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GRONINGEN-OM; Karim Rekik, le coeur orange; Avant le match dans son pays, le défenseur nous a raconté ses Pays-Bas auxquels il est très attaché
Karim Rekik apparaît comme un guide naturel à l'heure où l'OM s'apprête à mettre le cap sur sa terre natale, les Pays-Bas, pour les trois coups de la Ligue Europa face au FC Groningen, demain soir (19 h). Groningen se situe bien plus au nord que La Haye, où il a vu le jour il y a bientôt vingt et un ans, loin du Feyenoord Rotterdam où il s'est éveillé au football et du PSV Eindhoven où il s'est aguerri. Lorsqu'il parle de son pays, le défenseur de l'OM, qui ne se départ jamais de son sourire, voit les souvenirs affluer. Hier, il nous a ouvert le livre de ses souvenirs, en toute simplicité.
Une enfance bercée par le football
"J'ai commencé le foot très jeune, à 4 ans, dans une petite équipe. Ensuite, je suis allé au Feyenoord où j'ai passé dix ans et où Manchester City m'a repéré. Mon enfance a été bonne. Ma famille n'avait pas beaucoup d'argent, juste ce qu'il fallait. Mes parents m'ont toujours donné ce dont j'avais besoin. J'ai passé toute ma jeunesse dehors, à jouer avec mes copains dans mon quartier à La Haye. On ne jouait qu'au foot ! Rien d'autre ! Parfois, on allait à la plage (car il y a la plage à La Haye) et on regardait les feux d'artifice. Après on rentrait chez nous, tard (sourire)."
La famille, son repère
"Mon père est né à Sfax, en Tunisie, où il jouait au foot. Mais il s'est blessé au genou. Là-bas, la vie est différente. Il m'a raconté des histoires qu'il a vécues quand il était petit. Pour sa mère, l'école était la priorité pour devenir, par exemple, docteur. Ses parents ne l'ont pas vraiment poussé vers le foot. 'Non, ce n'est pas bon, tu as besoin de temps pour étudier', lui disaient-ils. Plus tard, il est allé aux Pays-Bas où il a rencontré ma mère. J'ai une grande famille, surtout en Tunisie. Mon père a six frères et une soeur. Et j'ai plein de cousins !
"En revanche, je n'ai qu'un frère, plus jeune, Omar. Il n'a que 13 ans, mais il est "facile", n'est pas timide et n'a aucune difficulté à se faire des amis. Il ne parle pas français mais il essaie. Et il discute avec tout le monde ! Il joue avec l'OM, en jeunes. Je suis allé le voir jouer récemment. Il est défenseur central comme moi, mais peut aussi évoluer milieu droit. J'essaie d'être le meilleur exemple possible pour lui.
"Il vit ici, avec mes parents. On a deux appartements : mes parents et mon frère dans un, ma petite amie et moi dans l'autre. On se voit tous les jours. Ils m'avaient déjà suivi à Manchester. Je pense que quand je serai plus âgé, ce sera différent (sourire). Mais la famille est vraiment importante pour moi. Mes parents adorent la vie ici ! Mon père est tunisien, donc, il parle français, sa deuxième langue, avec beaucoup de Maghrébins."
Fier de sa double culture
"C'est très important pour moi. Je suis né aux Pays-Bas, mais je me sens aussi Tunisien. C'est du 50-50. Je regarde toujours les matches de l'équipe nationale tunisienne. Cet été, avec l'OM, on est allé jouer un match amical à Sousse. Quatre semaines plus tôt, j'y étais en vacances. Il fallait y aller après l'attentat sur la plage (*). J'essaie d'y aller tous les étés. Quand j'étais jeune, avec mes parents, on y allait tous les ans en avion."
Feyenoord Rotterdam comme Marseille
"Quand j'ai signé à Feyenoord, j'étais petit et c'était comme un rêve, j'étais très heureux car c'est l'un des plus grands clubs des Pays-Bas. Feyenoord, c'est un peu comme Marseille. Marseille est une grande ville avec beaucoup d'habitants, mais comme à Rotterdam, il y a aussi un port, beaucoup de bateaux. Les gens travaillent dur, ont une mentalité de labeur. C'est ce que j'ai appris. Et qu'il faut uniquement gagner. On te pousse tout le temps pour travailler dur et vers la victoire. Partir à 16 ans n'a pas été une décision facile. Mais je pense avoir pris la bonne décision. J'ai appris des choses différentes en Angleterre, à Manchester City. J'avais besoin d'apprendre plus et plus rapidement. Comme je suis parti avec ma famille, les choses n'ont pas été difficiles."
Un seul Modèle, paolo maldini
"Je n'ai pas vraiment de modèle néerlandais. Mon seul modèle est Paolo Maldini. C'est le meilleur défenseur. Il était gaucher comme moi et on joue au même poste. J'étais très jeune quand il jouait, j'ai vu ses matches plus tard sur Youtube."
de Rotterdam à Eindhoven...
"Comme je jouais à Feyenoord, je supportais ce club. Après j'ai joué pour le PSV et j'étais derrière lui. À Eindhoven, j'ai été très bien accueilli, j'y ai passé du bon temps. C'était comme une famille. J'aime ce club aussi. Il n'y a pas vraiment de grandes différences entre eux, même si le PSV est plus familial. En tout cas, la pression est la même. Comme à l'Ajax, on doit être champion !"
l'équipe nationale, déjà une vieille habitude
"Jouer pour mon pays représente beaucoup de choses. C'est un grand honneur de porter ce maillot et je veux tout gagner. La première convocation, c'était chez les U15. Parfois, j'ai été surclassé. Avant les U15, j'étais retenu dans l'équipe du District de l'ouest du pays. On avait remporté le tournoi face aux autres régions. Et maintenant, je suis capitaine des espoirs néerlandais. En plus, je retrouve des partenaires avec qui j'ai joué quand j'avais 9 ans, Jean-Paul Boëtius (aujourd'hui à Bâle) ou Nathan Aké (prêté à Watford par Chelsea). À chaque fois, c'est bon de les revoir."
À la découverte de Groningen
"Ce n'est pas vraiment un club historique. Je ne connais pas grand-chose de lui, je l'ai juste affronté avec le PSV, lors des deux dernières saisons. On avait gagné deux fois, perdu une fois et fait un match nul. Le stade est sympa. Ce n'est pas une mauvaise équipe, mais si on joue comme contre Bastia (4-1), on doit gagner. C'est une équipe qui pratique un bon football. De toute façon, aux Pays-Bas, les équipes n'envoient pas des longs ballons en l'air. On ne devrait pas rencontrer de problème, mais si jamais on pense que la partie sera facile, eh bien le match deviendra difficile. On doit être concentré et jouer à 100 %. Groningen a beaucoup de bons jeunes. Ils sont talentueux. Ils deviendront peut-être des top joueurs. Je pense que certains de mes amis viendront voir le match."
(*) Le 26 juin dernier, 38 vacanciers étrangers ont été abattus par un étudiant tunisien, attentat revendiqué par l'État islamique.