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Thauvin
très pressé
S’il n’a joué que quelques minutes en Coupe du monde, l’attaquant veut vite retrouver son rang avec l'OM. Il l’a montré face à Toulouse. DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL PERMANENT
MATHIEU GRÉGOIRE MARSEILLE – Avec un enthousiasme adolescent, il s’est extirpé du banc vendredi, où il fut si longtemps cantonné pendant la Coupe du monde, pour aller rejoindre le quatrième arbitre sur le bord de la touche. Il a attendu la délivrance pendant de longs instants, puis a remplacé Dimitri Payet, ovationné (83e). Lui aussi chaudement accueilli par le Vélodrome, Florian Thauvin a couru, raté, puis marqué un but opportuniste après une intervention désastreuse du défenseur toulousain Amian (90e + 2). Sa quinzième réalisation sur l’année 2018, dans un style de plus en plus caractéristique : en renard de surface, comme ce fameux neuf qui fait tant fantasmer à Marseille, avec le bon placement et l’énergie adéquate.
« Je savais que j'allais marquer. J'avais dit au début du match que je pensais pouvoir le faire, je pensais que c'était un bon jour », a-t-il glissé au micro de Canal + après la victoire (4-0). Accompagné d’un préparateur physique sur la fin de ses vacances, ce qui n’a pas vraiment dérogé à ses principes de travail pendant le reste de la saison, il a demandé à Rudi Garcia de l’incorporer au groupe. « J’en étais ravi », confie l’entraîneur.
On peut le comprendre aisément : il a sous la main un champion du monde pétri de qualités, mais un champion du monde insatisfait. « C'est de la bonne frustration car on repart avec la Coupe du monde mais j'avais envie de jouer en tant que compétiteur », confiait ainsi Thauvin après la rencontre face à Toulouse.
Il espère une nouvelle revalorisation
Entre deux poses glamour avec sa compagne Charlotte Pirroni, le joueur (25 ans) a surveillé les réseaux sociaux pendant ses vacances, et taclé les plaisantins l’y assimilant à un accompagnateur en Russie. Brisant un peu l’image fort lisse qu’il s’est dessinée depuis deux ans et qui ne correspond pas forcément à sa personnalité bien affirmée en coulisses. Sparring-partner avec les Bleus, il est déterminé à rejouer les premiers rôles avec l’OM, et dès ce mois d’août.
Sa cote n’ayant pas évolué pendant le Mondial, le club marseillais n’a reçu aucune véritable proposition pour son attaquant de vingt-cinq ans. Le marché anglais, qui a des fulgurances comme l’OM l’a constaté sur le dossier Anguissa, possède aussi de la mémoire, et l’expérience ratée à Newcastle (août 2015-janvier 2016) n’a pas encore été gommée. Doublé par Barcelone sur le sujet Malcom, l’AS Rome le suit de près, d’autant que Cyril Rool, qui l’accompagne désormais dans sa carrière avec l’agent Jean-Pierre Bernès, a placé récemment un jeune joueur du RC Lens dans le club italien, le prometteur Francilien William Bianda.
Au début de ses congés post-Russie, Rool a passé quelques jours avec son poulain en Corse, du côté de Calvi, et ils ont notamment goûté les spécialités riches en calories du restaurant « A Piazzetta ». Bernès préfère une cuisine plus raffinée, celle des négociations réussies. Avant la Coupe du monde, il a rencontré le président Eyraud à deux reprises pour prendre la température. Thauvin ne s’en cache pas auprès de ses proches : après sa dernière saison tonitruante (22 réalisations, 11 passes décisives en L 1), il souhaite une revalorisation salariale conséquente. Après celle obtenue l’été dernier, le joueur, sous contrat jusqu’en juin 2021, possède aujourd’hui la troisième rémunération de l’effectif (près de 420 000 euros brut par mois) après Payet et Luiz Gustavo.
L'Equipe