laisse entrevoir
tout le potentiel du jeune homme,
enfin conscient des efforts qu’il
faut consentir, et répéter, au haut niveau.
"Il n’est qu’à 20% de son potentiel",
assure-t-on du côté de La Commanderie.
À près de 5 000 kilomètres
de Marseille, du côté de Dakar, un
homme en est aussi persuadé. Lui,
c’est Olivier Perrin. Hier matin, le dé-
sormais responsable de l’académie Gé-
nération Foot a reçu un message d’un
proche via Facebook: "Bravo pour ta
vision pour Bouna Sarr !". "C’est vrai
qu’à l’époque, je lui avais prédit qu’il
disputerait les coupes d’Europe", explique-t-il.
Olivier Perrin fait partie des
hommes qui ont compté dans le parcours
chaotique du joueur, recalé par
le centre de formation de Lyon à
14ans alors qu’il aurait pu intégrer la
promotion d’Alexandre Lacazette et
Clément Grenier. "Il a des qualités techniques,
une capacité d’accélération et
une vitesse de pied hors norme. Ce sont
pour ses raisons que je l’ai pris tout de
suite quand un ami, qui était agent,
l’avait envoyé à Metz pour effectuer un
essai. Il était tellement au-dessus..., dé-
taille celui qui fut son entraîneur chez
les U19 en Moselle. Mais il avait tendance
à se contenter de ses qualités et se
montrait ainsi très irrégulier et ce, mê-
me à l’intérieur d’un même match.
C’était aussi le cas à l’école, où il alternait
le meilleur et le mauvais. Il avait
régulièrement besoin que je lui mette
des coups de pied au derrière ! Ce n’était
pas simple car il pensait être à fond. Il
fallait qu’il accepte et comprenne. Mais
ça devait venir de lui." Un comportement
qui lui joua des tours, donc, dans
les rangs de l’OL. Et dont se souvient
aussi Philippe Vidon, qui fut son entraî-
neur en U17 Nationaux du côté de
Saint-Priest: "Il avait ce petit côté nonchalant
qui donnait l’impression qu’il
ne bossait pas. Mais on savait qu’il
était capable à luiseul de faire basculer
un match par sa capacité de percussion,
sa vitesse et ses qualités de dribble."
Le déclic, Bouna Sarr l’aura finalementlors
d’une épopée menée en coupe
Gambardella lors de sa première saison
à Metz (2009-2010), qui débouchera
sur une victoire finale faceàSochaux.
"Il voulait tellement être titulaire
dans cette équipe qu’il
s’est mis naturellement
à faire
les efforts, relate Olivier Perrin. Tout
d’un coup, il s’était trouvé un objectif et
a changé de comportement sans vraiment
s’en apercevoir". À Metz, Bouna
Sarr franchit alors les échelons etincorpore
l’équipe première, alors retombée
en National. "Ses 7/8 premiers matches
furent exceptionnels. Puis, il s’est
encore laissé aller", note Olivier Perrin.
Ce n’est que lors de la deuxième partie
de la saison dernière, alors que Metz
pique du nez en Ligue1, qu’il s’impose
enfin comme un titulaire dans le onze
d’Albert Cartier. Auteur de deux buts
et deux passes décisives - dont une
consécutive à un exploit personnel
au Parc des Princes trois
jours avant Metz-OM -, Bouna
Sarr confirme enfin son potentiel
au plus haut niveau. "Le
voir réussir chez les pros, ce
n’est pastotalement une surprise,
avoue Philippe Vidon, dé-
sormais retiré du milieu du
foot après avoir exercé au sein
du district du Rhône. Il était
déjà assez mûr et il avait la
chance d’avoir son papa
près de lui. C’est un homme qui a les
pieds sur terre et qui, à la différence de
b e a u c o u p tro p d e p a r e n t s ,
l’accompagnait sans le pousser. Ça lui
a évité de prendre la grosse tête ! Metz
fut une parfaite rampe de lancement."
"J’espère qu’il va continuer à mûrir
avec la pression marseillaise, conclut
pour sa part Olivier Perrin. On est très
fier de le voir partir pour l’OM. Ce sera
un révélateur pour lui maisil peut encore
franchir un cap supplémentaire, notamment
sur le plan mental."
Marcelo Bielsa et Vincent Labrune
en semblent persuadés. Demain, les
supporters découvriront Bouna Sarr.
Une recrue qui n’a sans
doute pas
La Provence