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OUSMANE DABO, l’ancien milieu international français, parle de l’Anglais Joey Barton, recruté par l’OM
et qui l’avait agressé, en 2007, lors d’un entraînement avec Manchester City.
L’arrivée à l’OM de Joey Barton, prêté par le club anglais des Queens Park Rangers, vendredi, ne laisse pas Ousmane Dabo insensible. Sollicité par L’Équipe dès la signature du bad boy anglais, l’ancien milieu international français (35 ans, 3 sélections) avait d’abord refusé de s’exprimer. Il a changé d’avis en lisant l’interview de son ancien coéquipier, publiée samedi dans nos colonnes. Barton (30 ans) affirmait n’éprouver aucun regret après la violente agression qu’il avait fait subir au Français, le 1er mai 2007, lors d’une séance d’entraînement de Manchester City, et pour laquelle il avait écopé de quatre mois de prison avec sursis (*) : « Je connais la vérité, il connaît la vérité. Dabo, pour moi, c’est de sa faute. (…) Je suis un homme, c’est un homme. Il me frappe, je réponds. » Retraité depuis l’été dernier, Dabo, passé notamment par la Lazio Rome (2003-2006 et 2008-2010), a souhaité rétablir la vérité, hier midi, par téléphone. « Oui, la vérité. Pas la mienne. Il y a eu un procès. Barton a été condamné. »
« POURQUOI SOUHAITEZ-VOUS reparler de ce qu’il s’est produit il y a cinq ans ?
– Parce que Joey Barton ment sur ce qu’il s’est passé sur ce terrain d’entraînement de Manchester City. C’est hallucinant. Ça me choque.
– C’est-à-dire ?
– Il y a eu un procès au civil, il a plaidé coupable, et il a pris quatre mois de prison avec sursis. Quand il parle, il nie, il dit que je suis l’initiateur. C’est faux. Tous les équipiers qui étaient présents lors de l’agression ont témoigné en ma faveur lors du procès.
– Pouvez-vous nous rappeler les faits ?
– Ce n’est pas une petite embrouille entre joueurs, comme il en arrive souvent. Il m’a taclé, j’ai répondu à son tacle par un autre tacle. On s’est relevés, on s’est retrouvés tête contre tête. Je n’avais aucune intention de me battre. Je n’étais pas dans cet état d’esprit. On était tête contre tête, je l’ai poussé, je ne l’ai jamais frappé. Je me suis retourné, et là, c’est lui qui m’a frappé à la tempe. J’ai perdu connaissance et quand je me suis retrouvé à terre, il s’est jeté sur moi et a continué à me frapper au visage, une dizaine de fois. Il dit qu’il est un homme, un bad boy, mais c’est un lâche. Je ne veux pas rétablir ma vérité, mais la vérité. Encore une fois, il y a eu un procès. Quand il dit qu’il connaît la vérité et que je connais la vérité, ça me scandalise…
« Il ne faut pas se tromper
sur Barton, il est en train
de soigner
sa communication »
– On vous sent déterminé.
– Oui, car il ne faut pas se tromper sur Barton, il est en train de soigner sa communication. Ce n’est pas la première fois qu’il agit ainsi. Quand il met un coup de genou à Agüero (lors de la dernière journée de Premier League, la saison dernière), il le fait encore par-derrière. Je n’appelle pas ça un homme. C’est un vicieux, un traître. J’ai parfois l’impression qu’on est en train de lui dérouler un magnifique tapis rouge. Il a pris douze matches pour ce qu’il a fait à Agüero. Je parle pour rappeler aux gens que Joey Barton est un joueur très violent, loin de l’image qu’il essaie de donner depuis son arrivée à Marseille. Et ça me fatigue de devoir reparler de cette histoire cinq ans après.
– Il vient de rejoindre la Ligue 1. Il est normal, quand même, de l’interviewer.
– Oui, c’est normal, je suis d’accord, mais il y a des limites. Tout le monde fait des reportages sur lui et lui donne la parole. On a condamné Ménez, Nasri, M’vila pour peu de choses et, là, je trouve les médias français très indulgents avec quelqu’un qui a commis beaucoup de choses horribles, dont la dernière date seulement du mois de mai ! Personne ne voulait de lui en Angleterre, qui est pourtant son pays, c’est qu’il y a bien une raison. »
GUILLAUME DUFY
(*) Il a également été sanctionné de six matches de suspension et de 30 000 euros d’amende.