Information
Comment Benjamin Mendy s'adapte à sa nouvelle vie à Lorient
Passé la surprise de son recrutement par le FC Lorient, le mois dernier, Benjamin Mendy poursuit sa remise à niveau dans un cadre apaisé, prudemment géré par son nouveau club.
Dans l'hôtel où il réside provisoirement, Benjamin Mendy a probablement croisé l'ambassadeur d'Irlande, pays mis à l'honneur, cette année, au Festival interceltique de Lorient (4-13 août). Le matin, on peut voir le champion du monde 2018 avaler son petit-déjeuner en toute quiétude dans cet établissement 4 étoiles où le FCL, son nouveau club, a ses habitudes. L'atmosphère est paisible au bord de l'étang du Ter, près d'un sentier qui appelle au jogging, et le latéral est à moins de dix minutes, en voiture, du centre d'entraînement des Merlus, où il poursuit sa préparation physique depuis son arrivée surprise dans le club morbihannais, le 19 juillet, où il a signé pour deux ans, cinq jours après le verdict de son second procès.
Acquitté partiellement par un jury d'assises de plusieurs chefs d'accusation d'infractions sexuelles (dont six viols) à l'issue d'un premier procès, en janvier, l'ex-défenseur de Manchester City a été déclaré non coupable des deux dernières charges - un viol et une tentative de viol- qui pesaient encore à son encontre, lorsqu'il a été rejugé, au début de l'été, à la Crown Court de Chester, en Angleterre. À sa sortie définitive du tribunal, Mendy, de confession musulmane, n'avait eu qu'un rapide commentaire - « Al Hamdoulillah (« Dieu soit loué »), avant de lever un doigt vers le ciel- après deux ans de procédure publique, durant lesquels il a passé plus de quatre mois en détention provisoire, entre la fin août 2021 et début janvier 2022. « Une épreuve propice à l'introspection et à la spiritualité », estime un proche.
Communication sous contrôle
Pour le défenseur de 29 ans, le temps de la communication publique n'est pas encore venu, ni autorisé, pour évoquer cette épreuve judiciaire, son rebond au FCL et les objectifs qu'il se fixe. Contacté, le président du club, Loïc Féry, se contente de dire qu'il s'agit d'un « choix sportif » qu'il a « évidemment approuvé » ; une décision dans laquelle l'actionnaire minoritaire, Bill Foley (le milliardaire américain détient 40 % des parts du FCL), n'aurait pas été impliqué. Évoquer la réathlétisation du latéral gauche avec le préparateur physique de l'effectif, Pierre Bazin ? « Ça ne va pas être possible », nous a répondu l'attaché de presse du club. Également sollicité, Meïssa N'Diaye, l'agent du joueur - et de l'entraîneur lorientais, Régis Le Bris- n'a pas souhaité s'exprimer.
Le 21 juillet, Le Bris avait déclaré, en conférence de presse, qu'il faudrait au moins « six à huit semaines pour bien poser les fondations » d'un retour optimal du joueur, qui ne participe pas encore aux séances collectives. L'objectif du staff est de le préparer intégralement pour la saison, sans prendre de risques inutiles, en parallèle de la « mécanique d'intégration », selon l'expression de Le Bris, dans l'effectif. Alors que le programme spécifique dont bénéficie Mendy a débuté il y a près de trois semaines, avec les responsables de la performance, « les choses avancent plutôt bien, il est prématuré de se projeter mais il n'y a pas eu de mauvaises surprises », explique un observateur avisé.
Discussions juridiques
Malgré ses ennuis et la contrainte de son contrôle judiciaire, Mendy s'était entretenu en Angleterre, en travaillant avec un préparateur physique, habitué à collaborer de façon individualisée avec des joueurs de haut niveau, et un coach individuel pour les fondamentaux techniques. Il a également participé à des petites oppositions, à 5 contre 5, notamment avec d'anciens pros locaux. Et puis il y a le fameux entraînement invisible, pour un joueur qui a souvent été blessé et dont l'hygiène de vie contestée a fait dérailler sa carrière et sa vie personnelle, avec les conséquences que l'on connaît. « Il a fait le constat de ce qu'il pouvait se permettre et ne plus se permettre, reprend-on dans son entourage. On peut penser que ce vécu devrait permettre la responsabilisation. »
Si ses deux procès sont derrière lui, après son acquittement intégral, d'autres discussions juridiques se profilent et ont même débuté, selon nos informations : celles qui concernent les répercussions financières de la suspension du défenseur par son ancien employeur, Manchester City, dès que son arrestation avait été rendue publique, le 26 août 2021. Le contrat de Mendy avec City a pris fin le 30 juin dernier, pendant son second procès, mais la problématique est sur la table : à voir, désormais, dans quelles conditions il pourrait récupérer tout ou partie, rétroactivement, des émoluments gelés pendant sa délicate parenthèse judiciaire. Les réflexions sur ce sujet, dans le camp du latéral, seront affinées d'ici la fin du mois. En prenant soin de ne pas crisper, dans le même temps, les acteurs du dossier côté anglais.
Attraction et débat
Vendredi après-midi, une quinzaine de spectateurs étaient présents pour suivre l'entraînement ouvert des Merlus, avant leur dernier match de pré-saison perdu (0-2) samedi à Bournemouth (le FC Lorient affrontera le PSG, samedi soir au Parc des Princes, pour la reprise de la Ligue 1). De son côté, Benjamin Mendy a poursuivi sa préparation en salle et a quitté le centre peu à 20 heures, dans les derniers, dans la foulée de Régis Le Bris. Les craintes initiales concernant des réactions de rejet à son encontre, de la part du public, semblent retombées. Lors de la victoire lorientaise (3-1) en amical, à Vannes, le 2 août, face à Nantes, le défenseur, qui avait fait le déplacement, fut l'attraction de l'avant-match et a participé à de nombreux selfies.
Mais le débat à son sujet n'est pas clos, à l'image de celui qui anime Morgan (49 ans) et ses deux filles, Leita (19 ans) et Rhiannon (15 ans), présentes à l'entraînement de vendredi. « Dans ma posture de maman, je n'aimerais pas qu'il soit le joueur préféré de ma benjamine, reconnaît Morgan, malgré le verdict de non-culpabilité du joueur prononcé en Angleterre. On sait combien il est difficile pour une femme de faire la démarche d'une plainte pour viol. C'est pour ça que ce verdict si catégorique me laisse perplexe. Après, j'étais sciée quand j'ai appris sa signature, je ne m'y attendais pas du tout. Je me disais que le FCL n'aimait pas faire de vagues. » Quant à Bastien (23 ans), il juge ce recrutement « pertinent ». « Le temps qu'il se relance, il va apporter son expérience aux jeunes, pense-t-il. Et Lorient est un bon club, pas très exposé et familial ; un cadre dans lequel il va être bien suivi, avec moins de pression. De toute façon, il faudra être patient. »