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Barrada touche l'héritage
Après une première saison quasiment blanche à l'OM, l'international marocain aura à assumer la succession de Dimitri Payet au poste de meneur de jeu. Ce ne sera pas simple.
ON EN PARLE un peu moins que les autres, c'est normal, le garçon est discret. Abdelaziz Barrada a d'ailleurs poussé la discrétion jusqu'à disparaître totalement lors de la phase retour la saison dernière. Ce n'est pas vraiment de la faute du milieu offensif si les choses ont mal tourné jusqu'ici pour lui. À Marseille, dans le rôle de meneur de jeu, Dimitri Payet a rapidement éclipsé toute concurrence, même s'il n'était pas très rassuré au début par le joueur venu d'Al-Jazira contre 4,5 millions d'euros. « Contrairement à moi, c'est un vrai numéro 10, explique le nouveau joueur de West Ham, pas avare de compliments pour son ex-concurrent. Il ‘‘pue'' le football. Il voit le jeu avant tout le monde et il a une bonne qualité de passe. Il manque peut-être un peu de vitesse, mais c'est le propre des vrais 10. Après, les blessures ont fait que sa saison n'a pas été facile. »
Devancé par Payet, l'international marocain (26 ans), qui avait consenti à baisser son salaire pour venir à Marseille, n'a eu que quelques bouts de match pour se mettre en évidence, parfois sur le côté droit, ce qui ne correspond pas vraiment à ses qualités. « Milieu offensif axial, c'est sa position naturelle, assure Luis Garcia Plaza, qui, après l'avoir fait monter de l'équipe réserve, a dirigé Barrada à Getafe (Espagne) pendant deux saisons (2011-2013). Il a cette capacité de changer de rythme ou de casser les lignes. En plus, c'est un joueur résistant qui est capable de maintenir un rythme élevé pendant tout un match. »
LA CONCURRENCE DE THAUVIN À ÉLOIGNER
C'est au coeur de sa meilleure période, lors de sa troisième titularisation de la saison en Ligue 1, à Lorient (1-1, le 2 décembre 2014) que ses adducteurs l'ont lâché. Il n'a pas rejoué un seul match ensuite jusqu'à cette préparation estivale. Victime d'une pubalgie, Barrada, après plusieurs semaines d'hésitation, s'est résolu à l'opération. « J'ai vécu une saison noire, a confié le joueur dans ces colonnes fin juillet. Je l'efface de ma tête complètement. Je repars sur de nouvelles bases. J'ai même changé de numéro (le 19 à la place du 27). »
Joueur tout neuf, le Marocain, qui devrait jouer d'entrée contre Caen, est très attendu cette saison, où il devra donc faire oublier Payet, le meilleur passeur de la Ligue 1 lors du dernier exercice. Moins explosif sur le terrain, plus timide dans la vie, le joueur a-t-il les épaules pour assumer ce rôle ? La folie qui peut parfois s'emparer des supporters marseillais ne correspond pas vraiment, en tout cas, à son tempérament réservé. « C'est un mec cool, tranquille et plutôt discret, note Payet. On ne l'entend pas beaucoup. » Contre la Juventus le week-end dernier (2-0), Barrada a livré un match très propre, agrémenté d'un but, ce qui va soigner sa cote de popularité. Ce n'est pas mauvais non plus pour son moral ni pour éloigner la concurrence de Florian Thauvin, qui rêve d'évoluer à son poste, ou celle de Bouna Sarr. Mais Marcelo Bielsa, qui l'a vu évoluer en Liga quand il entraînait Bilbao, l'adore. « El Loco » en personne avait insisté pour que l'OM le recrute aux Émirats arabes unis. Et quand le coach argentin a lancé, jeudi, que « Dimitri Payet n'a pas été remplacé » lors de ce mercato, il fallait comprendre numériquement. Car, en attendant du renfort, il semble bien vouloir faire de Barrada le dépositaire du jeu marseillais. « S'il a l'opportunité de jouer, il doit en profiter, espère son ancien entraîneur à Getafe. C'est le bon moment pour lui de montrer qu'il peut franchir un palier en étant un joueur important dans un grand club. Je crois qu'il en est capable. » Ce sera un des grands enjeux de la saison de l'OM.