Information
Jean-Philippe Sabo, à pile ou face
À 24ans, le défenseur sait l’importance de la préparation pour son avenir au club. Il rêve d’un futur en blanc
En regardant Jean-Philippe Sabo
dans les yeux, on ne sait plus vraiment
si, en face de soi, se trouve
le joueur encore amateur appelé à la
rescousse un soir de coupe de la Ligue
à Auxerre, ou un joueur professionnel
dont on attend toujours l’éclosion.
Le temps a passé avec ce sentiment
que le gamin formé au centre n’a pas
vraiment eu sa chance. Il en convient
parfaitement, rappelant que son
temps de jeu en Ligue 1 est insignifiant
: "Le temps écoulé a contribué à
forger mon caractère, confie le latéral
gauche. Je me sens plus fort. On ne
m’accordera peut-être jamais cette
chance, mais je ne peux pas m’empêcher
de positiver."
Le jour de la reprise, il a eu un entretien
avec Didier Deschamps. Celui-ci
lui a affirmé qu’il serait le second sur la
liste au poste d’arrière gauche. "Il m’a
dit qu’il savait comment je travaillais
au quotidien. Pendant un an, il a eu le
temps de se faire une opinion. Il m’a assuré
que je ne vivrai pas la même saison.
Didier Deschamps m’a aussi affirmé
qu’on ferait le point au retour du
stage pour savoir ce qui serait le mieux
pour moi et pour le groupe."
P e n d a n t t o u t l e s t a g e à
Port-du-Crouesty, Sabo a passé son
temps à évoluer ailier gauche, lors de
toutes les oppositions programmées à
la fin de chaque après-midi. Il a été positionné
à ce poste encore vendredi à
Vannes, lors de la mi-temps qu’il a passée
sur le terrain, la première. Deschamps
avait besoin d’observer Fomen.
Sabo a-t-il un avenir à l’OM? Avec
humilité, il l’espère : "Si je suis professionnel,
c’est qu’à un moment donné,
des gens, des dirigeants, des techniciens
m’ont trouvé des qualités. Non, je n’ai
pas tapé trop haut en choisissant
l’OM." La saison écoulée a été une torture.
Pour ceux qui l’entourent au quotidien.
Pour lui aussi tant il a rongé son
frein lors de quelques rencontres en Division
d’honneur avec la réserve, où il
ne se rendait pas "avec le sourire".
"Je ne montrais pasmadéception, explique-
t-il, mais j’y allais, car j’avais véritablement
besoin de jouer. Ce sont
des matches délicats à gérer. On est
confronté à des choses pas trop tolérées
dans le football ; alors on s’adapte."
Lereste du temps, on le retrouvait les
soirs de Ligue1 sur le banc de l’équipe
première. D’où il a observé ses équipiers,
sans bénéficier de la moindre minute
de jeu : "Sincèrement, je ne m’attendais
pas à vivre cette situation, même
si devant moi, il y avait Heinze et
Taiwo. Je l’ai pris avec ironie. Tout
autre comportement n’aurait rien
changé."
Jean-Philippe Sabo raconte alors les
moments de doute, ceux où les questions
ont plus de poids que l’espoir :
"Je me suis souvent interrogé sur mes
capacités, en essayant de trouver une explication
valable et savoir pourquoi
j’en étais arrivé là. De l’extérieur,
quand on regarde tes statistiques et que
tu ne joues pas, les gens pensent que tu
t’assois sur le banc pour encaisser les
primes de match. C’est vexant surtout
quand tu aimes ce sport et que ta seule
préoccupation est de te retrouver sur le
terrain. C’est difficile à vivre, car vu de
l’extérieur, peu comprennent que ces
soirées ne sont pas faciles à vivre.
"Au début des vacances, je me suis posé
une multitude de questions. Et puis,
je ne voulais pas les planter, en me prenant
la tête inutilement. J’ai pu m’aérer
l’esprit à partir du moment où j’ai
quitté la ville pendant plusieurs jours."
Le natif de Gouvieux (Oise) a tourné
la page en se projetant vers un avenir
immédiat. Il a repris le boulot avec des
idées bien arrêtées sur la suite de sa
carrière : "À 24 ans, je ne suis plus là
pour essentiellement apprendre, mais
pour jouer. Il y a Jérémy Morel devant
moi, mais je compte me montrer, avoir
enfin du temps de jeu."
La préparation sera peut-être le
tremplin pour s’installer plus officiellement
encore dans le groupe: "Les matches
amicaux ne décident de rien. La
saison dernière, je me suis bien débrouillé,
ce n’est pas pour cela que j’ai
disputé la moindre minute en compétition
officielle."
À un an de la fin de son contrat, il tire
un peu à pile ou face. "On ne prête
pas un joueur dans cette configuration-
là." Pile, il reste ; face il part. La
pièce est en l’air...
La Provence