RENCONTRE L’Espagnol est revenu affûté et prêt à reprendre du service sans tarder.
Il raconte ses mois de galère...
Dès le premier regard, on retrouve l’oeil
brillant, jovial, déterminé. Pourtant, avec un
an de plus, le visage poupon de Cesar Azpilicueta
s’est effacé derrière une certaine sagesse.
Le temps oeuvre, impose ses épreuves, ses joies
et ses peines, ses contrariétés, ses rires et ses larmes.
Il forme les hommes, les teste, les endurcit et installe
sur leurs traits les rides de l’expérience, que
l’on capte au gré des inspirations, des réflexions.
Cesar n’est plus un gamin. Son opération l’a
transformé, l’a fait mûrir. "Les trois premiers mois,
ceux passés en Espagne, n’ont pas toujours été heureux.
Certains matins, tu te réveilles avec un état
d’esprit totalement à l’opposé de celui de la veille. Tu
te dis que cela ne va pas assez vite. Tu te retrouves
dans un fauteuil, la jambe immobilisée.
"Ces six mois m’ont permis d’apprécier la vie
autrement, de voir les choses sur lesquelles on ne s’attarde
pas quand on est accaparé par les entraînements
et la compétition."
Cette période l’a aidé à avancer, à jeter les bases
d’un retour progressif vers la compétition: "Le plus
important a été le respect des procédures fixées par
le staff médical, explique Cesar, très soucieux des
protocoles postopératoires. J’ai eu une chance :
mon genou a toujours bien réagi à tous les exercices."
Depuis son retour au sein du groupe, Azpi prend
la pause pour raconter son existence : "Six mois
d’inactivité poussent à s’adapter sur le plan mental.
On apprend à vivre différemment, sans y être préparé.
Mentalement, on absorbe l’exigence d’un travail
auquel on n’est pas préparé, moins physique, mais
plus volontaire."
Quand il entrevoit le bout du tunnel, avec les premières
clartés du printemps, les bonnes nouvelles
s’enchaînent, comme une accumulation de récompenses.
Son retour à la compétition au stade Vélodrome,
l’annonce de sa participation au championnat
d’Europe espoirs qui le conduit vers un nouveau sacre
: "Le sélectionneur espagnol a dévoilé sa liste le
lendemain des trois minutes que j’ai disputées
contre Valenciennes. Nous avions eu une discussion
quelques jours auparavant. Il a été très franc avec
moi. Il voulait connaître mon état d’esprit. Il m’a
dit : "J’ai confiance en toi, si tu me dis que tu es
prêt, tu viens avec nous. Tu as disputé les dix matches
de qualification, tu es le capitaine." Ce n’était
pas une décision facile pour lui, car après six mois
d’inactivité d’autres joueurs sont restés à la maison."
Cette marque de confiance l’a profondément touché:
"Moralement, cela m’a fait un bien fou. Dès le
premier jour du rassemblement, j’ai tout donné.
J’étais tellement heureux d’y être que je voulais à
tout prix être prêt si un équipier se blessait ou était
suspendu."
Azpi croquait tant dans son retour qu’il aurait enchaîné
le championnat d’Europe et la reprise avec
l’OM.
Deschamps l’a ramené à la raison : "Je me suis tellement
investi pour revenir qu’il m’a conseillé de
m’aérer la tête. Il m’a imposé de prendre trois semaines
pour respirer, accorder du temps à ma copine,
retrouver ma famille. De penser à autre chose qu’au
football."
Malgré ces sages conseils, les vacances ont été
studieuses : "Tous les jours, j’étais sur internet pour
prendre des nouvelles de l’équipe, savoir où en était
la préparation. Je ne suis pas encore en mesure
d’oublier le football. Je me suis entraîné, j’ai suivi
une préparation pour être intégré directement au
groupe dès mon arrivée. Je suis affûté et pas loin
d’être à 100%physiquement. Dans quelques jours, il
y a le Trophée des champions…"
Il le dit avec une pointe d’espoir, conscient aussi
que son statut a évolué.
Pourtant… "Le Trophée des champions a
été mon premier match officiel avec l’OM,
mon premier titre aussi sous ce maillot."
Ces prochains jours, il devra convaincre,
composer avec Rod Fanni, recruté début décembre
2010 pour compenser sa longue absence:
"J’ai beaucoup de respect pour lui, explique
Cesar. On ne peut pas dire qu’on ne
veut pas jouer pour faire plaisir à l’autre.
On sait une chose : tout au long de la saison,
nous jouerons tous les deux.
Autant le faire pour l’intérêt collectif.
"Aujourd’hui, je ne suis ni titulaire,
ni remplaçant, je suis
simplement un joueur de
l’OM qui doit convaincre
son entraîneur de lui
accorder de nouveau
sa confiance."
Une nouvelle page
se tourne.
Dès aujourd’hui,
i l convient de
compter, de
nouveau, avec
Azpi…
La Provence