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Ocampos, le sergent de Garcia
Moins technique que ses concurrents, l’Argentin a bataillé pour gagner sa place de titulaire face au PSG, demain. Il est peut-être celui qui symbolise le mieux la philosophie de son coach. BAPTISTE CHAUMIER
Il y a Dimitri Payet, la recrue la plus chère de l’histoire du club (29 M€), que Rudi Garcia avait connu à Lille et qu'il a promu capitaine de l’OM. Il y a Adil Rami, rapatrié de Séville, coaché lui aussi par Garcia au LOSC, apprécié pour ses qualités physiques comme pour son leadership dans le vestiaire. Il y a enfin Kevin Strootman, découvert par le technicien français à Rome et recruté fin août 2018 (25 M€). Tous ces cadres, intimement liés à l'entraîneur de l'OM dans le passé, ont perdu leur place ces dernières semaines. Et il y a Lucas Ocampos. Lui, Rudi Garcia ne l’a pas choisi au départ, mais il a décidé de le garder, sûr de ce qu’il a décelé chez ce joueur (24 ans). De retour d’une année passée en prêt en Serie A, entre le Genoa et l’AC Milan, l’Argentin était en concurrence avec Rémy Cabella à l'été 2017. Garcia a préféré conserver le premier et sa décision a surpris les observateurs, c’est un euphémisme.
Depuis, l’attaquant est promis au banc de touche à chaque début de saison, et il finit toujours par gagner sa place dans le onze de départ. Il est devenu indéboulonnable sur le côté gauche par son goût de l’effort, sa capacité à répéter les courses et à équilibrer l’équipe. Dimitri Payet est un spectateur privilégié, lui qui a vu arriver Ocampos en février 2015 : « Lucas a cette grinta depuis le début, remarque le Réunionnais. C’est un garçon qui tire l’équipe vers le haut. Il n’a cessé de travailler, de progresser, il mérite ce qui lui arrive. »
Ce qui ne l’empêche pas de provoquer une forme d’agacement, parfois. Il a souvent irrité ses coéquipiers, la saison passée, à l’entraînement comme en plein match, quand leurs gestes sans équivoque fustigeaient ses choix hasardeux, sa vilaine manie de foncer tête baissée ou ses passes mal assurées. Il n’a pas foncièrement changé son style de jeu, toujours indéfinissable, mais il s’est rendu indispensable aux yeux du staff.
Pragmatique, Rudi Garcia a changé de système à plusieurs reprises en un an et demi, passant du 4-3-3 au 4-2-3-1 jusqu’au 3-4-3 ou, désormais, au 4-4-2. Peu importe le schéma, il veut, en revanche, toujours le même ingrédient, cet état d’esprit conquérant, et Ocampos est celui qui le symbolise le mieux.
Rami le surnomme « l’animal » pour ses qualités athlétiques et son goût du combat
Aujourd’hui, en interne, certains estiment sans rire que le nom de l’Argentin est souvent couché en premier sur le paperboard où l’équipe de départ est divulguée avant chaque rencontre. Alors qu’il existe certaines incertitudes dans le onze titulaire face au Paris-SG, demain, il devrait bien encore tenir sa place au poste de milieu gauche. Ocampos et les autres ? C’est peut-être exagéré, mais il apporte des solutions concrètes, parfait contrepoids de Florian Thauvin et partenaire idéal pour un latéral, comme Hiroki Sakai face à Youcef Atal, contre Nice (1-0) dimanche dernier.
Les défenseurs adverses le redoutent et ses propres équipiers n’aiment pas le marquer, à l’image d’Adil Rami, qui le surnomme affectueusement « l’animal » pour ses qualités athlétiques autant que pour son goût du combat permanent. S’il n’a pas le sens du jeu de Payet ou l’efficacité de Mario Balotelli et Thauvin, Ocampos pèse pourtant sur les matches, et il n’est pas étranger au renouveau de l’OM ces dernières semaines. Auteur du but de la victoire à Dijon (2-1, le 8 février), il a provoqué un penalty contre Saint-Étienne (2-0, le 3 mars) et signé une passe décisive pour Balotelli face à Nice.
L’Argentin se plaît à l’OM et à Marseille, cela se sent. Il n’est pas rare de l’apercevoir en ville, dans les environs du Stade Vélodrome, en semaine, et il a d’ailleurs ses habitudes dans un restaurant cossu du VIIIe arrondissement prisé des joueurs après les matches. Mais il ne faut pas se tromper : il n’est pas venu ici pour ce genre de douceur, le soleil ou la mer. Avec son tempérament de battant, il espère bien renouer avec les promesses de ses débuts, lui l’ancien élève de River Plate. Avec une idée en tête : retrouver enfin la Ligue des champions, cette compétition qu’il a découverte avec Monaco (saison 2014-2015) et qui le faisait rêver de l’autre côté de l’Atlantique.