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Lemina a bien grandi; Révélé à l'OM, le milieu de terrain a vu beaucoup de pays, depuis son départ, avant d'atterrir à Nice cet été
La rencontre de dimanche entre le Gym et l'OM ne sera pas spéciale uniquement pour le Marseillais Christophe Galtier ou les ex-Niçois Jordan Amavi et William Saliba. Mario Lemina, nouveau visage du club azuréen, va retrouver l'Olympique, six ans après son départ. Acheté pour quelque 5,5 millions d'euros par Nice, le Gabonais a déjà fait bonne impression, en étant excellent lors de la victoire 0-4 à Lille. Il devrait donc être une nouvelle fois titulaire face à l'équipe de Jorge Sampaoli. Et il a déjà prévenu, lors de sa conférence de presse de présentation, qu'il n'avait plus grand-chose à voir avec l'insouciant joueur qui officiait à l'OM entre 2013 et 2015 : "Je ne suis plus le jeune Mario un peu fougueux et pas toujours concentré que vous avez pu voir à Marseille". Pas toujours concentré et surtout très impatient selon son premier entraîneur en Provence, Élie Baup : "Ce n'est pas une mauvaise chose et il n'y avait rien à dire sur son comportement.
Mais il ne comprenait pas et ne supportait pas de ne pas jouer."
À 20 ans et toute fraîche recrue du FC Lorient d'où il débarque le dernier jour du mercato d'été 2013 pour 4M€, Lemina était alors un peu tendre face à une concurrence dense (Benoît Cheyrou, Alaixys Romao et Giannelli Imbula), bien que faisant partie des étendards du désormais passé à la postérité projet Dortmund de Vincent Labrune, avec Florian Thauvin, Benjamin Mendy, Imbula et Brice Samba. Il jouera plus sous les ordres de José Anigo et Marcelo Bielsa, sans jamais vraiment s'imposer. "Il était vraiment excellent, il faisait partie des chouchous de Bielsa, se remémore Abdelaziz Barrada, qui a évolué avec le Gabonais lors du mandat d'El Loco. Comme l'entraîneur était très exigeant, il ne pouvait pas tout se permettre sur le terrain. Mais parfois il donnait l'impression de jouer avec ses amis. Pour moi, c'est ce qui faisait sa force, avec ses qualités physiques naturelles. Je n'avais d'ailleurs pas été étonné par son départ en Italie." Ces atouts, sa technique et sa polyvalence lui permettront de jouer 50 matches avec l'OM, avant de s'envoler à 22 ans pour la Juventus (prêt d'un an, puis achat à 10M€), où il entre dans la rotation, remporte deux Scudetti et dispute 12 minutes en finale de Ligue des champions contre le Real Madrid.
"Il est parti un peu tôt à Turin, si j'avais été son agent je lui aurais conseillé de rester à Marseille un ou deux ans de plus, estime Daniel Cousin, qui connaît bien Mario Lemina pour l'avoir convaincu de porter les couleurs du Gabon et avoir été son sélectionneur. Il manquait de maturité à ce moment-là, pour un club comme ça."
Difficile de contredire l'ancien buteur de l'US Michelis, Martigues, Lens ou des Glasgow Rangers : le natif de Libreville a, en effet, connu sept clubs à seulement 27 ans. Après Lorient, Marseille et la Juve, il a en effet été transféré à Southampton (17M€) puis prêté à Galatasaray et Fulham, avant de rejoindre Nice. "Il a été bon à son arrivée en Angleterre, avant de se blesser, puis il a été très bon en Turquie. Mais il aurait eu besoin de plus de stabilité pour avoir une meilleure progression", détaille Cousin. "Toutes ces expériences m'ont fait prendre en maturité et m'ont permis d'apprendre beaucoup de langues. Je reviens en France avec un bagage assez important", relativisait Lemina le mois dernier, tandis que Julien Fournier, directeur du football et ancien dirigeant de l'OM insistait : "Je l'ai vu évoluer. Il a changé de dimension."
Le milieu de terrain, souvent blessé, est toutefois à un tournant : pourra-t-il enfin s'imposer sur la durée dans un club ? Barrada "pense qu'il a fait le bon choix, il va montrer son talent et son expérience dans une région qu'il apprécie, avec moins de pression qu'au Vélodrome." Daniel Cousin estime, lui, que son ancien poulain "a une chance énorme de tomber sur Christophe Galtier, il a toutes les qualités pour enfin devenir un joueur confirmé, ce qu'il n'est pas encore.""À l'OM, Imbula semblait en avance, mais Lemina fait finalement une meilleure carrière", conclut Élie Baup, preuve que le Gabonais n'a pas perdu tant de temps que ça en route, depuis le début du projet Dortmund.
La Provence